mercredi 9 décembre 2020

CONNAISSEZ-VOUS PERENCHIES EN CARTES POSTALES ET SON PASSÉ ?

Pérenchies et son passé numéro 127.

Carte postale du mercredi : Pérenchies et sa reconstruction.

 

La cité du Maroc. Prémesques. Années 20.
Document SPMC numéro 1 133.

 

Commentaire :

 

Promenade dans un quartier de mon enfance. Extrait.  Roger GABET.

« Ce quartier, aujourd’hui disparu, n’était pas situé, sur le territoire de Pérenchies, mais à une extrémité de celui de Prémesques.

Aujourd’hui, il faut être plus que septuagénaire pour avoir connu la grande époque du

« Maroc ».

Mais commençons par rappeler ce qu’était le « Maroc ».

C’était une cité provisoire, une cité d’urgence érigée au début des années 1920 quand notre région dévastée par la guerre s’efforçait de sortir de ses ruines. 

De son vrai nom, cette cité s’appelait « Cité de la Collerie », sans doute une déformation du mot « cueillerie ». Notons que la ferme toute proche de la voie de chemin de fer en remblai, où le pont Ballot ouvre le passage du prolongement de la rue de la Montagne, portait au-dessus de son portail, sur des carreaux de céramique, l’inscription « Ferme de la Cueillerie ».

Collerie était le nom officiel de la cité, celui qui apparaissait sur les documents administratifs de la mairie de Prémesques et des Ets Agache.

Mais pourquoi ce nom de « Maroc », donné sans doute par dérision. Mon hypothèse est que dans l’imagination populaire, ces habitations précaires semblaient peut-être comparables à celles du dernier pays du Magreb placé sous la tutelle de la France, dont on parlait beaucoup depuis une dizaine d’années.

Le Maroc occupait un terrain rectangulaire de tout au plus deux hectares, situé sur la pente d’une petite élévation commune à Prémesques et à Pérenchies.

Dans sa partie basse, la cité était limitée par un bois et la prairie de la ferme. L’accès au bois était rigoureusement interdit à la population. Propriété des Ets Agache, il constituait une chasse privée, défendue par des barbelés et protégée par un garde zélé.

Dans sa partie haute, une rue séparait la zone bâtie du champ divisé en jardins ouvriers. Devant les habitations, il y avait un jardinet d’un peu plus de deux mètres de largeur, séparé de la maison par un petit passage en briques parcouru par une petite rigole destinée à recueillir et à écouler l’eau de pluie provenant de la toiture dépourvue de gouttière.

Derrière les maisons, un terrain d’une dizaine de mètres de profondeur était généralement occupé par la basse-cour, d’où l’installation de poulaillers, clapiers et d’une petite cabane en planches souvent protégée de carton bitumé, destinée à stocker de la paille, du grain et à remiser les outils de jardinage. Chez quelques locataires, une chèvre complétait l’élevage. Dans leur majorité, les maisons comprenaient cinq pièces, une faible quantité n’en comportait que trois. Les premières étaient équipées de deux conduits de cheminée, l’une dans la pièce de séjour, l’autre dans une des quatre autres pièces faisant office de cuisine. Chez beaucoup d’habitants, on trouvait dans la pièce principale un grand poêle flamand. 

La construction du Maroc a été réalisée en grande partie avec des matériaux, du moins pour le gros œuvre, récupérés des ruines causées par la guerre à Pérenchies. D’un plan très simple et unique, de construction légère, ces maisons étaient néanmoins édifiées avec des matériaux du bâtiment et ne s’apparentaient en rien aux bidonvilles. Les murs étaient en briques, les cloisons élevées en carreaux obtenues d’un mélange de plâtre et de mâchefer pilé. Le plafond était fait de baguettes de châtaignier et de plâtre. Le sol se composait d’un ciment grossier formé de gros gravier. A la réflexion, elles n’étaient pas si vilaines les maisons du Maroc, surtout quand, en été, les fenêtres et les jardinets des façades étaient agrémentés de fleurs et de plantes d’ornement. Certains locataires plantaient devant chez eux des poireaux et des choux. En revanche, la légèreté de la construction, l’absence d’isolation, la mauvaise étanchéité des ouvertures faisaient de ces habitations des maisons inconfortables, froides et humides, difficiles à chauffer en hiver et à tempérer en été.

La cité n’était pas pourvue en eau courante et en gaz, ni en électricité jusqu’en 1935. Il fallait aller quérir l’eau aux pompes à bras, en été comme en hiver, cuire les repas au feu de la cuisinière et s’éclairer à la lampe à pétrole ou à la bougie.

Malgré tout, les habitants du Maroc mettaient un point d’honneur à rendre leur maison jolie et agréable.

A la Montagne, cinq commerces connaissaient, grâce à la population du Maroc, une certaine prospérité. Il y avait trois estaminets et deux épiceries. 

Cette population était composée d’au moins 60% d’étrangers. Les Flamands étaient majoritaires. On dénombrait aussi quelques Italiens venus au lendemain de la guerre quand la reconstruction fit appel à une importante main d’œuvre. Ils trouvèrent ensuite du travail aux Ets Agache.

 

Philippe JOURDAN

27 novembre 2020

 

En cette seconde et nouvelle période de confinement, nous avons pensé que notre association pouvait vous présenter chaque jour un document extrait de notre fonds de cartes postales composé de 400 clichés. Un petit commentaire suivra la photographie.

N’hésitez pas à nous transmettre vos propres commentaires ou informations sur le sujet présenté. Cela permettra de compléter nos connaissances sur Pérenchies et son passé.

 

Relecture et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog

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