Commémoration confinée du 8 mai 2020
|
Fête de la Libération 1945 |
Cette année, nous devions
commémorer les 75 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Malheureusement,
face à la pandémie du coronavirus, les manifestations envisagées n’ont pas eu
lieu.
Sur recommandation
gouvernementale, les rassemblements face aux lieux de mémoire et du souvenir
ont été limités.
Ainsi, à Paris, sous l’Arc de
Triomphe, se sont retrouvés le Président de la République, le 1er
Ministre, les ministres en rapport avec l’armée et les anciens combattants, le
Président du Sénat, le président de l’Assemblée Nationale, deux anciens
présidents de la République, les chefs des armées et le Maire de Paris.
|
Cérémonie confinée à Paris pour le 8 mai
2020. |
La cérémonie fut très courte et
l’image du chef de l’état se lavant les mains, après la signature du livre d’or
du ravivage de la flamme, restera sans
aucun doute dans les mémoires.
|
Cérémonie sous l’Arc de Triomphe le 8
mai 2020.
Le Président de la République se
désinfecte les mains avec un gel. |
|
Cérémonie du 8 mai 2020 sous l’Arc de
Triomphe. Les invités. |
Avant la cérémonie, une gerbe fut
déposée devant la statue du Général de Gaulle en présence de son petit-fils.
|
Cérémonie confinée du 8 mai 2020 devant
la statue du Général de Gaulle à Paris. |
A Lille, la cérémonie fut aussi
courte en présence du Maire de la ville, d’un sénateur et d’un député.
|
Cérémonie confinée du 8 mai 2020 à
Lille. |
A Pérenchies, Madame le Maire,
Danièle Lekien, déposa une gerbe au Monument aux Morts de la Grand’Place en
présence du Président de l’UNC, section locale, Jean-Pierre Brame, qui portait
le drapeau tricolore.
La même cérémonie se déroula au
monument de la Déportation, rue des Résistants.
Les images du premier dépôt de
gerbe ont été diffusées par la suite sur la page Facebook de la ville.
Cette année, le message officiel
était signé par Emmanuel Macron. Il fut diffusé sur le site de la ville.
Message d’Emmanuel MACRON, Président de la République, à
l’occasion du 8 mai 2020.
« Ce 8 mai ne ressemble pas à un 8 mai. Il n’a pas le
goût d’un jour de fête. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous rassembler
en nombre devant les monuments de nos villes, sur les places de nos villages,
pour nous souvenir ensemble de notre histoire.
Malgré tout, la Nation se retrouve par la pensée et les mille liens que notre
mémoire commune tisse entre chacun de nous, cette étoffe des peuples, que
nous agitons en ce jour dans un hommage silencieux. C’est dans
l’intimité de nos foyers, en pavoisant nos balcons et nos fenêtres, que nous
convoquons cette année le souvenir glorieux de ceux qui ont risqué leur vie
pour vaincre le fléau du nazisme et reconquérir notre liberté.
C’était il y a 75 ans.
Notre continent refermait grâce à eux le chapitre le plus sombre de son
histoire : cinq années d’horreur, de douleur, de terreur. Pour notre
pays, ce combat avait commencé dès septembre 1939.
Au printemps 1940, il y a 80 ans, la vague ennemie avait déferlé sur les
frontières du Nord-Est et la digue de notre armée n’avait pas tenue.
Nos soldats pourtant s’étaient illustrés à de nombreuses reprises. Ceux de
Montcornet, d’Abbeville, de Gembloux ou de Stone, les hommes de Narvik, les
cadets de Saumur, l’armée des Alpes avaient défendu avec vigueur notre
territoire et les couleurs de notre pays.
Ils sont « ceux de 40 ». Leur courage ne doit pas être oublié.
Dans le crépuscule de cette « étrange défaite », ils allumèrent des
flambeaux. Leur éclat était un acte de foi et, au cœur de l’effondrement, il
laissait poindre la promesse du 8 mai 1945. Cette aube nouvelle fut
ensuite conquise de haute lutte par le combat des armées françaises et des
armées alliées, par les Français Libres qui jamais ne renoncèrent à se
battre, par le dévouement et le sacrifice des Résistants de l’Intérieur, par
chaque Française, chaque Français qui refusa l’abaissement de notre nation et
le dévoiement de nos idéaux.
