dimanche 10 novembre 2019

MARIO SE RACONTE…


Souvenirs recueillis par Didier DELIGNE pour le C. F. I. P.
Texte proposé par Serge MOUTIEZ, président du CFIP
Illustré par des photographies de Florence CAPPELI.

« Je suis né en 1939 à Pietralunga, de parents cultivateurs. Ils possédaient 3 vaches (2 pour le trait et 1 pour le lait) et cultivaient le blé, la pomme de terre et la tomate.
Enfant, j’allais à pied à l’école à 1,5 km de la maison, mais avant, je faisais à pied, une tournée avec les 10 litres de lait quotidiens pour livrer dans le village (années 48-50).
Puis en revenant de l’école, j’allais en apprentissage à l’abattoir (lavage de boyaux !).
Cela ne me plaisait pas trop !!!
A 14 ans, j’essaie divers métiers en apprentissage jusque 15-16 ans dont la cordonnerie, la menuiserie, entremêlés de travaux des champs ou à la mairie de Pietralunga pour la construction de bâtiments pour les animaux.
Entre 16 et 18 ans, je travaille au Domaine des Forêts pour la plantation d’arbres, et, ayant eu un chien dressé à cet usage, je double mon salaire grâce à la recherche et à la vente de truffes !
Mais tout cela était précaire et à la mort de mon chien, à 18 ans, je décide de partir pour la France.
A l’époque, la majorité étant à 21 ans, il me fallait une autorisation officielle de mes parents réticents à me laisser partir. Puis mon père accepta, mais ce fût un déchirement pour ma mère.
C’est donc en 1957 que j’entame avec quelques autres un long voyage en bus, avec les repas, les hébergements …et les visites ! pris en charge par le Consulat d’Italie. Je traverse Perugia, Milano où j’apprends que 25 personnes de Perugia et environs sont requises pour aller travailler chez Agache à Pérenchies. Je passe ensuite une journée à Paris, avec des visites, puis j’arrive à Lille où nous sommes accueillis par Monsieur DROULERS, patron de l’usine Agache, le Consul d’Italie et un missionnaire italien.
Puis c’est le terme de mon voyage par mon arrivée à Pérenchies au centre d’accueil et d’hébergement des Ets Agache (actuellement le CAL) avec un confort de l’époque qui ravit tous les arrivants (chambres et douches !). Un repas d’accueil clôture cette journée.
Je commence alors un apprentissage dans une équipe féminine, qui m’apprend le maniement et l’entretien des machines. La direction voulait créer une équipe de nuit constituée d’hommes.
En même temps, je m’inscris à des cours gratuits de français à l’école de la rue Henri Bouchery. Au bout de six mois, je passe chef d’équipe dans la filature et prends en charge les blessés légers pour aller chez le médecin. J’exerce ce métier pendant une dizaine d’année, et, pour améliorer l’ordinaire, je travaille chez un producteur de fleurs, un travail pénible, notamment en été sous les serres.
En 1967, je m’inscris à un recrutement à la C.G.I.T. (l’ancêtre de Transpole). J’effectue trois mois de formation dont le deuxième à Paris avec passage du permis, et le troisième à Lille avec un tuteur pour mes premières tournées au volant. Puis je deviens autonome et devant mes bons et loyaux services, le directeur me confie l’apprentissage des nouveaux chauffeurs pendant les tournées. Je me risque à proposer et à faire accepter la création de la ligne vers Pérenchies.
J’ai aimé ce métier et le contact avec les gens et ne peux raconter ici toutes les anecdotes au long de tous ces kilomètres ! C’est avec fierté et sans accident que je termine ma carrière en 1997. Conduire nécessite un peu de détente et, à l’époque les bals sont une des rares distractions. Lors d’un bal, j’invite à danser une jeune fille qui m’appelle d’emblée par mon prénom ! alors que je n’ai appris qu’après qu’elle se prénommait Nadine…et que son frère avait été mon chef chez Agache !!!.
Une nouvelle famille franco-italienne est bientôt fondée qui donnera naissance à 2 filles : Caroline, l’aînée, et Sabrina, la Pérenchinoise, qui nous donneront chacune un petit garçon et une petite fille soit 4 petits enfants.
Pendant toutes ces années, j’ai toujours pensé à l’intégration de mes compagnons ou des nouveaux émigrés italiens et c’est suite à une entrevue au Consulat Italien, qu’à ma demande, des cours d’italien ont été mis sur pied en 1974 pour les 73 enfants d’émigrés. De là naît l’association Cercle Familial Italien de Pérenchies dont je fus deux fois président entre 1976 et 1998 (A cette date, c’est Primo Del Medico qui en prendra l’intérim).
Après un rapprochement avec la municipalité de Montone en 1993 puis ensuite Pietralunga en 1998, je participe à la création du jumelage Pérenchies/Pietralunga, dont nous fêterons les 20 ans en 2018.
En 1999, je retourne avec Nadine à Pietralunga pour y couler une retraite douce et heureuse. J’étais le dernier de mes camarades venus dans le Nord de la France à quitter Pérenchies… »
Propos recueillis le 11 mai 2016



 
Ancienne vue de Piétralunga.

Piétralunga en hiver. Années 60/70 ?
Carte postale de Piétralunga en noir et blanc non datée.

Recherche d’ouvriers pour l’usine AGACHE.
Document SPMC numéro 964

L’usine AGACHE en 1971. Les 3 ballots sous la neige.
Document SPMC numéro 963.

L’usine AGACHE de Pérenchies. Document SPMC numéro 750.

Le cercle des Italiens devenu aujourd’hui le Centre Social CAL Docteur NUYTS.
Document SPMC numéro 955.

Un bus des transports en commun passe sur le pont de Pérenchies.
Document SPMC numéro 4 850.
Réception de la délégation italienne de Montone vers 1993.
 
Mario FAGIANELLI vers 1993.

 
Serge MOUTIEZ (président du CFIP), Mario FAGIANELLI et Giuseppe MARTINELLI (époux de Carla MOSCATELLI) en 1998 dans la mairie de Piétralunga (Italie)

Affiche annonçant le décès de Mario FAGIANELLI

Philippe JOURDAN
10 novembre 2019
Photos SPMC, CFIP, Florence et Serge
Mise en page : Jean-Pierre COMPERE










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