samedi 8 mai 2021

Evocation de la seconde guerre mondiale. 1939/1945. Partie 2 sur 2.

 

Le monument aux morts de la Grand’Place en novembre 2020.
Photo Christiane LEGRAND. Vers 2020.

 

Dimanche 25 avril 2021, a été commémoré, dans toute la France, le souvenir de la déportation et ce 8 mai 2021, on a célébré la fin de la seconde guerre mondiale.

La pandémie que nous connaissons ne permet pas, pour la seconde année, de participer à ce devoir de mémoire comme nous le voudrions.

Voici la suite de ces quelques éléments de cette histoire locale et nationale que nous ne devons pas oublier. Ces divers documents ont été commentés lors de nos réunions d’histoire locale en visioconférence en avril 2021.


Libération de Pérenchies en septembre 1944. Quelques femmes rassemblées sur la Grand’Place célèbrent l’événement. Document SPMC numéro 2 531 Ter.

 


Philippe JOURDAN

Président de l’association d’histoire locale « Si Pérenchies m’était contée… »

5 mai 2021.

 

LA FAMILLE CAYZEELE ET LA RESISTANCE

Daniel CAYZEELE a fait parvenir à notre association plusieurs feuillets rédigés par son père, Henri CAYZEELE, né le 29 juin 1927 à Houplines, marié à Pérenchies en 1946 et par son grand-père, Arthur CAYZEELE, né le 15 avril 1900 à Houplines.

Durant la guerre, Arthur et Henri vivaient à Pérenchies. Tous les deux, ils participèrent à des actes de résistance.

 

Arthur CAYZEELE fleuri. Document non daté.
Photo de la famille Cayzeele remise à SPMC pour copie.



1er feuillet écrit par Henri. Extraits.

 

Henri CAYZEELE. Service national en 1947.
Photo de la famille Cayzeele remise à SPMC pour copie.

 

« Je puis affirmer que mon père Arthur Cayzeele fut, pendant toute l’occupation, membre  des Forces Françaises de l’Intérieur. Je fus témoin bien souvent, pour l’avoir aidé, d’actes de propagandes contre l’ennemi par mon père (collage d’affiches, distribution de tracts, nettoyage d’armes, …). Je me rappelle surtout de nombreuses perquisitions faites chez nous par la police allemande… Un matin, étant seul chez moi, je gardais mes frères et mes sœurs, deux inspecteurs allemands se présentèrent pour perquisitionner. Etant donnée l’absence de mes parents et mon refus de les laisser entrer, ils allèrent quêter deux témoins dont le garde-champêtre dans l’avenue du Kemmel. Après avoir mis toute la maison et la cour, sens dessus-dessous, ils s’en retournèrent bredouilles. Je m’empressais alors de courir à la rencontre des parents qui arrivaient. .. »   


Henri CAYZEELE et Yvonne VERSLYPE le 18 août 1959.
Photo de la famille Cayzeele remise à SPMC pour copie.

 

Autres feuillet écrits par Arthur. Extraits.


Arthur CAYZEELE. Photo d’identité non datée.
Photo de la famille Cayzeele remise à SPMC pour copie.

 

«C’est en fin du mois de juillet 1940 que le camarade Louis CHIEUS, d’Ennetières en Weppes, est venu me solliciter pour organiser des groupes de résistance à Pérenchies. Je réussis à avoir 7 groupes de trois hommes, 1 de quatre, et le mien que je formais avec Achille TAMPERE que j’avais choisi comme homme de confiance. Nous étions donc 27 hommes et femmes. Nous distribuions et affichions des tracts patriotiques qui étaient édités par « France d’abord ». Nous ne savions pas où se trouvait l’imprimerie clandestine. Les tracs étaient en français et en allemand.

Puis, Louis m’a donné l’ordre de saboter les lignes téléphoniques. Avec prudence, nous coupions des fils vers Pérenchies, Prémesques, Lompret, le Fort d’Englos, Lambersart et nous sabotions des camions militaires en plaçant des clous en-dessous des véhicules stationnés. Nous avions récupéré des fusils, des révolvers, des balles, de la poudre que les soldats anglais et français avaient abandonnés lors de la débâcle et les avions camouflés un peu partout, moi rue de la Pannerie,  chez Jules DEGRAEVE, dans un vieux puit abandonné près de la briqueterie, chez la vieille Madame BEAUPREZ,  face à la ligne de chemin de fer au pont Ballot, chez Edouard LOGIER au Fresnel, chez la veuve DEPOORTER à Prémesques, chez Henri SAMSON, rue Kemmel, et à la Buvette POLET, rue de la Prévôté.


