jeudi 23 avril 2020

La reconstruction de Pérenchies après la guerre 1914/1918 dans le livre du centenaire des Ets AGACHE


Après la publication de l’article sur la reconstruction de Pérenchies publié par le Grand Echo du Nord et du Pas-de-Calais le 16 avril 1919 et retrouvé grâce à une de nos lectrices, Marie-Paule, MONCHICOURT, nous avons relu le livre édité à l’occasion du Centenaire des Ets AGACHE dont une partie raconte le même événement.
Nous avons pensé qu’il serait intéressant d’en publier quelques pages recopiées et d’y mettre une partie de notre documentation photographique retrouvée.
C’est aussi l’occasion pour nous de vous annoncer que le thème de l’exposition proposée le 15 août 2020 à la Base de Loisirs du Fort est justement l’histoire des Ets AGACHE tout en espérant que la situation que nous traversons en ce moment, face au coronavirus, n’empêchera pas sa tenue !   
Comme pour les autres textes publiés, celui-ci est écrit dans le style de l’époque.
Il est à savoir que le livre du Centenaire comporte une soixantaine de pages. Nous en avons recopié sept pour cet article. Gageons que le reste pourra être publié par la suite.
Le texte original est accompagné de photographies qui ne sont pas forcément celles que nous vous présentons.

Philippe JOURDAN
Président de l’association d’histoire locale « Si Pérenchies m’était contée… »  
16 avril 2020


La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Lieu non déterminé. Périmètre de l’usine Agache. Document SPMC numéro 820


Texte extrait du livre du Centenaire des Ets AGACHE de 1928

« En octobre 1918, les usines de Pérenchies et de La Madeleine-les-Lille furent rendues à la société à la suite de l’avance victorieuse de nos armées, on put mesurer la gravité des épreuves qu’elles avaient subies.
Plus de matières premières, partout des monceaux de décombres, des moyens de communication très précaires dans un pays privé de toutes ressources, enfin un personnel dont la majeure partie était disparue ou dispersée : telle était la vision qu’offrait au lendemain de l’armistice, le domaine industriel de la Société.
Une année allait s’écouler avant que les ETABLISSEMENTS AGACHE puissent aborder l’œuvre de reconstitution. Cette inaction apparente masquait le labeur opiniâtre que le Conseil d’Administration poursuivait entre temps. Il s’agissait en effet de regrouper le personnel et de se procurer les ressources considérables. Certes, les ETABLISSEMENTS AGACHE conservaient intacte leur puissance financière, mais leur actif n’était plus constitué, en majeure partie, que de créances nées de la destruction de leur domaine industriel et de la réquisition de leurs approvisionnements et de leurs marchandises. Le droit à la réparation de ces dommages ne devait recevoir la consécration législative que le 17 Avril 1919. D’autre part, le recouvrement d’importantes créances en souffrance depuis la déclaration de guerre était entravé par des décrets moratoires. Aucun plan de reconstitution ne pouvait être mis en œuvre dans des circonstances aussi précaires. Pérenchies, notamment, ne pouvait renaître de ses ruines que lorsqu’une atmosphère de vie aurait été recréée.
C’est à cette tâche préliminaire que Mme André SAINT LEGER, femme de l’un des Administrateurs-Délégués des ETABLISSEMENTS Agache, et M. Henri BOUCHERY, à la fois Maire de Pérenchies et Directeur-Général de la Société, allaient consacrer toute leur énergie et tout leur cœur.
C’est le 14 Janvier 1919 que le premier magistrat de la cité put pénétrer dans le village de Pérenchies et constater que les ruines dépassaient tout ce que son imagination avait pu concevoir. Le malheur qui s’était abattu sur sa terre natale, la rendait doublement chère à son cœur et lui imposait le devoir de ne point l’abandonner à son triste destin. Pérenchies renaîtrait donc de ses ruines.


La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Lieu non déterminé. La vie renaît peu à peu.
Document SPMC numéro 3 720

Ruines de la guerre 1914/1918. La rue de la Prévôté vers 1918.
A droite, l’entrée du parc du château JEANSON.
Document SPMC numéro 3 728

Ruines de la guerre 1914/1918. Le pont de Pérenchies détruit.
Document SPMC numéro 3 729

Né en 1856 à Pérenchies, M. BOUCHERY entra le 20 Janvier 1872 aux ETABLISSEMENTS AGACHE. Il s’adonna avec tant d’application et d’intelligence aux choses de l’industrie textile que vite il fut remarqué par ses chefs, MM Edouard et Edmond AGACHE. Dès 1875, il avait acquis dans les questions relatives aux matières premières une telle compétence qu’il fut appelé à seconder dans les opérations d’achat, M. BERNHARD qui, dans la retraite de M. Edmond AGACHE, avait hérité des attributions originairement confiées à ce dernier. 