La grande alliance de ces courages permit au Général DE GAULLE d’asseoir la
France à la table des vainqueurs. La dignité maintenue, l’adversité
surmontée, la liberté reconquise, le bonheur retrouvé : nous les devons à
tous ces combattants, à tous ces Résistants.
A ces héros, la Nation exprime son indéfectible gratitude et sa
reconnaissance éternelle. Le 8 mai
1945, c’est une joie bouleversée qui s’empara des peuples. Les drapeaux
ornaient les fenêtres mais tant d’hommes étaient morts, tant de vies étaient
brisées, tant de villes étaient ruinées. A la liesse succéda la tristesse et
la désolation. Avec le retour des Déportés,les peuples découvrirent bientôt
la barbarie nazie dans toute son horreur…
Rien, plus jamais, ne fut comme avant. La fragilité révélée de nos
vies et de nos civilisations nous les rendit plus précieuses encore. Au bout
de cette longue nuit qu’avait traversée le monde, il fallait que l’humanité
relevât la tête. Elle venait de découvrir horrifiée qu’elle pouvait
s’anéantir elle-même et il lui fallait désormais refaire le monde, de fond en
comble, ou à tout le moins « empêcher que le monde ne se défasse », selon le
mot de Camus.
Ce fut l’heure, en France, de l’union nationale pour fonder « les beaux jours
» annoncés par le Conseil National de la Résistance et bientôt
retrouvés.
L’heure, en Europe, de l’effort commun pour bâtir un continent pacifié et
fraternel.
L’heure, dans le monde, de construire les Nations unies et le
multilatéralisme.
Aujourd’hui,
nous commémorons la Victoire de ce 8 mai 1945, bien sûr, mais aussi, mais
surtout, la paix qui l’a suivie.
C’est elle, la plus grande Victoire du 8 mai. Notre
plus beau triomphe. Notre combat à tous, 75 ans plus tard.
Vive la République ! Vive
la France ! »
Emmanuel
Macron
|
Un message envoyé par M. Herman
Küsgen, président allemand du Comité de Jumelage d’Overath a été reçu par notre
ville. En effet, nos amis d’outre-Rhin auraient dû être présents pour ce 75ème
anniversaire.
|
Logo d’amitié franco-allemande |
„Gedenken am 08. Mai / Commémorations du 08
Mai
Am 08. Mai jährt sich das
Ende des schrecklichen zweiten Weltkrieges zum 75. Mal. Auch dieser Krieg hat
unsägliches Leid über die Völker Europas und der ganzen Welt gebracht.
Millionen Menschen haben ihr Leben verloren, aber nicht nur durch Kriegshandlungen,
sondern viele auch, weil sie Opfer rassistischer, politischer oder
weltanschaulicher Verfolgung wurden. Viele verloren ihre Gesundheit oder Ihre
Heimat. Das deutsche Volk hat in den Jahren der Nazidiktatur und dieses Krieges
große Schuld auf sich geladen, mit der es umgehen muss.
Le 8 mai, il y a 75 ans, la
terrible deuxième guerre mondiale se terminait. Cette guerre aussi a entraîné
des indicibles misères aux peuples de l’Europe et du monde entier. Des millions
de personnes ont perdu leurs vies, pas seulement dans des batailles. Beaucoup
d’entre elles sont devenues victimes de persécution à cause de leurs races,
leurs convictions politiques ou idéologiques. Beaucoup d’hommes ont perdu la
santé ou le pays. Le peuple allemand s’est rendu coupable des années de la
dictature des Nazis et de cette guerre et doit s’en arranger.
Heute glauben wir sagen zu
können, dass wir Deutschen aus den Fehlern der Vergangenheit gelernt haben. Wir
sind wieder ein anerkanntes und angesehenes Mitglied der Völkergemeinschaft insgesamt
und der Europäischen Gemeinschaft insbesondere. Ein tragendes Element dieser
Entwicklung ist die Überwindung der Mär von der Erbfeindschaft mit unserem
Nachbarn Frankreich, hin zu einer vertrauensvollen Zusammenarbeit.
