mercredi 13 novembre 2019

La cérémonie du 11 novembre 2019

Carte patriotique de la fin de la guerre 1914/1918.
Document SPMC numéro 3 478.
Pour le 101ème anniversaire de la fin de la Première Guerre Mondiale, le temps ne fut pas clément pour les cérémonies du 11 novembre 2019. Le samedi 9 novembre, la traditionnelle veillée organisée par l’UNC se déroula sur la Place du Général de Gaulle en présence des élus, de la section locale de l’UNC et de quelques membres d’associations.

La veillée du samedi 9 novembre 2019.

Le dépôt de fleurs par Mme LEKIEN, Maire, et M. BRAME,
Président de la section locale de l’UNC , le 9 novembre 2019.

Lundi, la cérémonie se déroula aux Sapins Bleus à cause de la pluie. 
C’est un texte de Robert Becquart qui raconte la vie d’un enfant de 7 ans dans les ruines de Pérenchies qui servit de support à la cérémonie. 
« Lors de la guerre 1914/1918, j’avais 7 ans. Mon père, âgé de 42 ans, a été mobilisé, nous laissant, sa femme et ses quatre enfants.

Un enfant à Pérenchies parmi des soldats allemands durant la guerre 1914/1918.
Carte postale SPMC numéro 1 050.

Les Allemands sont arrivés de Verlinghem, par la rue de la mairie. Nous habitions dans le café face à l’école des garçons.

L’école des garçons, rue de la mairie, avant la guerre 1914/1918.
Carte postale SPMC numéro 1 045.

L’école publique des garçons rue de la mairie avant 1914.
Carte postale SPMC numéro 1 048.
Ils se sont installés. Au début tout le monde fichait le camp, mais quand il n’y eut plus que 100 personnes, les Allemands empêchèrent les derniers de partir.
Ils pensaient qu’ainsi les Anglais ne les bombarderaient pas.
La kommandantur était installée dans un café là où il y a aujourd’hui le calvaire.

La Nouvelle Aventure avant 1914. C’est aujourd’hui le Calvaire.
Carte postale SPMC numéro 1 085.

Un peu partout ils ont installé des canons.
Les Anglais étaient au Fresnel. On y trouve encore aujourd’hui, en labourant, des éclats d’obus.

Canon allemand à Pérenchies durant la guerre 1914/1918.
Carte postale SPMC numéro 3 108
Quand les Anglais allaient bombarder, ils prévenaient la population par 2 tirs d’obus coup sur coup et le bombardement commençait un quart d’heure après.
Alors, on rentrait à la maison se camoufler.

Soldats allemands à cheval en 1917 à Pérenchies.
Document SPMC numéro 6 564
A la pointe de la rue du moulin, il y avait un blockhaus. C’était l’entrée des tranchées. Les soldats y descendaient pour rejoindre la zone des combats. Au début, les soldats habitaient les maisons puis ils se sont installés à l’école des filles et à la brasserie. Pérenchies était une zone de repos pour les soldats qui revenaient des tranchées. On reconnaissait les Saxons, les Bavarois, les Prussiens à leurs boutons. Dans la cour de l’école des garçons, ils faisaient des revues. Gamins, on allait partout et j’allais voir tirer les canons.

Soldats allemands à Pérenchies dans un blockhaus. Guerre 1914/1918.
Carte  SPMC numéro 5 577.
On touchait le ravitaillement à la mairie. Le maire Bouchery, malade, était parti et avait été remplacé par Jules Drumez.
Pour se chauffer, il n’y avait plus de charbon. On prenait du bois dans les maisons abandonnées.
Parfois, on nous annonçait qu’il y avait eu des morts : le garde champêtre, une religieuse, des soldats.


L’église de Pérenchies en ruines. Guerre 1914/1918.
Carte postale SPMC numéro 3 724.
Un jour,  j’ai été fort marqué ! 4 très jeunes soldats allemands nous avaient demandé la route. On leur avait indiqué la rue Carnot pour prendre la direction de Prémesques. Un premier obus est tombé. Les quatre soldats sont entrés dans une maison pour se protéger. Le second obus est tombé sur cette maison. Quelle horreur !


Des soldats allemands dans l’usine Agache détruite. Guerre 1914/1918.
Carte postale SPMC numéro 1 092.

La mort était notre quotidien. On allait au cimetière, il y avait beaucoup de tombes d’enfants et on récupérait les perles des couronnes.
Mademoiselle Mangez a voulu faire l’école aux enfants qui restaient. Un jeudi, jour sans classe, un obus est tombé sur la classe. L’école fut fermée. Et cela dura 3 ans !
Nous les gosses, on mendiait et on volait n’importe quoi jusqu’aux fusils qu’on portait au cimetière.
On ouvrait les cartouches, on faisait des traînées de poudre, on mettait le feu et on faisait sauter les cartouches, inconscients du danger.
Rue de la mairie, en face de l’école, il y avait une barrière et une sentinelle. Les véhicules ne passaient pas. Il y avait là un café, siège de la société des trompettes. C’était aussi le dépôt de colis des soldats allemands.
Parfois, on y volait les colis non réclamés car les soldats avaient été tués.
Ma mère ne savait rien et ne voyait rien.

