mardi 23 avril 2024

Un de nos membres actifs nous raconte sa vie, Daniel BROHY. 1ère partie sur 4.

Notre association d’histoire locale rassemble des documents sur le passé de notre ville et l’histoire de ses habitants.

Il y a quelques années, Philippe JOURDAN, président de l’association « Si Pérenchies m’était contée… », émit l’idée que les membres actifs puissent raconter leur vie montrant ainsi que chacun peut ajouter un chapitre au grand livre de l’histoire locale des habitants de Pérenchies.

Il y eut un premier texte racontant la jeunesse d’Anne-Marie LAMBIN.

Puis, Marie-Thérèse PEULMEULLE raconta sa vie professionnelle chez Agache puis au service de la commune.

Le président ne resta pas en reste et quelques éléments de sa vie furent dévoilés à l’occasion d’une remise de médaille.

Il en fut de même pour Pierre DUFOSSEZ qui nous transmit quelques petites informations à l’occasion de la fin de son mandat de président de l’OMCL.

Aujourd’hui, Daniel BROHY et son épouse, Roselyne, se livrent à cet exercice.

Entrons donc dans l’histoire d’un Pérenchinois et que cela incite chacun à raconter sa propre histoire afin de permettre de garder celle-ci dans notre patrimoine.

N’hésitez pas à en faire de même. Pérenchies a une histoire. Ensemble, nous la retrouvons, la préservons et la transmettons.

 

Philippe JOURDAN

Président de SPMC.

Janvier 2024.




Je me nomme Daniel Louis Marcel BROHY et je suis né le 20 avril 1944 au Havre en Seine Maritime.

  


Mon père portait les prénoms de Louis Gabriel Eugène et avait épousé ma mère Emilienne MAREZ. Celle-ci mourra en 1945 d’une maladie « Chaud/Froid » due aux mauvaises conditions durant les bombardements anglais lors de la Seconde Guerre mondiale.

Mon père qui ne m’avait pas reconnu le fera sur le lit de mort de ma mère.


La maman de Daniel


Il se remarie et aura 3 filles de sa nouvelle épouse. On connaîtra alors plusieurs déménagements puis un divorce mettra fin à cette seconde union.

Mes 3 sœurs et moi-même sommes alors placés à la DDASS dans deux familles différentes. De 10 ans à 16 ans, je vivrai à Brametot, un village de moins de 200 habitants en Seine-Maritime en région de Haute-Normandie où j’apprendrai la menuiserie. Je suis accueilli par la famille ALOUETTE, Armand et Blanche.

  

L’église de Brametot.

 

La Place de Brametot.

 

Communion de Daniel BROHY à Brametot vers 1956.

Je travaille ensuite dans des fermes où on m’héberge jusqu’à 19 ans. Je suis alors appelé sous les drapeaux de juillet 1963 à décembre 1964.

 

Daniel BROHY à Brametot vers 1956. Avec Blanche ALOUETTE.

 

Livret militaire de Daniel BROHY. Vers 1963.

 

Service militaire de Daniel BROHY au 43ème RI à Lille en 1963.


 Je fais mes classes au 43ème R. I. à Lille avant de partir en Algérie à 80 km d’Oran, à Mostaganem. Je suis chargé du maintien de l’ordre et du rapatriement du matériel. Durant cette période, je ne serai pas confronté à des faits de guerre.

 

Daniel BROHY en Algérie. Vers 1963/1964.


Lors de mes classes à Lille, je découvre la petite ville ouvrière de Pérenchies lors de marches de nuit qui nous entraînent sur des chemins à travers les champs.

 

La Grand’Place de Pérenchies. Années 50/60. Carte postale.

 

Service national de Daniel BROHY en Algérie vers 1963/1964.
 Exercice à la corde.

 

Service national de Daniel BROHY en Algérie vers 1963/1964.Un village algérien au loin. 

 

Service national de Daniel BROHY en Algérie vers 1963/1964.
La place de Mostagenem.


Service national de Daniel BROHY en Algérie vers 1963/1964.
Vue de la Méditerranée et du port d’Oran.

 

Service national de Daniel BROHY en Algérie vers 1963/1964.
Le Djebel.

Durant quelques temps, j’ai correspondu avec une fille du Nord qui arrive à me faire rentrer ensuite, après mon armée, fin 1964, comme convoyeur chez Delespaul Havet à Marcq-en-Barœul.

 

L’usine DELESPAUL à Marcq-en-Baroeul.


 J’habite alors dans un foyer pour travailleurs, rue Voltaire, à Lille. Par la suite, je partirai rue de Gand, dans un café, le relais des postiers, qui, plus tard, deviendra le premier établissement de Claude THOMAS, les premières Folies de Paris.

Comme je n’ai que mon permis militaire, je ne peux pas conduire dans le civil et il faut que je le fasse valider. J’ai alors 21 ans.

