Texte écrit par Philippe JOURDAN reconstitué à partir des textes ou des souvenirs d'Alphonse DAVID, de Paulette VANDENBILCKB POLET, de Jean POUPART, de Liliane CHARLET GRUSON et de François BAILLET.
Voici maintenant 3 mois que les alliés ont débarqué sur la côte normande.
L'armée allemande recule mais reste dangereuse.
Nous sommes le mercredi 6 septembre 1944.
La population suit l'avancée des troupes à la radio. Lille est déjà libérée.
En attendant l'heure tant espérée, les drapeaux tricolores sont déjà sortis de leurs cachettes et sont prêts sous les lits ou dans les greniers. Certains, lavés, sèchent sur des cordes à linge installées dans les cuisines. D'autres sont confectionnés avec des étoffes de récupération.
C'est par la rue de Lille, aujourd'hui la rue du général Leclerc, que le bruit des premiers chars est entendu en ce début d'après-midi. Le char de tête s'arrête à hauteur de la poste.
Avant de franchir le pont, il faut savoir où se trouvent les troupes allemandes. Celles-ci sont encore dans les environs, vers Verlinghem. Telle est l'information transmise par les lignes téléphoniques. La colonne blindée en profite pour une pause bien méritée.
Il fallait néanmoins faire encore attention. Les Allemands tiraient sur tout ce qui bougeait. Les gens se tenaient dans les caves. Dans les bas de la Prévôté, on entendait tirer.
Enfin, la bonne nouvelle se répand de bouche à oreille, de rue à rue, de quartier à quartier...
Pérenchies est libérée des troupes nazies d'occupation.
Quelle joie !
La population pérenchinoise voit enfin ses libérateurs. Pérenchies est libérée. Les rues sont envahies par des femmes, des enfants et des hommes pour qui ce jour sera le plus beau de leur vie.
Les cloches sonnent. Ce jour tant attendu est arrivé. Les chars sont entourés. Les enfants montent dessus. Les jeunes filles embrassent les soldats anglais, leur envoient des fleurs et distribuent des boissons. En retour, des bonbons, des chocolats et des cigarettes sont distribués à la population en liesse. Les commerçants offrent à leur tour quelques-unes de leurs denrées. Dans les cafés, on sort quelques bouteilles cachées au fin fond de l'arrière salle.
On trinque, on s'embrasse. Une mère tient ses deux enfants par la main. Le papa ne reviendra pas ... Elles ne le savent pas encore.
L'heure est à la joie, à l'émotion, au soulagement après tant d'incertitude.
On en profite pour immortaliser l'événement grâce à quelques appareils photographiques. Les jeunes filles semblent avoir revêtu leurs plus belles tenues. Elles se sont faites belles pour les libérateurs. Des sourires sont sur tous les visages. On n'oublie pas néanmoins l'être cher disparu ou encore prisonnier à l'étranger.
Des rubans bleu, blanc, rouge sont accrochés dans les cheveux. Les mères confient leurs bébés aux soldats émus pour une photographie. Chaque fenêtre ou presque est décorée.
Quelques fleurs rapidement cueillies dans les jardins sont hâtivement rassemblées en bouquet.
Ceux-ci sont offerts aux jeunes soldats britanniques. Des chars, des camions, des motos et d'autres véhicules constituent cette colonne de la liberté.
C'est la fin de quatre années d'occupation, de privations et de vexations.
Les gens agitent des drapeaux et les rues sont rapidement, comme par magie, pavoisées aux couleurs nationales.
Libres, nous étions libres. Jamais ce mot n'avait pris autant de valeur que ce 6 septembre.
19/08/2014
Philippe JOURDAN
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