Document :
Pérenchies et son passé numéro 38
Commentaire :
« En
1983, j’ai eu l’occasion de rencontrer M. Albert VALEMBOIS qui nous offrit le
drapeau des archers. Il me raconta de nombreux souvenirs que je vous présente
ci-dessous :
Afin de donner à
Pérenchies un essor commercial, dont le besoin se faisait sentir, quelques
commerçants constituent en 1936 l’Union des Commerçants de la rue Edouard
Agache.
En effet, la
publicité commençait à faire loi un peu partout. Cette union des commerçants a
mis sur pied la braderie, la première de Pérenchies, réservée à l’époque
exclusivement aux commerçants et particuliers de la ville.
Elle eut son
franc succès puisqu’on y trouvait des vide-greniers et un peu de tout. Cette
braderie eut une renommée qui plut tout de suite. Le commerce en profita
tellement que l’Union des Commerçants décida de la reconduire. En 1938, elle
s’agrandit avec des commerçants extérieurs à la commune. On avait installé des
micros un peu partout et on pouvait y chanter.
La Braderie donna
aussi naissance aux Tartaprônes. Il faut rappeler cette vieille histoire qui se
serait déroulée en gare de Pérenchies. Deux dames, deux Lilloises, les
Fauquembergue étaient venues par le chemin de fer visiter leurs amis. Cela se
passait avant 1914. Elles reprenaient le train lorsqu’elles s’aperçurent
qu’elles avaient oublié des tartes à prônes, le dessert de Pérenchies, sur le
banc de la salle d’attente. Elles s’écrièrent alors « Nos tartes à
prônes ! Nos tartes à prônes ! ». Le train n’étant pas encore
entièrement démarré, on leur apporta leurs tartes. Le nom est resté. Pérenchies,
Tarte à Prônes.
Comme on voulait
donner essor à cette histoire, on a créé les deux géants Monsieur et Madame
Tartaprônes, un couple de pâtissiers.
C’est ma mère qui
m’a raconté cette histoire. On faisait déjà la tarte aux prunes à Pérenchies.
Les Fauquembergue venaient au château Agache où les tartes avaient été faites.
C’étaient des tartes à gros bords, une conception de Pérenchies. Il y avait des
pruniers à Pérenchies, la grosse prune bleue noire. On y trouvait aussi sa
ruelle à prunes. Il y a encore ces grosses prunes à Pérenchies et à Lompret. On
a décidé de créer ces deux géants qui représenteraient notre ville. Comme la
braderie donnait lieu à une évolution commerciale, on a demandé aux pâtissiers
de la ville et même à certains boulangers de nous faire des petites tartelettes
qu’on a mises comme cela dans tous les cafés et qu’on vendait au profit de
l’Union des Commerçants
Après avoir vu le
Baudet d’Estaires, on a eu l’idée de la conception des géants. On était allé
voir un défilé à Estaires (le Festival d’Estaires). On y avait vu des grosses
têtes et cela nous avait donné l’idée de faire des têtes comme ça pour Monsieur
et Madame Tartaprônes. Les corps furent faits en osier par Monsieur Verschaeve
dans les Bas. Monsieur Tixier qui était menuisier nous a fabriqué des bras
articulés et à l’intérieur deux appareils comme on portait autrefois les seaux
d’eau.
Les vêtements
avaient été faits de tissu offert par les Ets Agache. C’est Madame Pasbecq qui
nous avait confectionné les costumes. Les têtes provenaient d’une impasse à
Lille
(NDLR : Rue
des débris de Saint Etienne, il y avait un petit magasin de farces et
attrapes).
Monsieur Louis
Guilbert les a remis en état.
Les géants
sortaient avec les trompettes et dansaient. Ils sortaient à l’occasion de la
braderie ou de la ducasse de Pâques. Ils ont aussi participé à des cortèges
humoristiques à l’extérieur (Estaires, Lille, Tournai, …).
Durant la guerre,
on les a camouflés. L’osier a été mangé par les vers et s’est détérioré.
Monsieur Verschaeve a réparé les morceaux détériorés.
Les géants
allaient aussi dans le quartier des Bas de Pérenchies à l’occasion de la
ducasse.
Après plusieurs
décès chez les commerçants, les géants ne sortaient plus. Ils se sont
détériorés. Comme on n’avait plus de local valable pour les recevoir, c’est la
mairie qui les a pris. Pendant un moment, je les ai mis dans le garage de
Monsieur Desrumaux entre la maison Plasman, le marchand de fromages et Monsieur
Delobeau C’est là, qu’ils se sont détériorés. Les têtes se sont démêlées et la
mairie a récupéré les corps, a loué des têtes et a créé des petits chariots pour les traîner.
La plus grande
fête de l’Union des Commerçants était la braderie. On a créé la Ducasse de
Pâques et différentes fêtes, courses cyclistes, tiercés à cochons…
L’union avait
aussi une participation importante dans le Bureau d’Aide Sociale. Pour le 14
juillet, on avait conçu une retraite aux flambeaux avec feu d’artifice la
première année. La retraite était tombée à l’eau et on l’a reprise à notre
compte. Les flambeaux étaient en cuivre, on allumait dedans et on les
transportait comme ça. C’était comme les processions. Nous, on avait des
lampions ainsi que des torches.
Sous la
Municipalité de Monsieur Vanhonacker (NDLR : vers 1945/47), Monsieur
Léonard Dewilde a relancé (NDLR : ou lancé) la Société des Bigophones.
Celle-ci défilait dans la rue Agache mais n’était pas sous la tutelle de
l’Union. Elle comprenait des « turlututus » (NDLR : Petit tube
dans lequel on soufflait. L’air, en traversant un papier, donnait un petit
son). Il y avait aussi quelques instruments de musique, comme une grosse
caisse. Cela faisait un beau groupe. Ils étaient costumés en Pierrot. La
société a fonctionné pendant quelques années.
Dans l’impasse,
en face de l’usine, il y avait le café de ma mère. C’était aussi le siège de la
société des archers. La maison faisait relais. Les camions entraient par cette
impasse. Il y avait des écuries et des gloriettes pour y mettre des chevaux. Le
café, c’est aujourd’hui le café du textile et le tabac. A l’époque, c’était une
seule et unique maison.
Au-dessus de
chez nous, il y avait un jeu d’archers couvert. On tirait en longueur sur une
cible. Ce lieu passait au-dessus des écuries.
Dans le fond de
la cour, il y avait un jeu d’archers non couvert jusque derrière le café
Vanhée. Ce tir était toujours en longueur, tout horizontal. Tous les 5 ou 6
mètres, il y avait des protections avec de la paille.
Le banquet de la société qui avait lieu à
l’étage dans la grande salle rassemblait 70 personnes. C’était une société
importante. Ils participaient à des concours en partant avec des chariots.
J’avais alors 6 ans. Je me souviens, j’y montais avec mon père (Je suis né en
1905). C’était vers 1910. Les concours se faisaient vers Ennetières, Santes ou
Haubourdin…La société avait un joueur de tambour avec eux : Alphonse
Barbez. Il y avait aussi un drapeau. La société qui recevait allait au-devant
des sociétés invitées. Les deux tambours se répondaient et les sociétés
défilaient avec leurs arcs et leurs flèches. Avant le concours, on sortait
alors le drapeau.
Comme le siège
de la société était à la maison, le drapeau s’y trouvait aussi. Mes parents
avaient participé à la création de celui-ci. Lors de la guerre 14/18, ma mère
en a pris grand soin, d’abord à Pérenchies puis à Mons en Baroeul vers 1916.
Elle l’a caché avec toute une série de plats en étain. A l’époque, les banquets
se faisaient avec de la vaisselle en étain. Cette vaisselle fut cachée dans des
tonneaux de pluie avec des légumes au-dessus. Le drapeau fut caché près du
camion. A Mons en Baroeul, chez un parent, elle cacha la vaisselle dans de
grandes marmites en cuivre qui furent enterrées. Le drapeau prit place dans les
combles du grenier. Un officier allemand est venu questionner ma mère sur
dénonciation de femmes légères qui habitaient en face. Des Allemands sont venus
fouiller la maison et sonder le jardin avec de grandes tiges qui traversèrent
les marmites en cuivre sans que les Allemands s’en rendent compte. Le drapeau
avait été planqué dans une ouverture derrière la porte qui fut rebouchée.
Avec le drapeau,
il y avait un collier, une chaîne d’argent avec un oiseau et une médaille.
C’est le Valet de la société qui le portait. Ensuite, ce fut le porte-drapeau.
Il était l’Officier de la Société ».
Philippe
JOURDAN (16 avril 2020)
En cette
période de confinement que notre pays n’a jamais connue depuis des décennies en
dehors des guerres, nous avons pensé que notre association pouvait vous
présenter chaque jour un document extrait de notre fond documentaire composé de
plus de 8 000 photos.
Quand
l’occasion se présentera, un petit commentaire suivra la photographie. La page
sera publiée chaque jour à partir de 10H.
N’hésitez
pas à nous transmettre vos propres commentaires ou informations sur le sujet
présenté. Cela permettra de compléter nos connaissances sur Pérenchies et son
passé. Philippe JOURDAN, Président de « Si Pérenchies m’était
contée … » 20 mars 2020
Correction
et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog
sur la photo avec Albert Valembois
RépondreSupprimeril y a en tablier blanc Albert Desrumaux, boucher dans la rue
La photo avec le baudet d'Estaires date des années 50 car j'ai reconnu Gilbert Willay de 1932 âge de mon père qui apparemment avait 25 ans environ.
RépondreSupprimerEncore merci