Vers 1965/66, je décide de quitter Delespaul-Havet pour rentrer comme chauffeur chez GEFCO à Lille, porte des postes. C’était une société de transport Peugeot. Puis j’entre pour 2 ans à la brasserie Guérin à Saint-André. Comme je dois trouver un nouveau lieu d’hébergement, un des chauffeurs de la boîte m’héberge pour me dépanner.

Un jour, je fais la connaissance d’un agent d’assurance avec qui je sympathise. Il me dit habiter à Pérenchies entre Lille et Armentières et tenir le café de la cloche rue Edouard Agache, pas loin de l’entrée d’une grande filature industrielle, les Ets Agache. Il m’invite donc à y venir un jour boire un verre et, petit à petit, je m’y rends régulièrement le week-end. Je m’y fais des amis avec lesquels j’évoque mon service militaire et, parfois, on y danse.

C’est là que je rencontrerai, un jour, celle qui deviendra ma femme et avec qui, je fonderai ma famille. Elle se nomme Roselyne CASTELEIN.

 

Roselyne CASTELEIN et deux de ses amies, Marcelle MALLET et Jeanine DESOODT.
Ecole ménagère. Ets Agache. Années 60.

  
L’école ménagère des Ets Agache. Avec Roselyne CASTELEIN. Années 60.

 

L’école ménagère des Ets Agache. Années 60.
Marcelle MALLET, Geneviève THOMS, future belle-sœur de Roselyne,
Thérèse DALLESNES, future Mme DEFONTAINE et Roselyne CASTELEIN.


Le café de la cloche, rue Edouard Agache.
 Roselyne CASTELEIN et ses amies de la confection.
Au loin, l’entrée de l’usine Agache. Années 60.

  
Les Ets Agache de Pérenchies.


Ma future épouse est née à Prémesques le 12 mars 1949 sous les prénoms de Roselyne Louisette Marguerite. Elle est la fille de Romain Victor CASTELEIN et de Madeleine Jeanne Marguerite BARTIER. Elle est alors brodeuse aux Ets Agache de Pérenchies.

Elle a eu 3 frères, Serge, Jean-Pierre et Pierre.

 

Roselyne CASTELEIN, née en 1949, enfant.

 

Romain CASTELEIN, père de Roselyne BROHY-CASTELEIN.

  
Le mariage des parents de Roselyne.

 

Roselyne et son père.

 

La mère de Roselyne CASTELEIN.

 

La mère de Roselyne CASTELEIN.

  

La famille CASTELEIN. Rolande (tante), Lucienne (tante), Madeleine (mère), Josiane, Roselyne,
 Jean-Marc, un cousin en communiant, Romain (père), serge (frère),Fernand (oncle),
Chantal (cousine) et Roland (oncle).

  

Roselyne CASTELEIN.
Philippe JOURDAN

Président de SPMC

Janvier 2024.

  

Correction et mise en page : Jean-Pierre COMPERE

dimanche 21 avril 2024

Si Pérenchies nous était contée par les photographies et les documents…

Un correspondant de la Voix du Nord nous avait contactés en 2023 afin de préparer un dossier sur des cartes anciennes de Pérenchies.

Nous avions proposé une dizaine de lieux suivi d’un commentaire historique pour chacun. Malheureusement, seuls deux dossiers ont été publiés par le quotidien régional.

Nous vous proposons donc de découvrir ce travail réalisé par notre association sur notre blog et de vous en faire profiter.

Aujourd’hui, l’ancienne poste.

 

Philippe JOURDAN

Président de « Si Pérenchies m’était contée… »

Le 7 avril 2024.

 

La rue de Lille et l’ancienne poste avant 1914.
 Document SPMC numéro 1 072.

 

Nous sommes avant la guerre 1914/1918. Le timbre indique que l’expédition de la carte a eu lieu en 1909. Notre pays est encore en paix pour 5 ans et Pérenchies, depuis plus de 60 ans, vit à l’ombre de l’usine et de la famille Agache.

En effet, comment parler de Pérenchies sans évoquer la fabrique qui donne du travail, qui s’occupe des associations en donnant des cours, des professeurs, des locaux et des aides financières, qui ouvre même une école privée et dote généreusement les œuvres paroissiales sans oublier ses propres œuvres sociales ?


Carte postale seconde moitié du XXème siècle. L’usine Agache.
Document SPMC numéro 1 253.

 

D’ailleurs, le maire de l’époque, Henri BOUCHERY, est également le directeur de l’entreprise. La majorité des maisons appartient à la famille industrielle qui loue à ses ouvriers les maisons souvent dotées d’un petit jardin.

 

Henri BOUCHERY.
Document SPMC.