Avenue du Kemmel entre les deux guerres.
Document SPMC numéro 1 203.


On a reçu l’ordre de tout donner aux francs-tireurs. Jules HOLLEVOET les transmettait à d’autres groupes sur Lomme ou Tourcoing. J’ai passé 4 fusils, des révolvers et des balles à Jean DESREUMAUX de Prémesques et à Fernand WATERBLEZ de la rue Kuhlmann et d’autres à Jean DECROCK de la rue de la Prévôté. D’autres venaient chez moi avec un petit sous cassé en deux comme signe de reconnaissance.

J’étais en liaison avec Louis et Henri CHIEUS d’Ennetières, Louis PATTINIER de Lomme, Jules DEGRAEVE de Lambersart, André PIERRARD de Bailleul, VANSTEENKISTE  de Nieppe, Jules WOLLEVOET de Lomme, de Simon de Verlinghem, de Jean DESRUMEAUX, de Roger LECERF de Prémesques, de Fernand WATTERBLEZ, d’Edouard LOGIER du Fresnel, d’Achille TAMPERE, Grégoire VERSTRAETE de Pérenchies ainsi que sa femme Blanche, Maurice VERBECKE.

On faisait des réunions chez moi jusqu’au jour où je fus continuellement perquisitionné. 

Le 18 septembre 1941, la police est venue me chercher pour passer à l’anthropométrie à la mairie de Pérenchies tellement j’étais connu. On a alors distribué les tracts en 1943 du côté de Laventie, de la Gorgue et d’Estaires. On les collait sur les poteaux télégraphiques pour démoraliser les soldats allemands. 

J’ai aussi distribué des cartes de ravitaillement de pain et de denrées diverses aux réfractaires ainsi qu’à des parents de déportés. On les passait sous les portes dans des enveloppes pour ne pas être reconnus.

Au début de 1942, j’ai pris trois chevaux blessés par des éclats de bombes et les ai fait abattre pour donner de la viande à la population de Pérenchies qui pourra en témoigner. 

Lorsqu’on portait des messages, nous avions un code. On se frottait la jambe droite, parfois la gauche pour se faire reconnaître. Je me faisais accompagner d’une femme afin de paraître moins suspect. Parfois, c’était Blanche Verstraete de la rue Philippe de Girard, parfois Jeanne Tampère de la rue Leplay et, parfois, ma femme.

Un jour, je vis beaucoup de soldats allemands entrer au Fort d’Englos et j’ai donc prévenu Fernand WATTERBLEZ qui faisait partie des francs-tireurs. Il a ainsi prévenu son groupe et m’a félicité de l’avoir prévenu.

En mars1941, je revenais de la Mitterie où j’étais allé chercher du matériel avec ma femme et Madame DEPOORTER qui poussait une voiture d’enfant chargée à bloc. En entrant dans la rue de la Pannerie, ma rue, mon garçon âgé de 13 ans qui était resté soigner les plus petits à la maison, nous voyant revenir de loin accourut pour nous prévenir que la sureté perquisitionnait la maison. Mme DEPOORTER a eu la présence d’esprit de faire demi-tour immédiatement et est retournée chez elle à Prémesques à la Collerie pour camoufler le matériel. Je pris une autre direction tandis que ma femme continuait seule pour rentrer à la maison. Je suis parti chez Mme BEAUPREZ au Pont Ballot pour me cacher. Je la remercie.

 

La rue de la Pannerie entre les deux guerres.
Document SPMC numéro 1 185


Le premier jour quand les Allemands sont entrés dans Pérenchies, j’ai été réquisitionné par les officiers alors que je passais rue de Lille pour aller ramasser les soldats Nord-Africains morts à seule fin de les conduire au cimetière de Pérenchies. J’ai conduit les blessés à l’hospice de Pérenchies où on avait installé une infirmerie de fortune puisqu’il n’y avait plus de docteur à Pérenchies. J’ai réussi à prendre le révolver dans la gaine d’un lieutenant français qui avait été tué au volant de sa voiture.

