vendredi 1 mai 2020

Connaissez-vous Pérenchies et son passé ? Les géants et le Baudet d’Estaires.


 Document : Pérenchies et son passé numéro 38


Les géants pérenchinois, M. et Mme TARTAPRONES, et leur parrain le Baudet d’Estaires.
Rue Edouard Agache (à gauche des deux cafés actuels). Non daté. Années 30 ?
Sur le char, se trouvent les responsables de l’association des commerçants de la rue Edouard AGACHE
 dont M. VALEMBOIS. Document SPMC numéro 457


Commentaire :
« En 1983, j’ai eu l’occasion de rencontrer M. Albert VALEMBOIS qui nous offrit le drapeau des archers. Il me raconta de nombreux souvenirs que je vous présente ci-dessous :
                                    
Afin de donner à Pérenchies un essor commercial, dont le besoin se faisait sentir, quelques commerçants constituent en 1936 l’Union des Commerçants de la rue Edouard Agache.
En effet, la publicité commençait à faire loi un peu partout. Cette union des commerçants a mis sur pied la braderie, la première de Pérenchies, réservée à l’époque exclusivement aux commerçants et particuliers de la ville.
Elle eut son franc succès puisqu’on y trouvait des vide-greniers et un peu de tout. Cette braderie eut une renommée qui plut tout de suite. Le commerce en profita tellement que l’Union des Commerçants décida de la reconduire. En 1938, elle s’agrandit avec des commerçants extérieurs à la commune. On avait installé des micros un peu partout et on pouvait y chanter.
La Braderie donna aussi naissance aux Tartaprônes. Il faut rappeler cette vieille histoire qui se serait déroulée en gare de Pérenchies. Deux dames, deux Lilloises, les Fauquembergue étaient venues par le chemin de fer visiter leurs amis. Cela se passait avant 1914. Elles reprenaient le train lorsqu’elles s’aperçurent qu’elles avaient oublié des tartes à prônes, le dessert de Pérenchies, sur le banc de la salle d’attente. Elles s’écrièrent alors « Nos tartes à prônes ! Nos tartes à prônes ! ». Le train n’étant pas encore entièrement démarré, on leur apporta leurs tartes. Le nom est resté. Pérenchies, Tarte à Prônes.
Comme on voulait donner essor à cette histoire, on a créé les deux géants Monsieur et Madame Tartaprônes, un couple de pâtissiers.
C’est ma mère qui m’a raconté cette histoire. On faisait déjà la tarte aux prunes à Pérenchies. Les Fauquembergue venaient au château Agache où les tartes avaient été faites. C’étaient des tartes à gros bords, une conception de Pérenchies. Il y avait des pruniers à Pérenchies, la grosse prune bleue noire. On y trouvait aussi sa ruelle à prunes. Il y a encore ces grosses prunes à Pérenchies et à Lompret. On a décidé de créer ces deux géants qui représenteraient notre ville. Comme la braderie donnait lieu à une évolution commerciale, on a demandé aux pâtissiers de la ville et même à certains boulangers de nous faire des petites tartelettes qu’on a mises comme cela dans tous les cafés et qu’on vendait au profit de l’Union des Commerçants
Après avoir vu le Baudet d’Estaires, on a eu l’idée de la conception des géants. On était allé voir un défilé à Estaires (le Festival d’Estaires). On y avait vu des grosses têtes et cela nous avait donné l’idée de faire des têtes comme ça pour Monsieur et Madame Tartaprônes. Les corps furent faits en osier par Monsieur Verschaeve dans les Bas. Monsieur Tixier qui était menuisier nous a fabriqué des bras articulés et à l’intérieur deux appareils comme on portait autrefois les seaux d’eau.
Les vêtements avaient été faits de tissu offert par les Ets Agache. C’est Madame Pasbecq qui nous avait confectionné les costumes. Les têtes provenaient d’une impasse à Lille
(NDLR : Rue des débris de Saint Etienne, il y avait un petit magasin de farces et attrapes).
Monsieur Louis Guilbert les a remis en état.
Les géants sortaient avec les trompettes et dansaient. Ils sortaient à l’occasion de la braderie ou de la ducasse de Pâques. Ils ont aussi participé à des cortèges humoristiques à l’extérieur (Estaires, Lille, Tournai, …).
Durant la guerre, on les a camouflés. L’osier a été mangé par les vers et s’est détérioré. Monsieur Verschaeve a réparé les morceaux détériorés.

Les géants allaient aussi dans le quartier des Bas de Pérenchies à l’occasion de la ducasse.
Après plusieurs décès chez les commerçants, les géants ne sortaient plus. Ils se sont détériorés. Comme on n’avait plus de local valable pour les recevoir, c’est la mairie qui les a pris. Pendant un moment, je les ai mis dans le garage de Monsieur Desrumaux entre la maison Plasman, le marchand de fromages et Monsieur Delobeau C’est là, qu’ils se sont détériorés. Les têtes se sont démêlées et la mairie a récupéré les corps, a loué des têtes et a  créé des petits chariots pour les traîner.
La plus grande fête de l’Union des Commerçants était la braderie. On a créé la Ducasse de Pâques et différentes fêtes, courses cyclistes, tiercés à cochons…

L’union avait aussi une participation importante dans le Bureau d’Aide Sociale. Pour le 14 juillet, on avait conçu une retraite aux flambeaux avec feu d’artifice la première année. La retraite était tombée à l’eau et on l’a reprise à notre compte. Les flambeaux étaient en cuivre, on allumait dedans et on les transportait comme ça. C’était comme les processions. Nous, on avait des lampions ainsi que des torches.
Sous la Municipalité de Monsieur Vanhonacker (NDLR : vers 1945/47), Monsieur Léonard Dewilde a relancé (NDLR : ou lancé) la Société des Bigophones. Celle-ci défilait dans la rue Agache mais n’était pas sous la tutelle de l’Union. Elle comprenait des « turlututus » (NDLR : Petit tube dans lequel on soufflait. L’air, en traversant un papier, donnait un petit son). Il y avait aussi quelques instruments de musique, comme une grosse caisse. Cela faisait un beau groupe. Ils étaient costumés en Pierrot. La société a fonctionné pendant quelques années.
Dans l’impasse, en face de l’usine, il y avait le café de ma mère. C’était aussi le siège de la société des archers. La maison faisait relais. Les camions entraient par cette impasse. Il y avait des écuries et des gloriettes pour y mettre des chevaux. Le café, c’est aujourd’hui le café du textile et le tabac. A l’époque, c’était une seule et unique maison.
Au-dessus de chez nous, il y avait un jeu d’archers couvert. On tirait en longueur sur une cible. Ce lieu passait au-dessus des écuries.
Dans le fond de la cour, il y avait un jeu d’archers non couvert jusque derrière le café Vanhée. Ce tir était toujours en longueur, tout horizontal. Tous les 5 ou 6 mètres, il y avait des protections avec de la paille.
 Le banquet de la société qui avait lieu à l’étage dans la grande salle rassemblait 70 personnes. C’était une société importante. Ils participaient à des concours en partant avec des chariots. J’avais alors 6 ans. Je me souviens, j’y montais avec mon père (Je suis né en 1905). C’était vers 1910. Les concours se faisaient vers Ennetières, Santes ou Haubourdin…La société avait un joueur de tambour avec eux : Alphonse Barbez. Il y avait aussi un drapeau. La société qui recevait allait au-devant des sociétés invitées. Les deux tambours se répondaient et les sociétés défilaient avec leurs arcs et leurs flèches. Avant le concours, on sortait alors le drapeau.
Comme le siège de la société était à la maison, le drapeau s’y trouvait aussi. Mes parents avaient participé à la création de celui-ci. Lors de la guerre 14/18, ma mère en a pris grand soin, d’abord à Pérenchies puis à Mons en Baroeul vers 1916. Elle l’a caché avec toute une série de plats en étain. A l’époque, les banquets se faisaient avec de la vaisselle en étain. Cette vaisselle fut cachée dans des tonneaux de pluie avec des légumes au-dessus. Le drapeau fut caché près du camion. A Mons en Baroeul, chez un parent, elle cacha la vaisselle dans de grandes marmites en cuivre qui furent enterrées. Le drapeau prit place dans les combles du grenier. Un officier allemand est venu questionner ma mère sur dénonciation de femmes légères qui habitaient en face. Des Allemands sont venus fouiller la maison et sonder le jardin avec de grandes tiges qui traversèrent les marmites en cuivre sans que les Allemands s’en rendent compte. Le drapeau avait été planqué dans une ouverture derrière la porte qui fut rebouchée.
Avec le drapeau, il y avait un collier, une chaîne d’argent avec un oiseau et une médaille. C’est le Valet de la société qui le portait. Ensuite, ce fut le porte-drapeau. Il était l’Officier de la Société ». 


Philippe JOURDAN (16 avril 2020)


En cette période de confinement que notre pays n’a jamais connue depuis des décennies en dehors des guerres, nous avons pensé que notre association pouvait vous présenter chaque jour un document extrait de notre fond documentaire composé de plus de 8 000 photos.
Quand l’occasion se présentera, un petit commentaire suivra la photographie. La page sera publiée chaque jour à partir de 10H.
N’hésitez pas à nous transmettre vos propres commentaires ou informations sur le sujet présenté. Cela permettra de compléter nos connaissances sur Pérenchies et son passé. Philippe JOURDAN, Président de « Si Pérenchies m’était contée … »  20 mars 2020

Correction et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog

2 commentaires:

  1. Gérard et Chantal OSTENDE2 mai 2020 à 08:24

    sur la photo avec Albert Valembois
    il y a en tablier blanc Albert Desrumaux, boucher dans la rue

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  2. Gérard et Chantal Ostende4 mai 2020 à 20:43

    La photo avec le baudet d'Estaires date des années 50 car j'ai reconnu Gilbert Willay de 1932 âge de mon père qui apparemment avait 25 ans environ.
    Encore merci

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