vendredi 13 janvier 2017

Nous étions à Lambersart le 25 novembre 2016 ou l’histoire du réseau Sylvester-Farmer



Passionnée, passionnante, intarissable et rigoureuse sur le sujet, Danièle Lheureux, nous a fait revivre l’histoire, plutôt l’HISTOIRE du réseau Sylvester-Farmer pendant la seconde guerre mondiale dans toute la région du Nord de la France.
Mise au défi par son fils, parce qu’elle n’avait « même pas passé le baccalauréat », il n’en a pas fallu plus à Madame Lheureux qui a repris ses études.
Alors qu’elle devait réaliser un mémoire, le thème choisi fut celui de la résistance dans le Nord. Pour Danièle Lheureux, née en 1943,  ce thème est devenu sa raison de vivre, il est devenu sa mémoire.

Beaucoup de documents ont été écrits sur le sujet, mais jamais elle ne s’en contentera et sera fort exigeante. On peut écrire qu’elle a su pénétrer le réseau, se faire accepter parmi les résistants encore vivants et après avoir reçu leur confiance, elle les a côtoyés, elle est devenue leur mémoire.
Elle a rencontré le colonel Maurice James Buckmaster, officier de la 50ème division dans l’armée britannique, devenu le chef pour la section Française  du S.O.E (Special Opérations Exécutive).. Il parle bien l’allemand et couramment le français.
C’est lui qui recrutera Michaël Trotobas, le futur Capitaine Michel. Ce dernier mettra en place en France l’ensemble du réseau. Après avoir été tué par les Allemands, les armes à la main, le Capitaine sera remplacé par Michel Séailles qu’elle a également pu rencontrer.

Danièle Lheureux est tenace, les récits ne suffisent pas, alors elle obtient les preuves, les écrits authentiques réalisés par les résistants, les faux-papiers, les cachets et même le drapeau fabriqué au moment de la libération.
Depuis 1988 ses livres relatent avec précision les faits, mentionnent les noms de ces résistants, leurs noms d’emprunt, donnent leur matricule. Elle raconte les différentes périodes et les diverses organisations en particulier avant et après la mort du Capitaine Michel. Elle donne le détail des branches du réseau dans les régions avec le nom des chefs dans chacune d’elles.
Durant toute sa conférence, devant un auditoire avide de connaissances, et qu’elle a rapidement captivé, elle nous a fait revivre la mise en place de ce réseau, le recrutement de ses membres, leur formation, l’envoi des messages vers Londres, la recherche des terrains pour les parachutages, la réception du matériel avec fusils, explosifs, émetteur, sa filière d'évasion par l'Espagne pour rejoindre Londres pour les aviateurs abattus ou les résistants en danger,  la solidarité entre les équipes, les arrestations suite aux dénonciations. Toutes les informations données, pleines de précisions, sont rigoureusement augmentées.

Sensible et émouvante, Madame Lheureux avec son récit très vivant, sans aucun temps mort, nous a fait pénétrer au cœur de ce réseau, parmi les hommes de l’ombre. Elle a aussi rappelé que le but  de ces diverses actions réalisées était de perturber toutes les actions des Allemands sans jamais entraîner des représailles pour la population. Certains bombardements étant jugés trop risqués, ils intervenaient alors directement pour le sabotage des usines réquisitionnées ( Fives-Lille Cail, Desmet, rafinneries, etc), des écluses, des voies ferrées comme pour la voie ferrée d’Armentières-Houplines vers Pérenchies. Ils avaient fabriqué un crochet qui, une fois tiré par la locomotive, labourait les voies en cassant les traverses. Bien qu’étroitement surveillés, ils ont su, à de nombreuses reprises, incendier les wagons contenant la paille qui partait vers l’Allemagne. D’autres, en restant dans leur atelier, confectionnaient des tripodes. C’était le cas du maréchal ferrant de Pérenchies. Les tripodes étaient ensuite jetés en quantité sur les routes occasionnant de nombreuses crevaisons.