Au même moment, une femme étrangère à la ville devait accoucher. J’ai appelé mon ami DELMOTTE qui était épicier rue Carnot pour conduire cette femme à Lille à la maternité. L’officier allemand accepta que Madame Julia DELBECKE les accompagne. Malheureusement, quand la voiture arriva au pavé de Pérenchies, face à la briqueterie de Lambersart, ils furent mitraillés par des soldats nord-africains couchés en position de tir de chaque côté de la route. Mon camarade DELMOTTE fut tué sur le coup. S’apercevant que la voiture était occupée par des civils, leur chef fit cesser le feu. La femme arriva juste à temps pour accoucher.

En 1944, on a chassé les Allemands du territoire de Pérenchies. Nous avons attaqué la mairie pendant que les Allemands nous mitraillaient en se sauvant.


Libération de Pérenchies en septembre 1944. Présence à droite d’un FFI : Michel DEBRUYNE. Document SPMC numéro 5 602

 

Nous avons occupé la mairie puis nous nous sommes ré »unis entre tous les résistants de la commune  et nous avons formé un comité de Libération de 23 membres. Nous avons désigné un maire et des adjoints et comme membre de la résistance FTPF, je fus nommé conseiller municipal.

Un peu plus tard, j’ai été convoqué au bureau militaire de Lille, place du théâtre, puisque j’étais engagé volontaire comme soldat de la 5ème compagnie, 3ème bataillon du groupe Fontaine numéro matricule 6 072. J’ai été autorisé à porter l’insigne FFI numéro 212,738. J’ai touché plusieurs fois une prime de combattant de la résistance.

J’avais fait, peu après, ma demande pour avoir la carte de combattant mais, malheureusement, j’ai négligé de répondre au questionnaire que j’avais reçu de la Préfecture. La gendarmerie militaire est venue plusieurs fois chez moi pour m’engager à compléter mon dossier. Je ne m’en suis jamais occupé et mon dossier est toujours à la Préfecture avec mes photos et je regrette de ne pas avoir continué.


Arthur CAYZEELE et deux de ses fils : Henri et Jean. Années 50/60.
Photo de la famille Cayzeele remise à SPMC pour copie.

 

Il est à noter que mon fils Rémy a été pris pour moi à l’âge de 18 ans par la gestapo. Il a été envoyé à la prison de Loos pour 3 mois puis envoyé ensuite au camp de Ravensbruck en Allemagne jusqu’à la fin de la guerre. Il fut libéré par l’armée russe après 18 mois de camp de concentration. Il fut victime de la résistance. Il faisait partie d’un de mes groupes de trois, en triangles. Je pense que si c’était moi qui avais été pris, je ne serai certainement plus revenu. On m’aurait peut-être fait mourir là-bas en Allemagne comme beaucoup de mes camarades.

J’ai aussi autorisé mon fils Jean à s’engager au début 44, à l’âge de 15 ans. Il est allé au 3ème génie de sapeurs, 17ème compagnie et il a aussi sa carte de FFI, ayant chassé l’ennemi de notre pays. J’ai fait et aider à beaucoup de choses pour saboter la machine de guerre allemande à seul fin de les chasser de notre pays. Il est assez difficile de se rappeler de tout ce que l’on a fait. On peut toujours prendre des renseignements sur mon compte dans Pérenchies concernant mon activité sur la résistance.

Fait à Pérenchies le 15 février 1946.»

 

RECHERCHE D’ARCHIVES

 

Arthur CAYZEELE et 4 de ses fils. Années 50/60 ?
Photo de la famille Cayzeele remise à SPMC pour copie.

 

En 1933, la famille Cayzeele habite  rue de la Pannerie.

La famille est arrivée à Pérenchies le 5 avril 1933 venant de Prémesques.

Arthur était né le 15 avril 1900 à Houplines. Il était ouvrier d'usine. Il avait épousé à Armentières Raymonde Comyn le 7 août 1920. Elle était née à Pérenchies le 30 novembre 1902. Elle était ménagère.  