Aujourd’hui, nous croyons pouvoir
dire que nous, les Allemands, avons appris nos leçons du passé. Nous sommes un
membre reconnu et estimé de la communauté des peuples et de la Communauté
Européenne en particulier. Surmonter la nouvelle d’une hostilité héréditaire
contre nos voisin, les Français, c’est un pilier
central de cette évolution jusqu’à une coopération plein de confiance.
Damit dies so bleibt und
wir unserer geschichtlichen Verantwortung auch weiterhin gerecht werden können,
ist es notwendig, sich immer wieder zu erinnern und vor allen Dingen, immer
wieder aufkommende Gefahren für Frieden, Freiheit und Demokratie rechtzeitig zu
erkennen und Ihnen entschlossen entgegenzutreten.
Afin qu’il reste comme ça et
que nous continuons de tenir compte de notre responsabilité, il est nécessaire de se souvenir de nouveau
et toujours reconnaître et combattre les dangers pour la paix, la liberté et la
démocratie qui se montrent toujours.
Der 08. Mai ist ein
solcher Anlass zum Erinnern, zur Schärfung des Bewusstseins. Es hätte auch ein
Tag der Begegnung werden sollen. Unsere Freunde aus unserer französischen
Partnerstadt Pérenchies hatten uns die Ehre und die Freude bereitet, uns zu den
dort geplanten Gedenkveranstaltungen einzuladen. Aufgrund der Corona-Pandemie
sind leider alle Veranstaltungen abgesagt und ein Besuch in unserer
Partnerstadt ist nicht möglich.
Le 8 mai est une telle
occasion de se souvenir et de se rendre compte. Et il aurait été un jour de
rencontre. Nos amis de Pérenchies, la ville française jumelée avec nous, nous
avaient fait l’honneur et la joie de nous inviter aux festivités de commémoration qui étaient projetées. A cause de la
crise du Corona, toutes les cérémonies sont annulées et une visite en notre
ville jumelée n’est pas possible.
Deshalb senden wir auf
diesem Wege ein Zeichen der Freundschaft und der Verbundenheit. Wir hoffen und
freuen uns auf ein baldiges Wiedersehen und sind uns sicher, dass unsere
Partnerschaft nicht nur diese Corona-Krise überstehen wird!
C’est pourquoi nous envoyons
un signe d’amitié et de solidarité. Nous espérons et nous nous réjouissons de
pouvoir vous revoir bientôt. Nous sommes certains que notre jumelage va
surmonter la crise du corona !
In Freundschaft / Amitié`
Partnerschaftskomitee / Comité de jumelage
Hermann
Küsgen“
Les cérémonies supprimées seront
peut-être reportées en septembre prochain à l’occasion de la Fête de la
Libération de Pérenchies du 6 septembre 1944 si les conditions sanitaires le
permettent et les rassemblements autorisés.
Quelques membres de notre association
nous ont fait parvenir quelques photographies sur ce 8 mai 2020 confiné.
|
Thérèse-Marie et Jean-Pierre |
|
Francette |
|
Geneviève
|
|
Roselyne et Daniel |
|
Alain |
|
Patricia |
|
Monique |
|
Vincent |
|
Philippe |
D’autres
Pérenchinois ont répondu à notre appel. Ainsi ce nouvel habitant de notre
commune, amateur de véhicules militaires anciens, qui a stationné son véhicule
de collection devant le monument de la place du Général de Gaulle ce 8 mai
2020.
|
Véhicule militaire de collection devant
le monument de la Grand’Place,
ce jeudi 8 mai 2020 |
Philippe JOURDAN
11 mai 2020
Correction
et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog
|
Affiche 8 mai 1945. Document 2 internet. |
Cette année, le vendredi 8
mai 2020, nous devions commémorer le 75ème anniversaire de
l’Armistice de 1945.
Mais, en cette période de
confinement, le gouvernement a interdit toutes les cérémonies patriotiques et
les rassemblements.
