Pérenchies et son passé numéro 127.
Carte
postale du mercredi : Pérenchies et sa reconstruction.
La cité du Maroc. Prémesques. Années 20.
Document SPMC numéro 1 133.
Commentaire :
Promenade dans un quartier de
mon enfance. Extrait. Roger GABET.
« Ce quartier, aujourd’hui
disparu, n’était pas situé, sur le territoire de Pérenchies, mais à une
extrémité de celui de Prémesques.
Aujourd’hui, il faut être plus
que septuagénaire pour avoir connu la grande époque du
« Maroc ».
Mais commençons par rappeler ce
qu’était le « Maroc ».
C’était une cité provisoire, une
cité d’urgence érigée au début des années 1920 quand notre région dévastée par
la guerre s’efforçait de sortir de ses ruines.
De son vrai nom, cette cité
s’appelait « Cité de la Collerie », sans doute une déformation du mot « cueillerie
». Notons que la ferme toute proche de la voie de chemin de fer en remblai, où
le pont Ballot ouvre le passage du prolongement de la rue de la Montagne,
portait au-dessus de son portail, sur des carreaux de céramique, l’inscription
« Ferme de la Cueillerie ».
Collerie était le nom officiel
de la cité, celui qui apparaissait sur les documents administratifs de la
mairie de Prémesques et des Ets Agache.
Mais pourquoi ce nom de « Maroc
», donné sans doute par dérision. Mon hypothèse est que dans l’imagination
populaire, ces habitations précaires semblaient peut-être comparables à celles
du dernier pays du Magreb placé sous la tutelle de la France, dont on parlait
beaucoup depuis une dizaine d’années.
Le Maroc occupait un terrain
rectangulaire de tout au plus deux hectares, situé sur la pente d’une petite
élévation commune à Prémesques et à Pérenchies.
Dans sa partie basse, la cité
était limitée par un bois et la prairie de la ferme. L’accès au bois était
rigoureusement interdit à la population. Propriété des Ets Agache, il
constituait une chasse privée, défendue par des barbelés et protégée par un
garde zélé.
Dans sa partie haute, une rue
séparait la zone bâtie du champ divisé en jardins ouvriers. Devant les
habitations, il y avait un jardinet d’un peu plus de deux mètres de largeur,
séparé de la maison par un petit passage en briques parcouru par une petite rigole
destinée à recueillir et à écouler l’eau de pluie provenant de la toiture
dépourvue de gouttière.
Derrière les maisons, un terrain
d’une dizaine de mètres de profondeur était généralement occupé par la
basse-cour, d’où l’installation de poulaillers, clapiers et d’une petite cabane
en planches souvent protégée de carton bitumé, destinée à stocker de la paille,
du grain et à remiser les outils de jardinage. Chez quelques locataires, une
chèvre complétait l’élevage. Dans leur majorité, les maisons comprenaient cinq
pièces, une faible quantité n’en comportait que trois. Les premières étaient
équipées de deux conduits de cheminée, l’une dans la pièce de séjour, l’autre
dans une des quatre autres pièces faisant office de cuisine. Chez beaucoup
d’habitants, on trouvait dans la pièce principale un grand poêle flamand.
La construction du Maroc a été
réalisée en grande partie avec des matériaux, du moins pour le gros œuvre,
récupérés des ruines causées par la guerre à Pérenchies. D’un plan très simple
et unique, de construction légère, ces maisons étaient néanmoins édifiées avec
des matériaux du bâtiment et ne s’apparentaient en rien aux bidonvilles. Les
murs étaient en briques, les cloisons élevées en carreaux obtenues d’un mélange
de plâtre et de mâchefer pilé. Le plafond était fait de baguettes de
châtaignier et de plâtre. Le sol se composait d’un ciment grossier formé de
gros gravier. A la réflexion, elles n’étaient pas si vilaines les maisons du
Maroc, surtout quand, en été, les fenêtres et les jardinets des façades étaient
agrémentés de fleurs et de plantes d’ornement. Certains locataires plantaient
devant chez eux des poireaux et des choux. En revanche, la légèreté de la
construction, l’absence d’isolation, la mauvaise étanchéité des ouvertures
faisaient de ces habitations des maisons inconfortables, froides et humides,
difficiles à chauffer en hiver et à tempérer en été.
La cité n’était pas pourvue en
eau courante et en gaz, ni en électricité jusqu’en 1935. Il fallait aller
quérir l’eau aux pompes à bras, en été comme en hiver, cuire les repas au feu
de la cuisinière et s’éclairer à la lampe à pétrole ou à la bougie.
Malgré tout, les habitants du
Maroc mettaient un point d’honneur à rendre leur maison jolie et agréable.
A la Montagne, cinq commerces
connaissaient, grâce à la population du Maroc, une certaine prospérité. Il y
avait trois estaminets et deux épiceries.
Cette population était composée
d’au moins 60% d’étrangers. Les Flamands étaient majoritaires. On dénombrait
aussi quelques Italiens venus au lendemain de la guerre quand la reconstruction
fit appel à une importante main d’œuvre. Ils trouvèrent ensuite du travail aux
Ets Agache.
Philippe
JOURDAN
27
novembre 2020
En cette seconde et nouvelle
période de confinement, nous avons pensé que notre association pouvait vous
présenter chaque jour un document extrait de notre fonds de cartes postales
composé de 400 clichés. Un petit commentaire suivra la photographie.
N’hésitez pas à nous transmettre
vos propres commentaires ou informations sur le sujet présenté. Cela permettra
de compléter nos connaissances sur Pérenchies et son passé.
Relecture
et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog
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