La famille d’Arthur CAYZEELE.
Photo non datée de la famille Cayzeele remise à SPMC pour copie.

 

Plusieurs autres personnes sont dans le foyer :

Rémy, né le 30 01 1923 à Houplines,

Agnès, née le 05 09 1924 à Armentières,

Henri, né le 29 06 1927 à Houplines, marié à Pérenchies le 30 11 1946,

Jean, né le 26 02 1929 à Prémesques,

Christiane, née le 10 01 1932 à Prémesques,

Renée, née le 24 08 1933 à Pérenchies,

Marceau, né le 19 09 1933 à Pérenchies,

Gilbert, né le 04 09 1938 à Pérenchies,

Georges, né le 12 02 1941 à Pérenchies,

Claude, né le 18 06 1942 à Pérenchies et DCD le 18 09 1942. 

Andrée, née le 11 05 1944 (? date un peu difficile à lire) à Pérenchies.


Arthur CAYZEELE et 6 de ses fils : Jean, Georges, Rémy, Marceau, Henri et Gilbert.
Photo non datée de la famille Cayzeele remise à SPMC pour copie.



LA SECTION DES PRISONNIERS DE GUERRE

Après la guerre 1939/1945, une section d’anciens prisonniers sera constituée à Pérenchies. Elle rassemblera entre 100 et 200 personnes.

Un drapeau sera confectionné. Il est aujourd’hui en dépôt dans notre association.

 

Remise du drapeau à la section pérenchinoise des anciens prisonniers de la guerre 1939/1945,
devant le monument aux Morts de la Grand’Place.
Document SPMC numéro 2 775.


Les anciens prisonniers de guerre devant la mairie. Après la guerre.
Document SPMC numéro 5 874.


Le drapeau des associations des prisonniers de guerre, section de Pérenchies 1940/1945.
Objet SPMC numéro 1060


Quelques membres de la section des anciens prisonniers de guerre,
 avec le maire Roger Dutriez, lors du 8 mai 1995. Salle de l’Europe.  
Document SPMC numéro 6 018


Défilé pour le 8 mai 1945, rue de la Prévôté, devant la buvette de M. POLET.
Document SPMC numéro 256.


Défilé rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc) le 8 mai 1945
devant la maison du Docteur NUYTS.  
Document SPMC numéro 6 119.


Cérémonie du 8 mai 1995. Stèle des anciens combattants.
Document SPMC numéro 6 017.


Cérémonie d’hommage pour la Déportation. Avril 2019.
Une partie de la section UNC de Pérenchies.
Photo Christiane LEGRAND.

 

Philippe JOURDAN

Président de SPMC.

Avril 2021.

 

Logo 8 mai 1945.

 

 

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Philippe JOURDAN. Si Pérenchies m’était contée…

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 Correction et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog.

mercredi 5 mai 2021

Evocation de la seconde guerre mondiale. 1939/1945. Partie 1 sur 2.

  

Le monument aux morts de la Grand'Place en novembre 2020.
Photo ville de Pérenchies.


Dimanche 25 avril 2021, a été commémoré, dans toute la France, le souvenir de la déportation et ce 8 mai 2021, on va célébrer la fin de la seconde guerre mondiale.

La pandémie que nous connaissons ne permet pas, pour la seconde année, de participer à ce devoir de mémoire comme nous le voudrions.

Voici quelques éléments de cette histoire locale et nationale que nous ne devons pas oublier. Ces divers documents ont été commentés lors de nos réunions d’histoire locale en visioconférence en avril 2021.

 


Pavoisement rue Kuhlmann à l’occasion de la fête de la Libération en 1945.
Document SPMC numéro 2 501.


Philippe JOURDAN

Président de l’association d’histoire locale « Si Pérenchies m’était contée… »

5 mai 2021.

 

LE BOMBARDEMENT DE LOMME DELIVRANCE EN AVRIL 1944

La Voix du Nord a évoqué, il y a 77 ans, dans la nuit du 9 au 10 avril 1944, le bombardement de la gare de triage de Lille-Délivrance un peu après minuit et en deux vagues par 228 avions anglo-américains qui ont déversé plus de 2 200 bombes détruisant les alentours et les villes voisines.

A Lomme, il y eut 4 000 maisons détruites, plus de 600 morts et des milliers de blessés.

