Document :
Pérenchies et son passé numéro 37
Commentaire :
« Nous
sommes à Pérenchies, sur la Grand’Place, au début du XXème siècle avant la
Première guerre mondiale.
Nous
remarquons une grande maison blanche. Il
s’agit du presbytère qui occupe l’emplacement de la future avenue du Kemmel qui
sera ouverte dans les années 20. A gauche, au milieu des arbres, on aperçoit à
peine le château JEANSON. L’état des arbres pourrait nous faire croire en une
saison entre la fin de l’hiver ou le début de l’automne. Il n’en est
rien ! Nous sommes en fait le 22 mai 1905.
Comment
le savons-nous ? Tout simplement, nous avons en notre possession, une
autre photographie datée sur laquelle on aperçoit le même podium dressé au même
endroit et décoré de la même façon.
A
gauche de notre document, se trouve l’église Saint-Léger mais on ne l’aperçoit
pas sur le cliché.
A
cette date, des festivités sont organisées pour l’installation du gaz sur notre
commune. Les archives municipales en ont conservé une magnifique affiche, une
photographie encadrée ainsi qu’un article de presse.
Nous
avons donc le programme de la journée.
Dès
cinq heures du matin, en ce dimanche 22 mai 1905, les habitants sont réveillés
par des salves d’artillerie. Le soleil est présent. Les maisons sont ornées de
drapeaux, de guirlandes et de lanternes vénitiennes.
Vers
15H, la foule s’est assemblée sur la place devant l’église et l’estaminet qui
marque le début de la rue de la Prévôté, où dans les années 30, sera construite
la future mairie.
Un
podium, décoré de drapeaux, a été dressé où ont pris place les autorités et les
invités en grande tenue. On remarque que seuls des hommes s’y trouvent. Des
femmes sont sur le côté, élégamment vêtues. On sait qu’à cette date, le maire
est Charles JEANSON, le propriétaire d’une usine textile à Armentières dont le
château se dresse à Pérenchies. Il avait remplacé Louis DECOTTIGNIES en 1904 et
sera remplacé, en 1912, par Henri BOUCHERY.
Un
groupe musical joue de la musique, peut-être « La Marseillaise » car
les drapeaux rendent hommage. 6 personnes les portent. On voit distinctement 4
drapeaux certainement tricolores et une bannière qui, agrandie, nous montre une
ruche.
On
peut, sans aucun doute, y voir la Société St Mathias, une société de secours
mutuels créée aux Ets AGACHE en 1848. Elle donnait des soins et des
médicaments aux ouvriers blessés ou
malades, leur versait une indemnité
durant la maladie et pourvoyait aux frais funéraires. Elle rassemblait
les ouvriers âgés de 16 à 45 ans. Chaque
sociétaire percevait aussi des jetons de pain (une livre et demie de pain à bon
marché était attribuée par jour).
Pour
le sixième porte-drapeau, on ne sait pas ce qu’il porte.
On
devine aussi, sur le podium, une immense gerbe de fleurs. Au premier plan, on
voit un photographe caché sous son voile.
Sur
un précédent cliché montrant la place abandonnée durant la guerre14/18, on
avait observé une sorte de guérite en se posant la question de son utilité.
Déjà en 1905, elle était installée sur la place. A quoi servait-elle ? On
ne le sait pas à ce jour. Poste de péage, abri pour les douaniers qui
traquaient les passeurs de tabac, … ?
Revenons
donc à notre fête. Le moment officiel est passé. Après les discours, le moment
devient plus festif.
La
grande Fête Aérostatique et enfantine débute par la recherche de courants
aériens et le lancement de ballons-pilote.
Vers
16 heures, des ballons grotesques sont lancés dans le ciel. On trouve des
ballons explosifs et des descentes en parachutes. Il ne s’agit pas de
personnages réels venant d’un avion mais plutôt des objets qui atterrissent
suite à l’explosion de petits ballons.
Puis
vient le tour du ballon dirigeable SANTOS-DUMONT avant le lancement d’un ballon
surprise avec parachute-serpentin et d’un ballon à jouets qui laisse retomber
plus de 300 petits jouets.
(NDLR :
Alberto SANTOS-DUMONT (1873 – 1932) était un pionnier brésilien de l’aviation.
Installé en France en 1897, il construisit des ballons et des dirigeables. Par
la suite, après 1906, il s’illustrera dans les vols d’avions).
Puis,
on installe, au centre de la place, un énorme ballon qui est gonflé. Il porte
une banderole « COMMUNE DE PERENCHIES ».
A
18H, il s’envole. On ne sait pas s’il était relié par un câble ou s’il fut
réellement lancé pour atterrir plus loin.
La
fête se termina dans les cabarets du village. Tous les frais de cette
manifestation furent couverts par une souscription.
Philippe
JOURDAN (16 avril 2020)
En cette
période de confinement que notre pays n’a jamais connue depuis des décennies en
dehors des guerres, nous avons pensé que notre association pouvait vous
présenter chaque jour un document extrait de notre fond documentaire composé de
plus de 8 000 photos.
Quand
l’occasion se présentera, un petit commentaire suivra la photographie. La page
sera publiée chaque jour à partir de 10H.
N’hésitez
pas à nous transmettre vos propres commentaires ou informations sur le sujet
présenté. Cela permettra de compléter nos connaissances sur Pérenchies et son
passé. Philippe JOURDAN, Président de « Si Pérenchies m’était
contée … » 20 mars 2020.
Correction
et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog
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