Edmond AGACHE. Membre du Comité de Direction et du Conseil d’Administration.
Livre du Centenaire des Ets AGACHE. 1928. Document  SPMC
Charles BERNHARD. Membre du Comité de Direction et du Conseil d’Administration.
Livre du Centenaire des Ets AGACHE. 1928. Document  SPMC

Puis, comme le développement des affaires sociales exigeait une division du travail toujours plus poussée, M. BERNHARD limita son activité aux questions de comptabilité et d’administration générale. M. BOUCHERY eut la charge exclusive des achats des matières premières et de leur mise en œuvre dans la fabrication des fils.  L’événement a démontré que ce choix fut particulièrement heureux, car à l’exemple de son prédécesseur, M. BOUCHERY peut s’enorgueillir d’avoir été, au cours d’une longue carrière, l’un des plus actifs artisans de la prospérité de l’entreprise à laquelle il a voué sa vie. C’est avec le même succès qu’il a, depuis son entrée à l’hôtel-de-ville, fait bénéficier ses concitoyens, de cette passion de servir que les exigences professionnelles ne suffisent pas à absorber. Elle devait se manifester avec un éclat particulier dans la commune détresse d’une population jetée sans ressources sur un sol ravagé. 


Partie de cartes avec Henri BOUCHERY et des amis. Non datée. Avant 1914 ?
Document SPMC
Dès son retour, M. BOUCHERY s’installa dans les ruines, en compagnie de Mme SAINT LEGER et d’une dizaine de personnes dévouées. Un logement de fortune fut construit avec des matériaux récupérés çà et là. C’est sous ce frêle abri que le Maire élabora par ordre d’urgence un plan de travaux et la réorganisation des services municipaux.
Tout est à faire, la misère est générale, et la caisse communale rançonnée par l’ennemi jusqu’au dernier sou, est vide. Le problème administratif se double d’un problème financier dont la solution paraîtrait à d’aucun impossible.
M. BOUCHERY ne se rebute point. Il multiplie les démarches et réussit à obtenir des avances d’autant plus facilement qu’il jouit d’une réputation d’administrateur vigilant et économe.
Grâce à ces crédits, le nivellement des terres sillonnées de tranchées et criblées de trous d’obus fournit du travail aux premiers habitants qui n’ont pas résisté à l’appel du sol natal. Quelques baraquements arrivent. Ils sont vite érigés à côté des abris de fortune.



La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 . Lieu non déterminé. Photographie non datée.
Un baraquement construit en attendant la reconstruction de la future maison. La famille reçoit la visite du garde champêtre avec son chien. Document SPMC numéro 3 113


Puis les prisonniers de guerre s’en vont ; leur départ salué avec un soupir de satisfaction, accroît les facilités de logement et provoque parmi les réfugiés de nouvelles rentrées. De jour en jour, les conditions de l’existence s’améliorent. Les services de l’assistance, de la voirie, de l’hygiène, de l’instruction publique réapparaissent et étendent peu à peu leur champ d’action.


Retour des exilés à Pérenchies. Entre 1918 et les années 20. Document SPMC numéro 6724
Les heureux effets de cette organisation sont amplifiés par l’active intervention de Mme André SAINT LEGER. Cette femme de devoir, dont l’âme est éprise d’un généreux idéal, ne prend son parti d’aucune misère. Elle apporte à l’action administrative, toujours un peu froide et impersonnelle, le correctif d’une souriante bonté ; elle organise des œuvres pour venir en aide aux malheureux. La façon, dont elle donne, ajoute un nouveau prix et une plus grande utilité aux secours répartis par ses soins. Elle organise une cantine dans la salle des fêtes de la Rue Gambetta, plus loin un dortoir avec 150 lits.