 

A Pérenchies, il y eut des conséquences.

Document 1

Enquête après la guerre  1939/1945, rédigée par le maire de Pérenchies en 1950.

Marie-Claude VERVISCH l’a retrouvée aux archives du Nord sous la cote 3 T 1816

- Le territoire de votre commune a-t-il été bombardé, par les alliés de 1940 à 1945 ? Oui.

A quelles dates ?

1er : le 11 avril 1944

(NDLR : selon les sources, le bombardement a eu lieu dans la nuit du 9 au 10 avril 1944 vers minuit).

Le 2ème : le 26 août 1944.

Quel objectif visaient-ils ?

1er : gare de Lomme-Délivrance.

2ème : train en gare de Pérenchies

Cet objectif a-t-il été atteint ?

1er : oui.

2ème : non.

Des dégâts ont-ils été commis par les bombardements alliés ? Oui.

Y a-t-il eu des maisons détruites ? 6.

Y a-t-il eu des victimes ? 6.

 

Document 2

La carte de la situation géographique du bombardement.

 

Carte du bombardement de Lille/Lomme Délivrance dans la nuit du 9 au 10 avril 1944.
Sources INTERNET : Site "France-Crashes 39/45 " et " Tragédies en France (1953)
par Mgr L. Détrez et Ambert Chatelle ".

 

Document 3

L’évocation dans notre Blog du 31 juillet 2019 de l’événement et des conséquences par Pierre Haigneré, réfugié à Pérenchies en avril 1944.

 « Le 10 avril 1944, un déluge de bombes s’abattait sur la cité de Lille Délivrance et sur la gare de triage faisant un grand nombre de victimes et provoquant d’immenses destructions dans la gare mais surtout sur les maisons des cheminots dont plus de la moitié était dévastée et rendue inhabitable.

Ma famille vécut cet enfer, blottie sous l’escalier, et sortit quasiment indemne pour rejoindre les autres habitants qui, hébétés, contemplaient la désolation du quartier et essayaient avec des moyens dérisoires de sauver les personnes enfouies sous les décombres.

Pendant deux à trois jours, nous errâmes dans des abris provisoires mis à disposition par des voisins compatissants mais il fallut rechercher un logement plus pérenne et nous prîmes la route avec une carriole tirée par un âne emmenant le peu de mobilier pas trop endommagé pour nous réfugier chez une vieille dame propriétaire d’une ancienne forge au hameau du Fresnel entre Pérenchies et Houplines composé de quelques fermes et de maraîchers.


Pierre Haigneré à l’âge de 7 ans, un an avant les faits racontés.
Document SPMC.


Ce fut une vraie surprise pour mes parents, mes deux frères et moi-même. Agé de 8 ans, je découvrais un monde rural jusqu’alors inconnu qui ouvrait des espaces immenses consacrés à l’agriculture et au maraîchage d’où étaient absents les commerces traditionnels mais surtout l’école, le stade et la piscine que je fréquentais assidûment dans mon quartier cheminot aujourd’hui anéanti.

Nous étions devenus des « sinistrés » ou selon le cas, des « réfugiés ». Une nouvelle vie commençait avec de nombreuses contraintes….

Lomme le 13 novembre 2018. »

 

Document 4

Ma vie à Pérenchies pendant la guerre 39/45 par Madame MARSELOO.

« On avait aussi hébergé pendant plusieurs mois un couple de rescapés du bombardement de Lille Délivrance. Cette nuit-là, on s’est tous réveillé et on s’est caché dans une petite pièce dans le noir jusqu’au matin. Une bombe est tombée au Grand But et d’autres vers Verlinghem. On a eu très peur. Il y avait souvent des alertes mais jamais si près ».

 

Mme Marseloo et sa fille et le café de la Place
Document SPMC numéro 252


Document 5

Le 10 avril 1944, le bombardement de Lille-Délivrance par François BAILLET (juillet 2004)

« La nuit est printanière. A la recette des PTT à Pérenchies, tout le monde dort. Je suis réveillé par le ronronnement d’un moteur d‘avion. Ma chambre qui est au premier étage s’ouvre par deux fenêtres dont l’une donne rue de Lille et l’autre rue de la poste face au café tenu par Madame Denise SAPIN. Il n’y a ni volets ni persiennes mais seulement des doubles rideaux roses suffisamment épais pour ne pas laisser passer la lumière électrique filtrer à l’extérieur et installés par ma mère. L’avion s’est éloigné. Je n’entends plus le bruit du moteur.