La confiance, que les résistants exigeaient entre leurs membres, Madame Lheureux la transmet par la véracité de ses récits, Je ne sais pas si, comme à l’époque, elle leur a signé un serment d’engagement. De toute évidence son travail remarquable va au-delà.
Si vous voulez connaître ce qui s’est passé dans la région et revivre un moment avec les résistants du réseau Sylvester-Farmer, alors aucune hésitation, il faudra un jour venir rencontrer Madame Danièle Lheureux, lire ses livres, et documents, allez voir l’une de ses expositions.

13/01/2017
Marie-Claude Vervisch
Membre de "Si Pérenchies m'était contée..."








Photos aimablement fournies par Weppes en Flandre

mardi 19 août 2014

Pérenchies libérée



Texte écrit par Philippe JOURDAN reconstitué à partir des textes ou des souvenirs d'Alphonse DAVID, de Paulette VANDENBILCKB POLET, de Jean POUPART, de Liliane CHARLET GRUSON et de François BAILLET.

Voici maintenant 3 mois que les alliés ont débarqué sur la côte normande.
L'armée allemande recule mais reste dangereuse.
Nous sommes le mercredi 6 septembre 1944.
La population suit l'avancée des troupes à la radio. Lille est déjà libérée.
En attendant l'heure tant espérée, les drapeaux tricolores sont déjà sortis de leurs cachettes et sont prêts sous les lits ou dans les greniers. Certains, lavés, sèchent sur des cordes à linge installées dans les cuisines. D'autres sont confectionnés avec des étoffes de récupération.
C'est par la rue de Lille, aujourd'hui la rue du général Leclerc, que le bruit des premiers chars est entendu en ce début d'après-midi. Le char de tête s'arrête à hauteur de la poste.
Avant de franchir le pont, il faut savoir où se trouvent les troupes allemandes. Celles-ci sont encore dans les environs, vers Verlinghem. Telle est l'information transmise par les lignes téléphoniques. La colonne blindée en profite pour une pause bien méritée.
Il fallait néanmoins faire encore attention. Les Allemands tiraient sur tout ce qui bougeait. Les gens se tenaient dans les caves. Dans les bas de la Prévôté, on entendait tirer.
Enfin, la bonne nouvelle se répand de bouche à oreille, de rue à rue, de quartier à quartier...
Pérenchies est libérée des troupes nazies d'occupation.
Quelle joie !
La population pérenchinoise voit enfin ses libérateurs. Pérenchies est libérée. Les rues sont envahies par des femmes, des enfants et des hommes pour qui ce jour sera le plus beau de leur vie.
Les cloches sonnent. Ce jour tant attendu est arrivé. Les chars sont entourés. Les enfants montent dessus. Les jeunes filles embrassent les soldats anglais, leur envoient des fleurs et distribuent des boissons. En retour, des bonbons, des chocolats et des cigarettes sont distribués à la population en liesse. Les commerçants offrent à leur tour quelques-unes de leurs denrées. Dans les cafés, on sort quelques bouteilles cachées au fin fond de l'arrière salle.
On trinque, on s'embrasse. Une mère tient ses deux enfants par la main. Le papa ne reviendra pas ... Elles ne le savent pas encore.
L'heure est à la joie, à l'émotion, au soulagement après tant d'incertitude.
On en profite pour immortaliser l'événement grâce à quelques appareils photographiques. Les jeunes filles semblent avoir revêtu leurs plus belles tenues. Elles se sont faites belles pour les libérateurs. Des sourires sont sur tous les visages. On n'oublie pas néanmoins l'être cher disparu ou encore prisonnier à l'étranger.
Des rubans bleu, blanc, rouge sont accrochés dans les cheveux. Les mères confient leurs bébés aux soldats émus pour une photographie. Chaque fenêtre ou presque est décorée.
Quelques fleurs rapidement cueillies dans les jardins sont hâtivement rassemblées en bouquet.
Ceux-ci sont offerts aux jeunes soldats britanniques. Des chars, des camions, des motos et d'autres véhicules constituent cette colonne de la liberté.
C'est la fin de quatre années d'occupation, de privations et de vexations.
Les gens agitent des drapeaux et les rues sont rapidement, comme par magie, pavoisées aux couleurs nationales.
Libres, nous étions libres. Jamais ce mot n'avait pris autant de valeur que ce 6 septembre.

19/08/2014
Philippe JOURDAN