La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Auberge « A la ville de Schlestadt ». Rue Gambetta. Ecole Sainte-Marie.  Document SPMC numéro 3 109

La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 . Un dortoir est aménagé dans la salle des fêtes de la rue Gambetta.
Document SPMC numéro 3 119

La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Dortoir. Lieu non déterminé. Peut-être la salle des fêtes ?
Document SPMC numéro 3 132

Des vêtements et des couvertures sont distribués ; de la sorte, la population peut surmonter sans trop de souffrances, les rigueurs de la mauvaise saison. Un dispensaire où les blessés sont soignés, est créé. Mme SAINT LEGER en fait un foyer de propagande des principes d’hygiène. Cette lutte préventive contre la maladie se révèle pleinement efficace ; l’année 1919 enregistre en effet 11 naissances contre 5 décès. Les jeunes filles travaillent à l’ouvroir, font des vêtements, des layettes surtout. Elles constituent aussi leurs trousseaux.  C’est dans une même pensée d’avenir qu’une salle de consultation de nourrissons est ouverte.
La foi agissante, que Mme SAINT LEGER et M. BOUCHERY ont su faire rayonner autour d‘eux, ne permet plus de douter, dès le mois de Juillet 1919, de la prompte résurrection de Pérenchies. Un à un, les corps de métiers, le boulanger en tête, réapparaissent. Une coopérative de reconstruction, la première de la région, se fonde. Une puissante Société d’entreprises générales, la maison PICOT de Paris, arrive avec un matériel moderne et aborde la reconstruction par rues entières. La cité de Pérenchies est d’ores et déjà assurée de renaître plus belle et aussi laborieuse qu’autrefois.


La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
On reconstruit la ville grâce à l’arrivée d’Italiens, spécialistes dans la construction.
Lieu non déterminé.
Document SPMC numéro 1 357 page 1

La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Dos de la photo présente. Trace manuscrite d’un de ces bâtisseurs.
Document SPMC numéro 1 357 page 2
Dans ce milieu redevenu favorable à la vie, peu après le vote de la loi du 17 Avril 1919 qui assurait aux entreprises sinistrées le concours de l’Etat, les ETABLISSEMENTS AGACHE FILS purent envisager la mise en oeuvre des plans de reconstitution et de restauration de leur domaine.  Sans parler du cataclysme russe, cause principale de la disette du lin, la pénurie des matériaux rendait particulièrement difficile la réédification des bâtiments industriels de Pérenchies, dont subsistaient seulement les fondations.


La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Reconstruction de l’usine AGACHE. Lieu non déterminé.
Document SPMC numéro 825

La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Les ouvriers s’affairent pour reconstruire l’usine AGACHE.
 Lieu non déterminé près de la voie de chemin de fer privée qui reliait l’usine à la gare, traversait la fabrique
et longeait la rue de la gare après avoir coupé la rue de Lille.Document SPMC numéro 828

Pour se procurer les ressources nécessaires aux travaux, les actionnaires décidèrent dans une assemblée générale extraordinaire, tenue le 17 Juin 1919, de porter le capital social de 4.000.000 à 6.000.000 au moyen de la création de 4.000 actions nouvelles au capital nominal de 500 frs émises contre espèces au prix de 1.000 frs, actions qui furent ensuite dédoublées, le capital étant ramené de 500 frs à 250 frs.


Salle du Conseil d’Administration du Siège à Lille. Livre du Centenaire des Ets AGACHE. 1928.
Le buste d’Edouard AGACHE posé sur la cheminée et les tableaux des administrateurs accrochés aux murs
ont été offerts à la ville et à l’association SPMC. Document  SPMC

Les fonds supplémentaires furent demandés à un emprunt obligataire de 8.000.000 contracté par l’entremise du Crédit Commercial de France au cours de l’année 1920. Il ne pouvait être question, en effet, de surseoir jusqu’au jour où l’Etat aurait réglé sa dette de dommages de guerre. Il eut été inhumain de laisser sans travail une main-d’œuvre qui avait tant souffert. De plus, la Société risquait de perdre de nombreux débouchés, si elle s’abstenait de reprendre au plus tôt sa place sur le marché textile.
Il fallait donc dans l’intérêt  public, lutter de vitesse et tirer autant que possible parti des matériaux et des pièces susceptibles d’être encore utilisés, pour éviter de passer des commandes malaisément satisfaites ou même inexécutées. Un millier d’ouvriers furent employés aux travaux de déblaiement, de démontage, de réparation et à la construction proprement dite.


La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Photographie prise le 27 décembre 1919.
On nettoie les briques récupérée dans les ruines pour les réutiliser.
Lieu non déterminé.Ets AGACHE. Document SPMC numéro 1 476
 En dépit des difficultés de la tâche, un embryon d’usine surgissait des ruines le 17 octobre 1919 et abordait la fabrication du fil, un an jour pour jour après la délivrance. Un labeur obstiné de 5 années était encore nécessaire pour que l’usine de Pérenchies retrouve sa pleine capacité de production.……..