Soudain, ma chambre est inondée d’une lueur rougeâtre et murs et plafond s’embrasent. Je me lève, soulève les double-rideaux. Dans le ciel, des fusées éclairantes. On voit comme en plein jour. On perçoit le bruit vrombissant d’une première vague de bombardiers. Je dégringole les escaliers qui conduisent à la cave.

Nous allons être bombardés, dit mon père. Cette cave, j’en avais une peur bleue. Elle avait été bien étayée certes, mais mon père avait décliné poliment l’offre de son voisin, le docteur Nuyts, de la faire communiquer avec la sienne prétextant qu’en sa qualité de gérant des fonds publics, percer le mur n’aurait pas été prudent. Pas d’échappatoire possible donc si la maison venait à s’effondrer. Enterrés vivants ! A cette seule idée, mon sang  se glace dans mes doigts, ma bouche, mes lèvres se dessèchent et, toujours ces vrombissements, ce sol qui tremble au fur et à mesure que les bombes, par chapelets entiers, la défoncent. Bref, pendant plus d’une heure, les escadrilles se succèdent, vague après vague. Que visent-elles ? Nous n’en savons rien. Nous l’apprendrons au lever du jour : la gare de triage de Lille-Délivrance.

Les bombes atteignent Lomme d’abord, la campagne puis Pérenchies. La dernière est tombée au pied d’un arbre situé à l’entrée du pré qui jouxte la propriété de Monsieur Louis Ducroquet, qui fait fonction de maire, 1 rue de Lomme. L’arbre est déraciné. La clôture ornementale qui limitait le terrain est gravement endommagée ainsi que le garage. Une poutre maîtresse de la toiture est sectionnée. Les éclats ont brisés les vitres ».

 

Charles LEMAHIEU, mort dans un camp d’internement en 1945.

Document 1. Une image mortuaire.

Sur le site de vente par correspondance DELCAMPE, une image mortuaire a été mise en vente. Elle évoque le décès de Charles LEMAHIEU, né à Pérenchies le 17 septembre 1924. Il vivait en Belgique..

 

Image mortuaire de Charles LEMAHIEU (1924-1945)
Site DELCAMPE.



Il était le fils de Georges LEMAHIEU et d’Antoinette DECLERCQ.

Il fut arrêté par la SS allemande le 20 juin 1943 et exilé en Allemagne le 20 janvier 1944.

Il est mort pour la patrie le 17 mars 1945 dans le camp de Siegburg.

 

Document 2. Les recensements.

1906

LEMAHIEU Charles, né en 1864 à Prémesques. Menuisier chez Agache. 26, rue de la Prévôté.

NOE Juliette, son épouse, née en 1865 à Pérenchies. Sans profession.

LEMAHIEU Louis, né en 1886 à Pérenchies. Leur fils. Mécanicien chez Agache.

LEMAHIEU Henri, né en 1886 à Pérenchies. Leur fils. Menuisier chez Agache.

LEMAHIEU Julia, née en 1888 à Pérenchies. Leur fille. Bobineuse chez Agache.

LEMAHIEU Adrienne, née en 1896 à Pérenchies. Sans profession.

LEMAHIEU Georges, leur fils, né en 1901 à Pérenchies. Sans profession.

1911

LEMAHIEU Adrienne est épeleuse chez Agache.

1921

LEMAHIEU Charles est contremaître chez Agache.

65, rue Gambetta.

LEMAHIEU Georges-Paul, leur fils, né en 1901 à Pérenchies est mécanicien chez Despatures. 

1926

LEMAHIEU Georges est ajusteur chez Agache.

7 avenue du Kemmel.

Sa femme, Antoinette DECLERCQ, née en 1898 à Ploegsteert (B). Epicière par la suite.

LEMAHIEU Charles. Né à Pérenchies en 1924.

Document 3. Recherches sur INTERNET.

SIEGBURG

Siegburg est une ville allemande entre BONN et OVERATH.

