Carte
patriotique de la fin de la guerre 1914/1918.
Document
SPMC numéro 3 478.
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Pour le 101ème anniversaire de la fin de la
Première Guerre Mondiale, le temps ne fut pas clément pour les cérémonies du 11
novembre 2019. Le samedi 9 novembre, la traditionnelle veillée organisée par
l’UNC se déroula sur la Place du Général de Gaulle en présence des élus, de la
section locale de l’UNC et de quelques membres d’associations.
Le
dépôt de fleurs par Mme LEKIEN, Maire, et M. BRAME,
Président
de la section locale de l’UNC , le 9 novembre 2019.
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Lundi, la cérémonie se déroula aux Sapins Bleus à
cause de la pluie.
C’est un texte de Robert Becquart qui raconte la vie
d’un enfant de 7 ans dans les ruines de Pérenchies qui servit de support à la
cérémonie.
« Lors
de la guerre 1914/1918, j’avais 7 ans. Mon père, âgé de 42 ans, a été mobilisé,
nous laissant, sa femme et ses quatre enfants.
Un enfant à Pérenchies parmi des
soldats allemands durant la guerre 1914/1918.
Carte postale SPMC numéro
1 050.
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Les
Allemands sont arrivés de Verlinghem, par la rue de la mairie. Nous habitions
dans le café face à l’école des garçons.
Ils se sont
installés. Au début tout le monde fichait le camp, mais quand il n’y eut plus
que 100 personnes, les Allemands empêchèrent les derniers de partir.
Ils
pensaient qu’ainsi les Anglais ne les bombarderaient pas.
La
kommandantur était installée dans un café là où il y a aujourd’hui le calvaire.
Un peu
partout ils ont installé des canons.
Les Anglais
étaient au Fresnel. On y trouve encore aujourd’hui, en labourant, des éclats
d’obus.
Quand les
Anglais allaient bombarder, ils prévenaient la population par 2 tirs
d’obus coup sur coup et le bombardement commençait un quart d’heure après.
Alors, on
rentrait à la maison se camoufler.
A la pointe
de la rue du moulin, il y avait un blockhaus. C’était l’entrée des tranchées.
Les soldats y descendaient pour rejoindre la zone des combats. Au début, les
soldats habitaient les maisons puis ils se sont installés à l’école des filles
et à la brasserie. Pérenchies était une zone de repos pour les soldats qui
revenaient des tranchées. On reconnaissait les Saxons, les Bavarois, les
Prussiens à leurs boutons. Dans la cour de l’école des garçons, ils faisaient
des revues. Gamins, on allait partout et j’allais voir tirer les canons.
On touchait
le ravitaillement à la mairie. Le maire Bouchery, malade, était parti et avait
été remplacé par Jules Drumez.
Pour se
chauffer, il n’y avait plus de charbon. On prenait du bois dans les maisons
abandonnées.
Parfois, on
nous annonçait qu’il y avait eu des morts : le garde champêtre, une
religieuse, des soldats.
Un
jour, j’ai été fort marqué ! 4 très
jeunes soldats allemands nous avaient demandé la route. On leur avait indiqué
la rue Carnot pour prendre la direction de Prémesques. Un premier obus est
tombé. Les quatre soldats sont entrés dans une maison pour se protéger. Le
second obus est tombé sur cette maison. Quelle horreur !
Des soldats allemands dans l’usine
Agache détruite. Guerre 1914/1918.
Carte postale SPMC numéro
1 092.
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La mort
était notre quotidien. On allait au cimetière, il y avait beaucoup de tombes
d’enfants et on récupérait les perles des couronnes.
Mademoiselle
Mangez a voulu faire l’école aux enfants qui restaient. Un jeudi, jour sans
classe, un obus est tombé sur la classe. L’école fut fermée. Et cela dura 3
ans !
Nous les
gosses, on mendiait et on volait n’importe quoi jusqu’aux fusils qu’on portait
au cimetière.
On ouvrait
les cartouches, on faisait des traînées de poudre, on mettait le feu et on
faisait sauter les cartouches, inconscients du danger.
Rue de la mairie,
en face de l’école, il y avait une barrière et une sentinelle. Les véhicules ne
passaient pas. Il y avait là un café, siège de la société des trompettes.
C’était aussi le dépôt de colis des soldats allemands.
Parfois, on
y volait les colis non réclamés car les soldats avaient été tués.
Ma mère ne
savait rien et ne voyait rien.
La dernière
année, ma sœur allait déplanter les pommes de terre semées la veille. On
mangeait des rutabagas. Les frites de rutabaga,
c’est affreux !
On était
devenus des petits sauvages mais on ne faisait pas de mal aux gens.
La nuit, à
cause des bombardements, il fallait se lever et aller à la cave.
Parfois,
on montait au grenier à cause des gaz asphyxiants.
Plusieurs
fois, on vit des soldats casqués, en armes, qui fouillaient partout pour
trouver des espions.
On allait
chercher le pain à la mairie. On avait chacun son pain et on faisait des
marques. Il fallait surveiller ma sœur de 14 ans qui mangeait le double, malgré
les croix.
Un jour, on
a fouillé la pharmacie pour trouver des cachous. On n’a trouvé que de la mort
aux rats et du pétrole Hahn. Ma mère l’a utilisé à la place de la bière pour se
frictionner les cheveux.
Le docteur
était allemand et soignait les civils. Un jour, il a vu que ma sœur avait des
taches dans les yeux. Il l’a sauvée et elle n’est pas devenue aveugle.
Une fois, en
allant à la messe un dimanche, j’ai reçu un éclat d’obus de DCA, sans plaie
mais avec un gros bleu. Je suis arrivé très fier à la fin de la messe avait mon
pansement sur la poitrine !
L’église de Pérenchies durant la
guerre 1914/1918. Cérémonie allemande sur la Grand’Place.
Carte postale SPMC numéro
1 362. |
On a pu
partir de Pérenchies au printemps 1917. On est resté 5 mois dans les Ardennes
belges. On est alors allé à l’école où l’on apprenait la Brabançonne alors que
je n’avais jamais appris la Marseillaise.
On est parti
ensuite en Suisse.
Un jour, par
le journal, on a su que mon père était vivant et qu’il reviendrait bientôt.
Soldats français dont des
Pérenchinois dans le camp de prisonniers de Friedrichsfeld.
Guerre 1914/1918. Document SPMC
numéro 3 446.
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Un jour,
nous sommes revenus à Pérenchies et la vie a recommencé… »
Les ruines de la rue Agache après la
guerre 1914/1918. Le retour des ouvriers.
Carte postale SPMC numéro
1 162.
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Robert BECQUART
LA CEREMONIE
DU 11 NOVEMBRE 2019
Après la
cérémonie aux Sapins Bleus, les élus, les membres de l’UNC, les médaillés, les
3 représentants de l’armée française, la police municipale, le Curé de la
paroisse, quelques habitants et les musiciens de la Batterie Fanfare
participèrent, sous la pluie, aux dépôts de gerbes au monument aux morts du
cimetière et à la stèle, Place des Anciens Combattants.
L’après-midi
eut lieu le traditionnel banquet au restaurant de l’Europe.
Philippe
JOURDAN
13 novembre
2019.
Photographies :Bernadette ROELENS,
Christiane LEGRAND, Patricia LESSART et Jean-Pierre COMPERE.
Documents
SPMC, association d’histoire locale pérenchinoise.
Mise en page : Jean-Pierre COMPERE
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