 

A cette époque, la rue n’est pas très large. Cela ne pose pas trop de problème car la circulation automobile est plutôt rare. Les fermiers, encore présents sur la ville, la traversent parfois avec des chevaux de trait qui tirent des charrettes en bois.

 

Carte postale de la rue de Lille avant 1914. Détail. Une charrette.
Document SPMC.

 

Quant aux matières premières pour l’usine et les toiles fabriquées, celles-ci arrivent et partent par le train. Edouard Agache a même acheté un petit train à Strasbourg, ramené en pièces détachées et remontées dans l’usine.

 


 

Carte postale avant 1914. La gare et le petit train Agache.
Document SPMC numéro 1 025.


Une voie ferrée privée relie même la station à l‘entreprise et traverse la rue.

 

Carte postale de la rue de Lille avant 1914. La voie ferrée de l’usine Agache.
Document SPMC numéro 1 071.

 

D’ailleurs, face à l’afflux de représentants de commerce qui viennent en rendez-vous, on a construit un peu plus loin sur la droite un hôtel pour les voyageurs.

  

Carte postale de la rue de Lille avant 1914. Détail. L’hôtel pour les voyageurs.
Document SPMC.

 

A gauche, une belle poste a été construite en 1891 et facilite les contacts et les échanges commerciaux. On peut y téléphoner et y télégraphier.

  

Carte postale dessinée. La poste avant 1914.
Document SPMC numéro 1 082.


Dans les années 20, un jeune médecin, juste marié, achètera la maison voisine de la poste, une ancienne pharmacie semble-t-il. Celle-ci n’a qu’un étage et il décide de la faire agrandir en hauteur pour la famille nombreuse qu’il souhaite avec son épouse. Il s’agit du Docteur Julien NUYTS qui deviendra maire de 1935 à 1940 et qui donnera son nom à l’actuel centre social.

 

Docteur NUYTS.
Document SPMC.

  

C’est dans cette maison qu’il accueillera le Cardinal LIENART le jour de l’inauguration du calvaire en 1945.

 

Festivités d’inauguration du calvaire. M. NUYTS accueille l’évêque LIENART
 devant chez lui, rue du Général Leclerc, près de la poste.
Document SPMC numéro 2 542.
 

Aujourd’hui, la poste n’est plus là. Elle a été déplacée avenue du Kemmel. Des appartements ont remplacé les guichets et le logement de fonction du receveur et de sa famille.

  

L’ancienne poste
Capture d’écran GOOGLE MAPS. Mai 2023.


Dans les environs proches, les commerces ont changé, se sont transformés ou ont disparu. On y verra une poissonnerie, un marchand de grains, une pompe à essence et de l’autre côté du pâté de maisons, un estaminet où un drame se jouera.


Publicité ancienne de la poissonnerie SENECAUX.
Document SPMC.

 

Le magasin JALLA en 1991.
 Photographie Patrice SANSOVINI. Document SPMC.

 

La pompe à essence et la graineterie HOUSSIN en 1991.
Photographie Patrice SANSOVINI. Document SPMC.

 

Le café de la gare. Seconde moitié du XXème siècle.
Document SPMC.


L’ancien café de la gare.
 Capture d’écran GOOGLE MAPS. Mai 2023.

 

En 1944, un soldat allemand y sera abattu par un jeune F. F. I., peut-être un peu irresponsable, mais pensant, sans doute servir son pays alors que la rue et l’usine de l’autre côté voient des soldats ennemis inquiets et sensibles face à une défaite de plus en plus certaine.

 

Détail de la tombe militaire du soldat allemand abattu à Pérenchies le 2 septembre 1944.
Photographie Marie-Claude VERVISCH. Document SPMC.

 

Que serait-il advenu de la ville si la mort de ce soldat avait été connue par les troupes allemandes ?

 

Troupes allemandes passant rue du Général Leclerc devant l’entrée du cimetière.
Document SPMC numéro 5 557.

 

Char allemand passant devant la mairie. Guerre 1939/1945.
 Document SPMC numéro 5 939.

 

Pérenchies aurait-elle pu connaître le drame d’Oradour ou de Loos ? Que serait-il advenu de notre population si le docteur NUYTS n’était pas intervenu pour soigner l’auteur de cette action inconsciente et si un habitant de la rue de la gare, Rémy BEUVET, cimentier de profession, n’avait pas caché le corps dans sa petite cariole pour l’emmener et l’enterrer dans le cimetière proche ?

 

Rémy BEUVET devant chez lui, rue de la gare.
Document SPMC numéro 3 822.

 

L’histoire de Pérenchies aurait, peut-être, connu un autre développement et un présent bien différent de ce qu’il est de nos jours !

  

Philippe JOURDAN, président de « Si Pérenchies m’était contée… ».

7 avril 2024.


Ecusson SPMC.
Réalisation famille COMPERE.

   

Correction et administration du blog: Jean-Pierre COMPERE