On y trouvait une prison où on rassemblait, entre autres, en attendant leur départ pour les camps de concentration, les prisonniers NN.

LES PRISONNIERS NN, « Nuit et Brouillard ».

C’est le nom de code afin de désigner ceux qui ont commis des infractions contre le Reich ou les forces d’occupation dans les territoires occupés.

 

Le travail. Dessin d’Henri GAYOT publié dans le site BLOG ADIRP 37-41
 avec l’autorisation de son fils André.
Janvier 2019. INTERNET.


Document du Ministère de la défense. Collection « Mémoire et Citoyenneté » numéro 36. Recherches sur Internet.

 « Lancée le 10 mai 1940, l’offensive du IIIe Reich en Europe occidentale impose à la Belgique, la Hollande, le Luxembourg, la Norvège et la France de vivre sous le joug de l’occupant. La résistance à l’envahisseur nazi s’organise dès les premiers mois.

Dans un premier temps, les sanctions contre ces actions de résistance sont fortes.

Leurs auteurs font l’objet de poursuites et sont condamnés soit à mort, soit à de lourdes peines de prison purgées en Allemagne.

Toutefois, ces poursuites n’ont pas le résultat escompté : les condamnés à mort deviennent des martyrs, tandis que procès, peines de prison et peines capitales contribuent à renforcer les cohésions nationales et la volonté de résistance.

Hitler envisage alors d’adopter d’autres mesures à l’encontre de ces résistants occidentaux.

On publie des décrets appelés NN (Nacht und Nebel).

Ces textes instaurent un statut spécial pour tous les opposants qui représentent un danger pour la sécurité de l’armée allemande et constituent des ennemis du Reich : saboteurs, communistes, opposants politiques, responsables de réseaux, agents parachutés…

"Le décret NN doit être appliqué aux cas : d'attentats à la vie et coups portés aux personnes ; d'espionnage ; de sabotage ; de menées communistes ; de fomentation de troubles ; d’avantages procurés à l'ennemi par aide portée au passage des frontières ; de tentative de gagner les forces armées ennemies ; d'aide portée aux membres des forces armées ennemies ; enfin en cas de détention illégale d'armes."

"Les audiences des tribunaux en Allemagne, compte tenu des "menaces à la sécurité nationale", doivent se dérouler à huis clos et dans le secret le plus absolu."

Ainsi, lorsque la police allemande arrête une personne soupçonnée d’entretenir des contacts "avec l’ennemi" dans l’un des cinq pays mentionnés, l’inculpé est traduit en justice dans son propre pays aux conditions que l’action judiciaire puisse être menée à son terme dans un délai de 8 jours et qu’une condamnation à mort soit prononcée.

Si ces conditions ne peuvent être remplies, l’intéressé est secrètement déporté en Allemagne pour y être soit interné en attendant de faire l’objet de poursuites judiciaires, soit emprisonné dans un camp de concentration sous le sigle NN où il est condamné à mourir d’épuisement par le travail et les mauvais traitements. 

Un débat anime les historiens sur l’origine des termes « Nacht und Nebel ».

Sur le document en 1941, on remarque deux initiales « NN » qui peuvent désigner plusieurs choses : Non Nemo (personne) ou encore Norge und Nederland (Norvège et Hollande) où la loi est d’abord appliquée pour être ensuite étendue aux 3 autres pays.

Certains historiens penchent davantage sur « L’Or du Rhin », l’opéra de Richard Wagner, qui jouit de l’admiration d’Hitler. Un personnage lance une malédiction à l’autre en s’écriant « Nacht und Nebel gleich ! » c’est-à-dire « Nuit et brouillard tout de suite !". Aussitôt, la forme humaine du personnage maudit disparaît dans une colonne de fumée.

Cette justification "mythologique" serait l'allégorie des conditions particulièrement épouvantables que subissent les prisonniers NN dans les lieux d'internement et de déportation. Il faut intimider. Face aux actes de résistance et d’opposition, un simple emprisonnement, même s’il s’agit de la réclusion à vie, est interprété comme "un signe de faiblesse". Hitler exige la peine de mort ou "une mesure laissant la famille et la population dans l’incertitude quant au destin du coupable".