Cantine allemande à Pérenchies durant la guerre 1914/1918.
Carte postale SPMC numéro 3 380
La dernière année, ma sœur allait déplanter les pommes de terre semées la veille. On mangeait des rutabagas. Les frites de rutabaga,  c’est affreux !
On était devenus des petits sauvages mais on ne faisait pas de mal aux gens.
La nuit, à cause des bombardements, il fallait se lever et aller à la cave.
Parfois, on montait au grenier à cause des gaz asphyxiants.

Des soldats allemands à Pérenchies devant un canon.
Carte postale SPMC numéro 5 639.
Plusieurs fois, on vit des soldats casqués, en armes, qui fouillaient partout pour trouver des espions.
On allait chercher le pain à la mairie. On avait chacun son pain et on faisait des marques. Il fallait surveiller ma sœur de 14 ans qui mangeait le double, malgré les croix.
Un jour, on a fouillé la pharmacie pour trouver des cachous. On n’a trouvé que de la mort aux rats et du pétrole Hahn. Ma mère l’a utilisé à la place de la bière pour se frictionner les cheveux.
Le docteur était allemand et soignait les civils. Un jour, il a vu que ma sœur avait des taches dans les yeux. Il l’a sauvée et elle n’est pas devenue aveugle.
Une fois, en allant à la messe un dimanche, j’ai reçu un éclat d’obus de DCA, sans plaie mais avec un gros bleu. Je suis arrivé très fier à la fin de la messe avait mon pansement sur la poitrine !


L’église de Pérenchies durant la guerre 1914/1918. Cérémonie allemande sur la Grand’Place.
Carte postale SPMC numéro 1 362.

On a pu partir de Pérenchies au printemps 1917. On est resté 5 mois dans les Ardennes belges. On est alors allé à l’école où l’on apprenait la Brabançonne alors que je n’avais jamais appris la Marseillaise.
On est parti ensuite en Suisse.
Un jour, par le journal, on a su que mon père était vivant et qu’il reviendrait bientôt.

Soldats français dont des Pérenchinois dans le camp de prisonniers de Friedrichsfeld.
Guerre 1914/1918. Document SPMC numéro 3 446.
Un jour, nous sommes revenus à Pérenchies et la vie a recommencé… »

Retour à Pérenchies après la guerre 1914/1918.
Carte postale SPMC numéro 6 572.

Les ruines de la rue de Lille après la  guerre 1914/1918.
Document SPMC numéro 1 088.
Les ruines de la rue de la Prévôté. Après la guerre 1914/1918.
Document SPMC numéro 1 091.

Les ruines de la rue de la mairie après la guerre 1914/1918.
Carte postale SPMC numéro 1 155
Les ruines de la rue Agache après la guerre 1914/1918. Le retour des ouvriers.
Carte postale SPMC numéro 1 162.

                                                                                                                   Robert BECQUART



LA CEREMONIE DU 11 NOVEMBRE 2019

Vue panoramique de la cérémonie du 11 novembre 2019 aux Sapins Bleus.

Le discours de Danièle LEKIEN,
Maire de Pérenchies le 11 novembre 2019.

Les médaillés du 11 novembre 2019 :
Etienne DESRUMAUX, Daniel BROHY, Bruno DEWULF et Jean LIEVIN

Félicitations à Daniel BROHY, membre de notre association, pour sa médaille.

Quelques membres de notre association présents à la cérémonie du 11 novembre 2019.

Une autre vue de la salle lors de la cérémonie du 11 novembre 2019 aux Sapins Bleus.

Après la cérémonie aux Sapins Bleus, les élus, les membres de l’UNC, les médaillés, les 3 représentants de l’armée française, la police municipale, le Curé de la paroisse, quelques habitants et les musiciens de la Batterie Fanfare participèrent, sous la pluie, aux dépôts de gerbes au monument aux morts du cimetière et à la stèle, Place des Anciens Combattants.

La cérémonie au cimetière.

La cérémonie, place des Anciens Combattants.

L’après-midi eut lieu le traditionnel banquet au restaurant de l’Europe.

Philippe JOURDAN
13 novembre 2019.
Photographies :Bernadette ROELENS, Christiane LEGRAND, Patricia LESSART et Jean-Pierre COMPERE.
Documents SPMC, association d’histoire locale pérenchinoise.
Mise en page : Jean-Pierre COMPERE








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