Vue aériennne de Pérenchies. Années 20.
L’usine est reconstruite. Quelques rangées de maisons sortent de terre. L’église est encore en ruines. 
Document SPMC numéro 922

C’est dans cette période difficile et ingrate du patient ajustement du matériel et des hommes qu’eurent à se déployer les qualités de technicité et d’endurance d’un personnel dont le dévouement fut sans bornes. Rendons hommage à l’activité et à l’intelligence du directeur de Pérenchies, M. ARNOLD, qui, malgré la fatigue de cinq années passés aux armées, se montra à la hauteur d’une tâche difficile et entraîna son personnel à la reprise du travail avec une rapidité qui méritait d’être signalée.

Félix ARNOLD, Directeur de l’usine de Pérenchies.
Livre du Centenaire des Ets AGACHE. 1928.
Document  SPMC
Ce témoignage de gratitude rendu aux vivants doit s’accompagner d’un souvenir à la mémoire des employés et ouvriers qui, à leur poste de combat, dans la tranchée ou à l’usine, payèrent de leur vie, leur attachement au devoir. C’est grâce à leur sacrifice que tant de ruines ont pu se relever. Aussi est-ce dans un sentiment de pieuse reconnaissance que le Conseil d’Administration des ETABLISSEMENTS AGACHE a voulu perpétuer leur mémoire. Les noms de tous ces braves ont été gravés sur des plaques de marbre, apposées à la place d’honneur, tant au Siège Administratif que dans les usines de la Société ». 



Le ministre des régions libérées visitent Pérenchies.
Le Grand Hebdomadaire Illustré. 1922. Document SPMC numéro 793.

Charles REIBEL (1882 – 1966)
Ministre des régions libérées de 1922 à 1924.
Photographie internet.


Texte de l’article sur la visite du Ministre des régions libérées à Pérenchies.
Le Grand Hebdomadaire Illustré. 1922.  

« M. REIBEL, le nouveau ministre des régions libérées,  a voulu que sa première visite officielle fut pour la région de Lille, qui a tant souffert de l’occupation et qui s’est si vaillamment mise à l’œuvre pour relever, au plus vite, toutes les ruines accumulées par les Allemands.
Ce fut une visite un peu improvisée que celle qu’il y fit dimanche, puisqu’on n’en fut prévenu que dans la journée de samedi. Elle porta spécialement ; et ceci n’est probablement pas le fait du hasard, sur des localités industrielles des abords de Lille et qui jalonnent la zone qui fut la plus éprouvée par la bataille, puisqu’elles se trouvaient sur la ligne même du feu.
Ce furent La Bassée, Armentières, Pérenchies, Quesnoy-sur-Deûle, Comines.
Constatons que M. Reibel a été vivement impressionné par les signes qui accusent nettement dans nos malheureuses régions un élan vers la reconstruction  de nos cités et de nos villages, élan qui permet d’entrevoir l’avenir sous un jour consolant, car il marque une étape que l’on peut considérer comme décisive vers une reconstitution totale.
Il ne manque pas de préciser cette impression, et on sentait que ses paroles n’avaient pas, dans sa bouche, un caractère de banalité, protocolaire, mais un accent de sincérité bien nette.
La caravane  officielle, forte d’une demi-douzaine d’autos, arriva à Pérenchies vers neuf heures.
M. Bouchery, maire, insista sur la situation budgétaire de la commune. M. Reibel répondit, en quelques mots nettement scandés, et de suite on se dirigea vers les immenses établissements Agache, comprenant sur six hectares, filature de lin au sec et au mouillé, tissage et vastes magasins.
M. Saint-Léger, administrateur, se fit un plaisir de piloter le groupe, jetant dans la conversation les détails qui se rattachent à la destruction et à la renaissance de ces usines. Elles ont reçu plus de six mille obus. Deux ans après la guerre, ces bâtiments qu’il avait fallu quatre ans pour anéantir, étaient presque tous debout. Les magasins renferment près de 12 millions de marchandises ; dans les ateliers tournent 30.000 broches ; les chaudières furent réparées ; la machine forte de 2.500 chevaux ajoutant en force à celle qui fournit une source d’énergie électrique.  
Au sortir de l’usine, on passa devant l’emplacement du château ; il en reste exactement la pièce d’eau qui l’entourait, la grille déformée et tordue et quelques amas de pierres. Plus loin, ce sont les groupes de maisons ouvrières appartenant à la société.
Une heure et demie plus tard, la caravane se trouvait à Quesnoy-sur-Deûle… »







Des journalistes canadiens visitent les usines Agache à Pérenchies en juin 1924.
Le Grand Hebdomadaire Illustré. Document SPMC numéro 599



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Philippe JOURDAN
Si Pérenchies m’était contée…
67, rue Jean MOULIN
59840 PERENCHIES




Correction et édition : Jean-Pierre COMPERE, Administrateur du Blog.
16 avril 2020

mercredi 22 avril 2020

Connaissez-vous Pérenchies et son passé ? Procession devant l’église vers 1914/1922


Document : Pérenchies et son passé numéro 31

Procession sur le pont de Pérenchies avec l’église en ruines. Non datée. Après 1918 ?
Document SPMC numéro 4 007

Commentaire :
« Notre association possède deux photographies de cette procession qui nous ont été remises par Michel STORMS. L’une mentionne derrière « 1914 » et l’autre « 1916 » mais cela n’est pas possible. Elles dateraient plutôt de l’après-guerre entre 1918 et le début des années 20.

L’officier allemand Hans DUVINAGE a écrit un livre dans lequel il raconte l’histoire de sa famille dont les membres furent autrefois les seigneurs de Pérenchies. En décembre 1917, il passe à Pérenchies et découvre une ville en ruines. Il gagne le château de Lassus à Lompret où il peut découvrir des rapports du maire de Pérenchies recensant les habitants blessés ou tués. Il lit aussi les rapports quotidiens de la troupe allemande. Le  8 juin 1916, il y aurait eu 46 tirs et le 2 juillet 1916, 1 448 tirs ! L’artillerie allemande installée dans le parc du château des tourelles près de l’église riposte. Le 28 juillet 1917, 528 habitants quittent Pérenchies suivis quelques jours plus tard du prêtre et des dernières familles encore présentes.
Hans DUVINAGE reviendra à Pérenchies le 14 août 1918. La ville est déserte.
Un exemplaire du livre de famille dont une partie est rédigée en français a été déposé par lui-même ou ses descendants aux Archives du Nord.
Ses descendants sont venus trois fois dans notre commune et ont été reçus par la Municipalité et l’association d’histoire locale. Ils parlent français car la tradition familiale veut que les membres de la famille n’oublient pas leur origine.
Observons la photographie. On voit l’église, derrière, en ruines. Elle a subi les tirs des Anglais car Pérenchies était une base de repli pour les troupes allemandes qui allaient au front du côté de Frelinghien ou d’Houplines. On raconte que les voies d’accès aux tranchées commençaient en bas de la côte de la rue de la Prévôté. Les troupes allemandes venaient se reposer dans notre ville avant d’y retourner. Les boiseries et tout le bois des maisons avaient été récupérés pour la construction de ces tranchées.
Par la suite, les Allemands dynamiteront le clocher afin de récupérer le métal des cloches.
A côté de l’église se trouvait le château des tourelles appartenant à M. JEANSON, un industriel du lin dont l’usine se trouvait à Armentières. La demeure ne résistera pas à la guerre. En observant bien le document, on voit que les ruines ont été remplacées par des baraquements pour y accueillir les habitants de la ville de retour d’exode.

La procession passe sur un pont provisoire. On découvre de nombreuses bannières dont on ne connait pas la provenance. Elles n’existent plus. L’une porte la mention « Sainte Marie ».
Des filles en tenues blanches portent des couronnes de roses dans les cheveux. Des dames les encadrent. Il y a aussi des garçons mais on ne les voit pas car ils sont derrière.

L’autre photographie non présentée ici montre que des enfants portent aussi des palmes. Sommes-nous le jour des rameaux ? Célèbre-t-on Pâques ? La végétation pourrait le confirmer.
Le dimanche des rameaux se déroule une semaine avant Pâques et commémore pour les catholiques l’entrée du Christ à Jérusalem monté sur un âne afin que ses pieds ne touchent pas le sol par respect. La foule aurait cueilli des branches d’arbres pour accueillir cet homme considéré comme un prophète et un prêcheur.   

Au loin, on devine les toits de l’école publique de filles et de l’école maternelle, rue de la Prévôté. Fortement démolies durant la guerre, les murs ont néanmoins résisté.» 

Philippe JOURDAN (11 avril 2020)


Correction et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog


En cette période de confinement que notre pays n’a jamais connue depuis des décennies en dehors des guerres, nous avons pensé que notre association pouvait vous présenter chaque jour un document extrait de notre fond documentaire composé de plus de 8 000 photos.
Quand l’occasion se présentera, un petit commentaire suivra la photographie. La page sera publiée chaque jour à partir de 10H.
N’hésitez pas à nous transmettre vos propres commentaires ou informations sur le sujet présenté. Cela permettra de compléter nos connaissances sur Pérenchies et son passé.
Philippe JOURDAN, Président de « Si Pérenchies m’était contée … »  20 mars 2020

mardi 21 avril 2020

Connaissez-vous Pérenchies et son passé ? Une vue aérienne de l’usine AGACHE


Document : Pérenchies et son passé numéro 30

Carte d’avis de passage du représentant de la Société des Ets AGACHE.
Vue aérienne de l’usine de Pérenchies (fin des années 50 - avant 1962).
Document SPMC numéro 1 253

Commentaire :
« Ce document est une carte postale éditée par les Ets AGACHE et qui servait à annoncer le passage de ses représentants chez ses clients. Celle en notre possession est datée par la Poste de l’année 1962. La vue a sans doute été prise un peu avant, peut-être dans les années fin 50/début 60.
On voit bien la taille importante de l’usine de Pérenchies.
En bas, le château n’existe plus sur l’île. Démoli lors de la guerre 1914/1918, il n’a pas été reconstruit. Les douves sont donc devenues un lieu de pêche pour les adhérents de la Société de Pêche Agache.
On voit aussi 5 cheminées dont les « trois ballots » le long de la rue Edouard Agache. Aujourd’hui, il n’en reste qu’une toujours debout.
Une autre existe encore de nos jours mais elle ne faisait pas partie des cheminées de l‘usine. Il s’agissait de celle de l’ancienne brasserie Lambelin, visible sur la gauche. Elle a été restaurée par Vincent DESRUMAUX et reste encore dans la famille de son fils.

Aujourd’hui, le site est très différent. De nombreux bâtiments ont été détruits et remplacés par des entreprises plus récentes ou de nouveaux groupes d’habitations. D’autres ont été conservés pour un autre usage industriel ou commercial.
A l’entrée de l’usine, on voit l’ancienne conciergerie. A l’époque du maire Roger DUTRIEZ, la maison a été rasée car elle gênait le passage des camions. De nos jours, le lieu est devenu un carrefour marquant le début de l’avenue de l’horloge.
Vers le haut, on revoit plusieurs lieux transformés :
-        Le château d’eau de la rue du Général Leclerc est encore visible. Aujourd’hui, il n’existe plus. Il a été démoli ainsi que le second qui se trouvait près des salles Wagnon et Polet, rue Philippe de Girard.
-        A côté, deux grands bâtiments massifs appelés « LL » (longs lins) sont devenus le magasin MATCH. Sur leur côté, on voit la ligne de chemin de fer qui menait à la gare.
-     Rue du Général Leclerc, on peut distinguer plusieurs belles demeures attribuées aux directeurs de l’usine. Elles sont toujours visibles aujourd’hui. 
Tout en haut à gauche, on remarque la rue Gambetta et la rue Gambetta prolongée ainsi que le terrain scolaire.
Face à la gare, la tuilerie DESPATURE- COUSIN et Fils  est alors en exploitation. Aujourd’hui, l’un des bâtiments est devenu un ensemble d’appartements et l’autre une résidence pour personnes âgées dépendantes ainsi qu’un ensemble d’appartements de haut standing au dernier étage.

A droite du document, en haut, on aperçoit le cimetière et son allée ombragée ainsi que l’Hospice qui deviendra une résidence d’accueil pour les personnes âgées « Les Sapins Bleus ».
Sur l’extrême droite, on remarque la minoterie dénommée « Les moulins de Pérenchies ». Aujourd’hui, des appartements modernes les ont remplacés tout en sauvegardant le bâtiment ancien.
L’ancien parc du château Agache est bien visible. Le bâtiment moderne de la confection n’a pas encore été construit. On voit des jardins ouvriers.
Il est à savoir que ce parc allait jusqu’à la rue du grand But où se dressait la ferme Agache qui existe toujours même si elle a abandonné sa fonction. Durant un temps, on y chassait même et il y avait un garde-chasse pour surveiller les terres et le petit bois ».   


Philippe JOURDAN  (11 avril 2020)


Correction et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog


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Philippe JOURDAN, Président de « Si Pérenchies m’était contée … »  20 mars 2020