Dès leur arrivée au camp, les prisonniers NN sont distingués des autres prisonniers ; les lettres NN, aux couleurs vives, rouge ou jaune selon les catégories, sont peintes sur leurs vêtements, les exposant particulièrement aux sévices des gardiens SS ou des prisonniers de droit commun désignés comme surveillants des déportés.

Les témoignages concordent sur le sort particulier réservé aux prisonniers NN, la mort, rarement évitable, par différents moyens : la faim, le froid ou la chaleur torride, la maladie, l’épuisement. D’une façon générale, tout était savamment pesé, calculé, pour abêtir, avilir et faire disparaître des hommes dont la seule faute était d’aimer et de défendre leur patrie contre l’occupant nazi. Ils sont soumis à un régime pénitentiaire particulièrement féroce : les rations alimentaires sont moindres que celles des autres détenus ; ils sont pendant très longtemps interdits de soins infirmiers ; les sévices sont permanents : coups gratuits, humiliations, jeux sadiques, exécutions sommaires ; ils subissent les stations debout interminables sur les places d’appel ; aucune communication n’est permise avec leurs codétenus. De plus, ils sont employés à des travaux exténuants de terrassement, des travaux totalement inutiles, mais harassants.

Ces résistants meurent sans gloire ni sépulture, au nom d’une dignité niée ».

 

AVRIL 2021. MORT DE M. HUBERT FAURE DU COMMANDO FRANÇAIS KIEFFER.

Dans la nuit du 16 au 17 avril 2021, est décédé l’avant-dernier membre vivant du commando Kieffer, le seul bataillon français ayant participé au débarquement sur les côtes normandes le 6 juin 1944.

Hubert FAURE et 176 camarades avaient participé à cet épisode important de notre histoire nationale.

Il est mort à l’âge de 106 ans.

Le dernier survivant, Léon GAUTIER, est aujourd’hui âgé de 98 ans.

 





Hubert FAURE, membre du commando KIEFFER vers 1944.
Document INTERNET.









Hubert FAURE, membre du commando KIEFFER
lors de l'inauguration de sa rue dans sa ville natale de Neuvic
Document INTERNET



LE RESEAU VOIX DU NORD COMMEMORE SES 80 ANS

En avril 1941, il y a 80 ans, était publié le premier numéro de La Voix du Nord, un journal clandestin rédigé par Jules NONTOUR et Natalis DUMEZ. 65 exemplaires seront imprimés pour être distribués. La date présumée serait le 1er avril 1941 mais celle-ci ne figure pas sur le document. On ne sait pas non plus où il fut fabriqué. On suppose qu’il s’agissait du quartier de Fives à Lille.



Logo VOIX DU NORD. 5 mars 1942.
Document INTERNET.



En 1943, il sera tiré à 15 000 exemplaires.

M. DUMEZ sera arrêté et déporté en septembre 1942.

 

Natalys DUMEZ. Résistant.
Document INTERNET.


M. NOUTOUR est arrêté en septembre 1943. Il mourra en déportation en 1945.   


Jules NOUTOUR. Résistant.
Document INTERNET.

 

Le 5 septembre 1944, il paraît au grand jour sous le numéro 66 dont le rédacteur en chef est Jules HOUCKE.


Jules HOUCKE. Résistant.
Document INTERNET.


Plusieurs Pérenchinois vont s’illustrer dans le réseau VOIX DU NORD. Vous pouvez lire leurs actions dans les nombreux ouvrages réalisés sur ce thème ou dans les musées qui évoquent ce sujet comme au Musée de la résistance du Fort de BONDUES.

 

Photographie prise lors de la Libération de Pérenchies en septembre 1944. Rue de Lille, actuelle rue du général Leclerc. Lucien RIQUIER, Henri WUIDIN, Omer VERET ? et une autre personne. Mention en-dessous de « Mouvement Voix du Nord ».
Document SPMC numéro 5 288.



N’hésitez pas non plus à relire le dossier en trois parties réalisé en mai 2020 sur le thème de l’histoire de la guerre 1939/1945 à Pérenchies que vous pouvez découvrir sur notre Blog.

  

Le Bleuet de France.

 

Philippe JOURDAN

Président de SPMC.

Avril 2021.

 

 

 

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Correction et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog