Document :
Pérenchies et son passé numéro 53
Commentaire :
« Cette
société se nomme les Bigophones. Je me demande si la bannière ne portait pas
aussi la mention de «Carré d’As» ?
C’était
une société pérenchinoise formée pour faire la fête.
Les
membres étaient costumés en sortes de Pierrots et en cartes à jouer et vêtus de
blanc. Ils utilisaient un petit instrument de musique sur lequel était tendu un
papier de soie. En soufflant dessus, on faisait vibrer la membrane qui émettait
un petit son. Tout le monde pouvait donc en jouer. De faux instruments
accompagnaient la troupe pour faire caisse de résonnance comme on peut le voir
au premier plan de la photographie. Deux de ces objets nous ont été offerts et
gardent la trace du passé des fêtes d’antan.
Il
y avait tout de même quelques tambours provenant de la clique de la société de
gymnastique de la Jeanne d’Arc ou des autres groupements musicaux de la ville.
Ecoutons
Marcel DEVOS évoquer ses souvenirs de fêtes à Pérenchies ».
Mes
souvenirs des fêtes à Pérenchies dans les années 30
Marcel Devos. (janvier 2000)
« Pour la Sainte-Catherine et la Saint-Nicolas,
nos parents nous offraient des sucreries, personnages en chocolat ou en sucre.
C’était aussi le rituel envoi des cartes postales. C’était à celui qui en
aurait reçu le plus et je me souviens qu’à l’école, on se demandait l’un,
l’autre, combien on en avait et l’on entendait souvent cette phrase :
« si tu m’en envoies une, je t’en envoie une autre ». Un peu plus
tard, les jeunes de la J.O.C. (Jeunesse Ouvrière Chrétienne), nous nous
réunissions chez un copain pour faire un peu la fête avec quelques gâteaux, une
tarte et quelques verres de vin. On finissait toujours par des chansons…
Noël était la grande fête familiale. Chez moi, le soir
du 24, en attendant la messe de minuit, on se réunissait dans la pièce du
milieu car il y faisait plus chaud et pendant que maman confectionnait la
fameuse coquille, nous regardions les photos de famille et chantions quelques
chants de Noël. Après la messe où il y avait foule pour écouter le fameux
« Minuit Chrétien », nous mangions la coquille avec une tasse de
chocolat.
Avant d’aller se coucher, on n’oubliait pas de pendre
nos chaussettes et de préparer une assiette de carottes pour le baudet du Père
Noël. Le lendemain matin, les carottes avaient disparu et dans les chaussettes,
nous trouvions coquilles et oranges.
Le midi, c'était le repas en famille avec un menu plus
élaboré que les autres jours.
Toutes ces fêtes que nous avons passées en famille
sont restées gravées dans ma mémoire et si ce n’était pas comme maintenant de
grands réveillons, elles nous ont laissé des souvenirs inoubliables.
Le jour de l’an, après avoir assisté le matin à la
messe, nous partions, mon père, mon frère, ma sœur et moi-même présenter nos
vœux aux oncles et tantes qui habitaient Prémesques par tous les temps et à
pied bien entendu. Maman restait à la maison pour recevoir les membres de la
famille qui pouvaient venir. Nous mangions des gaufres et buvions du café pour
nous réchauffer. Vers onze heures, nous revenions à Pérenchies et nous allions
chez une vieille tante de mon père et là, nous buvions une bonne tasse de
bouillon. Après le repas, nous continuions les visites. Maman nous accompagnait
alors. Le soir, très tard, nous revenions à la maison, bien fatigués mais aussi
l’estomac lourd d’avoir mangé gaufres et pâtisseries.
A Pâques, on allait à la messe pour écouter l’harmonie
avant le repas familial. Nous recevions des sucreries et des chocolats que nos
parents disposaient sur des assiettes (des cloches, des moulins,…).Il y avait
fête alors dans la rue Agache. L’harmonie Agache y défilait ainsi que les
trompettes et parfois le géant Cambrinus ou le Baudet d’Estaires qui jetait de
l’eau. Je me souviens des présidents des commerçants de cette rue, entre autres
Albert Valembois et Albert Desrumeaux. Celui-ci avait fait venir une fois les
musiciens du 43ème R.I. pour donner un concert. Comme il pleuvait à
torrent, ils s’étaient réfugiés dans un ancien local où Maurice Boudry
entreposait son charbon.
Le premier mai, à Pérenchies, il y avait le défilé des
syndicats, et la J.O.C. et la J.O.C.F. y participaient, drapeaux en tête. Plus
tard, il y eut, à la mairie, des remises de médailles aux ouvriers de chez
Agache.
Fin mai, c’était la fête des mères avec une réception
municipale et le fameux concours de bébés. Les mamans étaient fières de
présenter leur enfant et elles étaient très déçues lorsqu’il n’avait pas de
prix. La ligue ouvrière chrétienne organisait ce jour-là un défilé en l’honneur
des mamans avec le concours de la municipalité.
En juin, c’était la kermesse des écoles privées.
Pour le 14 juillet, il y avait un grand défilé avec
toutes les sociétés et les enfants des écoles. Pour leur participation, les
enfants recevaient des friandises. L’après-midi, il y avait des fêtes dans les
quartiers et l’harmonie, les trompettes et la chorale donnaient un concert sur
un podium qui changeait tous les ans de quartier pour faire profiter tous les
cafés de la commune. Il y avait beaucoup de personnes qui se déplaçaient.
Souvent, la grande ducasse avec jeux et manèges tombait dans ces jours de
fêtes. C’était d’ailleurs les grands congés avant 1936 car nous avions 4 jours
de repos du samedi au mardi. C’était formidable !
Le jour de la Toussaint, il y avait moins de fleurs
sur les tombes qu’aujourd’hui. Les compositions étaient faites en général par
les Pérenchinois. Il y avait beaucoup de monde dans le cimetière. Après les
vêpres, un cortège s’y dirigeait avec le curé de la paroisse qui passait avec
les enfants de chœur dans toutes les allées pour bénir les tombes. Puis,
c’était la veillée en famille. On pensait aux parents décédés et on mangeait
des crêpes. Ce jour-là, les cloches de l’église sonnaient toutes les heures à
la volée pour nous rappeler nos disparus.
Dans beaucoup de maisons ouvrières, au temps de ma
jeunesse, on trouvait deux pièces dont la cuisine où l’on passait une grande
partie de sa vie. Il y avait la pièce de devant comme on l’appelait. Dans
celle-ci, on ne pouvait pas y aller car c’était sacré. Elle ne servait qu’aux
grandes manifestations familiales ou quand on recevait des amis. On était fier
de les y accueillir. Cette pièce était toujours propre.
Les jeunes de la ville organisaient souvent des
représentations théâtrales qui attiraient beaucoup de monde. Celles-ci se
déroulaient en la salle des fêtes de la rue Gambetta ».
Philippe
JOURDAN (2 mai 2020)
En cette
période de confinement que notre pays n’a jamais connue depuis des décennies en
dehors des guerres, nous avons pensé que notre association pouvait vous
présenter chaque jour un document extrait de notre fond documentaire composé de
plus de 8 000 photos.
Quand
l’occasion se présentera, un petit commentaire suivra la photographie. La page
sera publiée chaque jour à partir de 10H.
N’hésitez
pas à nous transmettre vos propres commentaires ou informations sur le sujet
présenté. Cela permettra de compléter nos connaissances sur Pérenchies et son
passé.
Philippe
JOURDAN, Président de « Si Pérenchies m’était contée … » 20 mars 2020
Correction
et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog
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