Document :
Pérenchies et son passé numéro 49
Mariage de Monique et Roger
DUTRIEZ en 1956 en l’église Saint-Léger de Pérenchies.
Document
SPMC numéro 4 521
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Commentaire :
« Nous sommes en 1956 dans
l’église Saint-Léger de Pérenchies. Monique et Roger DUTRIEZ se marient.
Le prêtre est l’abbé
Albert-Jules DESRUQUES qui sera curé de notre paroisse de 1955 à 1969.
D’autres prêtres sont installés
dans les stalles qui existent toujours dans le chœur de l’église mais déplacées
de nos jours.
Les enfants de Chœur ne sont pas
en tenue habituelle ! Ont-ils mis leur tenue du Patronage afin de rendre
honneur à Roger DUTRIEZ qui était animateur bénévole depuis de nombreuses
années ? Certainement.
On aperçoit d’ailleurs, près de
la porte de la sacristie, le drapeau du mouvement des Cœurs Vaillants posé
contre le mur. Il porte la devise : « A Cœur Vaillant, rien
d’impossible ! »
Le curé est en grande tenue.
Roger DUTRIEZ est né à
Pérenchies en 1926. Il est aujourd’hui décédé. Ce fut une personnalité de notre
ville.
En 2005, il nous avait raconté
sa vie.
Dans un précédent article, on
avait évoqué » les années 50 et 60.
Ce jour, c’est son enfance et
son adolescence qui vous sont racontées »
Philippe
JOURDAN (27 avril 2020)
SOUVENIRS DE JEUNESSE DE ROGER
DUTRIEZ (avril 2005)
« Je suis né à Pérenchies le soir du 23 novembre
1926 au numéro 92 rue de la Mairie (devenue la rue Henri Bouchery). Mes parents
mariés deux ans plus tôt avaient repris le commerce de chaussures situé dans
cette habitation provisoire construite après la grande guerre. C’était une baraque (construction
provisoire en bois), il y en avait encore beaucoup à Pérenchies à cette époque,
la commune était détruite à plus de 80 %. J’y ai vécu jusqu’en mars 1931. Mes
parents ont acheté un terrain et construit une maison au numéro 7 de la même rue.
Comme tout le monde, je ne me souviens pas des premières années de ma vie. Un fait
m’a marqué. Je devais avoir environ 4 ans. Mon voisin Monsieur MARQUILLIE était
garde champêtre à Pérenchies. Un jour il est parti à l’hôpital pour être amputé
d’une jambe après avoir été mordu par un ivrogne en gare de Pérenchies. Je me
rappelle avoir vu mon père aider à
l’installer dans une voiture automobile (rare à l’époque)
Mes premières années à l’école libre de la rue
Gambetta se passèrent avec Madame Louise
pour les petits et Madame Denise pour les grands (5 et 6 ans). Ces dames
étaient des religieuses, mais n’avaient pas le droit d’être habillées en sœur
depuis la loi de 1905. Elles ont été
autorisées par le gouvernement de Pétain, pendant la guerre de
1939/1945. J’ai peu de souvenirs de ces années.
En octobre 1932, j’entre à l’école primaire Jules
Ferry, rue de la Mairie. Comme tous les enfants de l’époque, je porte la blouse
grise. Je me souviens que les classes
étaient éclairées au gaz comme la maison où j’habitais (celle du 92).
L’électricité est arrivée dans les années 1930.
Il y avait 7 classes à l’école et une salle de cinéma.
Le samedi après-midi, il y avait une séance de cinéma. On y passait des
documentaires et pour terminer un film de Charlot.
Ma scolarité s’est passée sans gros problèmes. J’étais
un élève moyen. J’ai obtenu mon certificat d’études primaires en 1938. J’étais
dans ma douzième année et comme l’école était obligatoire jusque 14 ans, j’ai
fait deux ans de cours supérieur avec Monsieur DELABY qui était aussi le
directeur de l’école. Très jeune, j’ai été enfant de chœur. Je devais avoir 8
ans quand le vicaire de l’époque, Monsieur l’Abbé LEFEBVRE est venu à la maison
demander si je voulais être enfant de chœur. Mes parents m’ont demandé mon
avis. J’ai répondu : oui, mais pas pour servir les enterrements, car j’ai
peur des morts. Monsieur le Vicaire m’a rassuré, alors j’ai accepté.
Nous étions 6 enfants de chœur. Nous servions les deux
messes du matin à 6H30 et à 7 Heures.
Toutes les 6 semaines, je faisais le dimanche une messe
le matin puis la grand’messe et les vêpres l’après-midi. Nous servions aussi
les enterrements et les mariages et, pour cela, nous avions l’autorisation de
quitter l’école ce qui était parfois gênant pour certains cours.
Deux fois par semaine, durant deux ans, nous allions
aussi au catéchisme le matin à 7H15 car l’école commençait à 8h30. Nous
préparions donc la communion solennelle, aujourd’hui profession de foi, que
nous faisions dans notre onzième année.
La même année, nous recevions le sacrement de
confirmation en l’église de Quesnoy Sur Deûle. Ces cérémonies étaient préparées
par une retraite qui débutait le mercredi soir et les trois jours suivants.
Les garçons étaient habillés en costume et portaient
un brassard blanc au bras gauche.
Les filles portaient une robe blanche et un voile.
Chaque enfant pavait un cierge plus ou moins gros. Le mien pesait trois kilos.
J’en avais « plein les bottes » car il fallait aussi se munir de son
missel qui était lui aussi très gros. Le dimanche de la communion, on allait à
la messe de 7 Heures puis on communiait à la grande messe de 10 h 30. A 15
Heures, il y avait les vêpres.
La grande joie de l’équipe des enfants de chœur
était : « la tournée des enfants de chœur » de la semaine
sainte. Le jeudi saint, on allait dans toutes les maisons de la paroisse où on
nous donnait de tout : de l’argent, de la confiserie et surtout des œufs, car
il y avait encore des fermes à Pérenchies.
La semaine sainte était très chargée en office
religieux. Il y avait la messe très tôt le matin puis les messes et
célébrations qui avaient lieu à 6 Heures et, le soir, une célébration pour préparer la fête de Pâques. Tous les
enfants de chœur devaient être présents.
Les prêtres que j’ai connus et qui ont marqué mon
enfance et ma jeunesse sont d’abord les vicaires qui se sont succédés :
L’abbé LEFEBVRE
Je l’ai peu connu car il a quitté la paroisse en 1934.
Je l’ai retrouvé dans ses vieux jours à
Marquette où il était curé. Il a passé
ses derniers jours au foyer logement « Nouvelle étape. » Il était
heureux de me revoir et moi aussi.
L’abbé SURMONT
Il est arrivé en 1934. C’est avec lui que j’ai suivi
mes années de catéchisme et fait ma communion solennelle. Il voyait en moi un
futur prêtre.
L’abbé Jean
LEDEIN
Il a été nommé vicaire à son ordination sacerdotale en
1938. Il est celui qui a marqué le plus ma vie d’adolescent.
C’était un prêtre qui savait accrocher les jeunes qui
étaient nombreux à l’église et dans les mouvements d’action catholique à
Pérenchies. Avec sa population ouvrière, c’est la J.O.C. qui attirait les
jeunes qui, à l’époque, commençaient leur vie professionnelle à 14 ans.
Les jeunes qui participaient aux cercles d’études et
aux réunions étaient nombreux. La mixité n’existait pas. Il y avait donc la
J.O.C. pour les garçons et la J.O.C.F pour les filles. Ils avaient quand même des occasions de rencontres
et nombreux furent les mariages entre
les membres de ces mouvements qui ont d’ailleurs fait d’excellents couples avec
de nombreux enfants.
L’abbé LEDEIN a été
mobilisé en 1939 et fait prisonnier. Il est revenu en 1942. Pendant ce temps,
la paroisse a bénéficié des services d’un missionnaire diocésain.
Il s’agissait de
prêtres qui prêchaient les missions qui se déroulaient dans les
paroisses tous les quatre ans. Le Père
LEBACQ est resté à Pérenchies tout ce temps, ce qui nous a permis d’avoir
pendant ces années, des sermons dignes d’une cathédrale car c’était un sacré
prédicateur.
L’abbé LEDEIN a aussi fait beaucoup pour les enfants
du patronage qui dépendait de la paroisse. Tous les mercredis, pendant les
vacances scolaires, des centaines de garçons participaient aux activités
organisées pour eux.
C’était l’époque des « cœurs vaillants »,
mouvement d’action catholique pour les jeunes garçons.
L’Abbé LEDEIN a quitté Pérenchies en 1945 pour
Saint-Maclou à Haubourdin.
L’Abbé Raymond
DEROO
Il est venu à Pérenchies mais pour très peu de temps.
L’Abbé Alain
LESAFFRE
Il a succédé à l’abbé DEROO en 1946 dès son ordination
en juillet.
C’était un ancien scout de France. Il a aussi fait
beaucoup pour les jeunes. Il y avait toujours autant de garçons au patro. Il a
développé les colonies de vacances.
Qui ne se souvient pas des « colos » du Mont
des Cats ? Jean POUPART nous en a
parlé beaucoup.
Avant la guerre de 1939/1945, elles accueillaient 24
garçons de 8 à 14 ans qui séjournaient dans un bâtiment situé en haut du Mont
des Cats. Les règlements d’hygiène et de sécurité étaient beaucoup plus souples
à ce moment-là. Il y avait deux dortoirs de 12 enfants plus les dirigeants, un
réfectoire entre les deux dortoirs et un bâtiment qui servait de direction et
d’économat. La cuisine était faite par une dame, Sidonie, qui habitait à cinquante mètres de la colonie
et qui était aidée par une ou deux dames de Pérenchies.
Les colons épluchaient les légumes, faisaient la
vaisselle et le nettoyage des locaux. Le directeur était un prêtre qui n’était
pas de la paroisse, souvent un professeur. Tous les matins, nous avions la
messe dans la petite chapelle des loques, appelée comme cela parce que l’on y
déposait des morceaux de vêtements qui appartenaient aux malades dont on
demandait la guérison. Cette chapelle
existe toujours. Par contre le bâtiment de la colonie est remplacé par la
grande antenne de la télévision. Le Mont des Cats était un lieu idéal pour
organiser des grands jeux dans les bois et les prairies.
La journée se terminait par la prière au calvaire,
toujours présent en haut du Mont, avec le chant que beaucoup encore ont en
mémoire : « Avant de fermer les paupières, tous ensemble nous te
prions. Seigneur pendant la nuit entière, daigne veiller sur tes colons ».
C’est certainement un moment qui a marqué profondément
tous ceux qui ont eu la chance de participer aux « colos » du Mont
des Cats et beaucoup d’anciens ont en mémoire ces moments passés au cours de
leur jeunesse.
La législation qui encadrait ces séjours étant devenue
plus exigeante, il a fallu chercher un autre lieu pour accueillir la colonie.
Elle est d’abord partie à DESVRES, dans l’école Saint-Nicolas en 1947, puis à
MOULLE à l’école Sainte-Marie. Les locaux étant plus vastes, on accueillait
davantage de jeunes.
L’abbé LESAFFRE a quitté la paroisse en 1950.
L’Abbé Léon
BATAILLE
Il a remplacé l’abbé LESAFFRE. Contrairement aux
vicaires précédents, c’était un prêtre qui était déjà vicaire en paroisse et il
venait de Lille-Esquermes, je crois. C’était un prêtre « bricoleur ».
Il aimait travailler dans les locaux paroissiaux, particulièrement le cinéma
paroissial. Il maniait le marteau et la scie. Il réparait et mettait en
peinture. C’était un prêtre exigeant pour tous ceux qui travaillaient avec lui.
Il n’est resté que deux ans. Il quittera brusquement la paroisse en 1952.
L’abbé LEPERS
L’abbé DENECKER, était alors notre curé. Il s’est
débrouillé pour faire venir un prêtre tourquennois, l’Abbé LEPERS. Il était sans
poste à l’époque ayant dû se soigner. C’était un prêtre formidable pour les
enfants. Il se donnait tout entier : patronage, colonie, enfants de chœur,
catéchisme. Pendant quelque temps nous avions deux vicaires, l’Abbé LEPERS
étant là surtout pour les enfants. Il a quitté Pérenchies en 1955.
L’Abbé Paul MENARD
L’abbé MENARD est donc nommé vers 1955. C’est lui qui
était vicaire quand je me suis marié en
1956. Il était aussi très dévoué pour les jeunes et les enfants qui étaient
toujours très nombreux au patronage.
Parmi les œuvres qui ont marqué mon enfance et ma
jeunesse, je dois parler de la Croisade Eucharistique. C’était un mouvement
d’action catholique pour les enfants. Dans la paroisse, les religieuses de l’école Ste Marie s’en occupaient. Nous étions 25 à 30 garçons
à participer aux réunions qui avaient lieu à l’école de la rue Gambetta, le
dimanche matin. Sœur Elisabeth, une religieuse qui a séjourné longtemps à
l’école, fut la fondatrice de ce mouvement à Pérenchies. J’en conserve des
souvenirs inoubliables. Le nombre de jeunes garçons qui participait allant
croissant, une deuxième équipe a été
créée et j’étais l’animateur.
J’avais alors 16 ans. Ce mouvement avait pour but d’inciter les enfants à la
prière quotidienne, d’assister à la messe le plus souvent possible et de communier
régulièrement. Nous devions aussi faire des sacrifices, se priver de
friandises, offrir des prières pour les pêcheurs… C’était un mouvement
eucharistique. Maintenant cette œuvre existe toujours et s’intitule :
Mouvement eucharistique des jeunes (M.E.J.).
En ce qui concerne la paroisse, je me dois de parler
d’un curé qui m’a beaucoup marqué. Il s’agit de l’Abbé Jules DENECKER. Arrivé à
Pérenchies en octobre 1937, je venais de faire ma communion solennelle et
j’étais enfant de chœur. C’était un prêtre imposant par sa stature, exigeant et
autoritaire. Mais avec un grand cœur et très sensible sous son abord rigide.
Il fut curé de la paroisse jusqu’en 1956, année de mon
mariage.
Il m’a toujours fait confiance et m’a encouragé, et
soutenu dans tout ce que je faisais dans le cadre paroissial. Il m’a dit un
jour cette phrase que je n’ai jamais oubliée : « Mon cher Roger, la
paroisse a de la chance de t’avoir. Les prêtres passent, toi, tu restes… et
d’ajouter : que de bien tu fais, que de mal tu évites. »
En
1956, une nouvelle période de ma vie commençait. J’épousais Monique… »
En cette
période de confinement que notre pays n’a jamais connue depuis des décennies en
dehors des guerres, nous avons pensé que notre association pouvait vous
présenter chaque jour un document extrait de notre fond documentaire composé de
plus de 8 000 photos.
Quand
l’occasion se présentera, un petit commentaire suivra la photographie. La page
sera publiée chaque jour à partir de 10H.
N’hésitez
pas à nous transmettre vos propres commentaires ou informations sur le sujet
présenté. Cela permettra de compléter nos connaissances sur Pérenchies et son
passé.
Philippe
JOURDAN, Président de « Si Pérenchies m’était contée … » 20 mars 2020
Correction
et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur
du Blog
Sur la photo du mariage de Roger, notre ancien maire, le prêtre a droite c'est l'abbé MENARD
RépondreSupprimerMerci à l'association pour cet article sur la jeunesse de notre père (Martine) et beau-père (Pierre-Yves).
RépondreSupprimerConcernant son mariage avec Monique, nous voudrions apporter ce complément d'information, à partir d'archives personnelles en notre possession : du fait de ses engagements, beaucoup de prêtres ont connu Roger (cet article le montre parfaitement), et ils étaient nombreux pour accompagner les nouveaux époux lors de la célébration religieuse. Voici un extrait de l'article de journal (lequel ?) relatant ce mariage : "La messe fut célébrée par M. l'abbé Desruques, curé, accompagné à l'autel de MM. les abbés Ménard, vicaire et Crespin, aumônier diacre et sous-diacre et de huit enfants de cœur du patro "Cœurs Vaillants" [...] nous avons noté la présence dans les stalles de M. le chanoine Froidure, inspecteur de l'enseignement libre, MM. les abbés Ledein, Dupont, Catteau, curés de Notre-Dame de Consolation à Lille, de Prémesques et Verlinghem ; Deroo, missionnaire diocésain ; Fayolle, vicaire à Wattrelos".
Concernant la photo du mariage, nous sommes quasiment certains que le prêtre à gauche dans les stalles est l'abbé Ledein (que le père de Pierre-Yves a également très bien connu à la J.O.C.), mais que le prêtre sur la droite n'est sans doute pas l'abbé Ménard, car celui-ci "accompagnait" (comme il est dit dans l'article de journal) à l'autel l'abbé Desruques ; sur d'autres photos de la célébration de mariage de Roger et Monique, nous pouvons effectivement voir l'abbé Ménard, vêtu des habits liturgiques, aux côtés de l'abbé Desruques.
À partir des noms cités ci-dessus, quelqu'un pourra peut-être identifier le prêtre sur la gauche de l'abbé Ledein ?