Le Devoir de mémoire s’est
exercé par un pavoisement (installation du drapeau tricolore) sur l’hôtel de
ville et un dépôt d’une gerbe de fleurs au Monument aux Morts de la Place du
Général de Gaulle par Mme le Maire accompagnée d’un porte-drapeau de l’UNC,
section locale.
|
Le monument aux morts de la Place du
Général de Gaulle à Pérenchies.
Document internet seconde vue.
|
Ce 8 mai 2020, nous avons
publié un premier document sur la guerre 1939/1945. En voici la seconde partie
avec toujours des photographies et des textes réalisés par des habitants de
notre ville qui ont voulu nous laisser leurs témoignages.
Ainsi s’exercera ce Devoir de
Mémoire essentiel pour notre société.
Les Anglais à Pérenchies.
Madame LEVEQUE
(mai 1994).
« La commune réalisait une fois par mois avec le
docteur Nuyts et Monsieur Lebleu des colis pour les prisonniers à la salle
Jeanne d’Arc. Le bruit courait que mon mari était décédé. Je suis restée 9 mois
sans nouvelles. A Pérenchies, c’était assez dur. Je ne sortais pas car j’avais
peur. Un jour, en faisant la queue chez le boulanger, un obus est tombé. Je me
suis sauvée. On travaillait mais la nourriture était limitée. Je crois que l’on
avait 150g de pain par jour.
Au début de la guerre, des Anglais ont séjourné avec
un groupe de musiciens du 97ème Royal-Artillerie. Comme ils sont
partis précipitamment, ils ont abandonné les instruments et la mairie les a
cachés. Après la guerre, ils sont venus les rechercher en remerciant notre
ville. Je me souviens aussi d’un aviateur anglais qui est resté caché chez
Madame Carpentier dans une fosse à eau de pluie qui avait été vidée ».
|
Des Britanniques à Pérenchies en
1940 avec Mme LEVEQUE et sa fille.
Document SPMC numéro 3 834
|
|
Anglais qui a logé chez Mme Westeel rue
des cousins en 1940
Document SPMC numéro 3 362
|
|
Des Anglais ont séjourné à Pérenchies
en 1940.
Parmi eux, Mac et Charly.
Document SPMC numéro 3 830
|
|
Des Anglais ont séjourné à Pérenchies
en 1940.
Document SPMC numéro 3 831
|
Ma vie à Pérenchies pendant la guerre 39/45
Madame MARSELOO
« Pendant la guerre, mon mari était prisonnier et
je tenais le Café de la Place aidée de mes parents. Au début du conflit, des
soldats français venaient déjeuner à la maison. Ensuite, on a vu arriver des
Anglais qui logeaient à la salle des fêtes, à la salle paroissiale ou à la
brasserie. Ils sont partis quand les Allemands sont arrivés, en 1940. Ils
logeaient chez les gens qui avaient un lit de disponible. Je n’ai eu aucun
problème avec celui qui logeait au café. C’était un protestant qui avait trois
enfants. Dans la chambre qu’il occupait, il y avait un crucifix. Plusieurs
fois, il l’a enlevé. Chaque fois, je l’ai remis et, à la fin, il l’a laissé.
Comme j’avais un café à tenir, je n’avais pas le temps
d’aller dans les fermes. Je n’avais donc que les tickets de rationnement pour
vivre. Pour moi et ma fille, ce ne fut pas toujours facile. Ces tickets étaient
distribués tous les mois à la mairie. Une fois, j’en ai acheté en plus au
marché noir mais comme la mairie avait été cambriolée, tous les tickets ont été
annulés. !
Une fois, un bombardement a eu lieu près du football
et deux enfants ont été tués. Ils avaient 11 mois et 6 ans. Une autre fois, une
maison a été détruite rue de la gare.
J’avais connu la guerre de 1914 à Armentières mais
comme on était avec les Anglais on n’avait jamais eu faim. Ce ne fut pas le cas
ici ! Toutes les boucheries de la commune s’étaient rassemblées en une
seule. Une fois, nous avons reçu de la viande avariée. Beaucoup de personnes
ont été malades. Un jour, les Allemands ont démonté le zinc de mon comptoir
pour la réquisition des métaux. Ils venaient parfois boire dans le café et
jouer aux fléchettes.
Les derniers jours, on n’a pas ouvert le café. On
avait peur des représailles. On avait mis des planches sur les fenêtres. On
avait aussi hébergé pendant plusieurs mois un couple de rescapés du
bombardement de Lille Délivrance. Cette nuit-là, on s’est tous réveillé et on
s’est caché dans une petite pièce dans le noir jusqu’au matin. Une bombe est
tombée au Grand But et d’autres vers Verlinghem. On a eu très peur. Il y avait
souvent des alertes mais jamais si près ».
|
Mme Marseloo et sa fille et le café
de la Place
Document SPMC numéro 252
|
|
Des prisonniers de guerre en
Allemagne en 1942.
Document SPMC numéro 499
|
Nous avons évacué avec une voiture tirée par un
cheval.
Anne-Marie
JOURDAN-CAZIER
« Je suis née en 1931 dans une maison de la rue
de la Prévôté dans les bas. Mes parents étaient exploitants agricoles. Nous
avions un cheval qui s’appelait Fanny. En 1940, on a évacué car les Allemands
étaient là avec des canons dans la cour. Nous avons fui vers Laventie en
mettant un matelas sur une voiture tirée par un cheval. On a emmené les animaux
et quelques biens. Nous avons mis les poules dans des casiers. Sur la route,
nous entendions les vaches crier car la traite ne se faisait pas. Certaines
fermes étaient abandonnées. On y entrait parfois pour essayer de trouver de la
nourriture. Plusieurs fois, nous avons été mitraillés par des avions. On se
cachait alors dans les fossés. Parfois, on restait au fond du véhicule, tout
tremblants. On est rentré quelques semaines plus tard car cela semblait s’être
calmé. Toute notre maison avait été visitée et détériorée. Nos cahiers d’école
étaient déchirés et souillés. Tous les meubles étaient ouverts et souvent
vides.
Mes parents ont ainsi continué l’exploitation agricole
durant toute la guerre ».
|
Le quartier des bas de Pérenchies.
Cultures maraichères. Terrains de Paul-André CAZIER.
Photographie non datée.
Document SPMC numéro 1 973.
|
Les salades de la peur.
Thérèse
DEWULF-AHACHE
« Pour éviter les bombes qui pourraient tomber
sur notre maison, papa avec l’aide des voisins, avait décidé de faire un abri
dans le fond du jardin, rue Gambetta.
Il a fallu creuser plusieurs mètres de profondeur.
Quand il est arrivé à l’argile, c’était de plus en plus difficile. La terre
était transportée par les enfants qui l’étalaient un peu plus loin. 10
personnes pouvaient y loger. Papa avait aussi installé des bancs.
Pour agrémenter l’abri et surtout pour ne pas perdre
une parcelle de terrain, papa avait repiqué sur le dessus des salades. De cette
façon, on ne remarquait pas non plus l’abri.
Quand la guerre fut terminée, il nous a assuré que
jamais il n’avait eu de si belles salades ! »
|
La rue Gambetta. Entre les deux
guerres.
Document SPMC numéro 1 177
|
Récit d’une évacuation en 1940
Marcel
DEVOS Fils (février 2002)
« En mai 1940, les Allemands
envahissent la Belgique.
De peur de se retrouver devant ces
troupes, beaucoup de Pérenchinois ont évacué.
Les Ets Agache ont conseillé à mon père
de partir vers Condé-sur-Noireau dans le Calvados car là se trouvait, soit
disant, une usine textile pouvant nous accueillir.
Un matin, avec un groupe de 18
personnes, nous sommes partis.
Toutes nos affaires ont été mises dans
une malle et nous avons pris le train en direction de Dunkerque.
Il s’arrête un peu avant car la ville a
été bombardée et il prend la direction de Calais où on est hébergé pour la nuit
dans une salle de billard d’un café appartenant au frère de Florent Bailleul.
La nuit ne fut pas de tout repos car il
y eut des bombardements et elle se termina dans les abris.
Nous gagnons Boulogne où la nuit se
passe dans les abris d’une place.
En sortant, la place et l’église
n’étaient plus que des ruines.
Nous l’avons échappé belle !
On nous dit qu’à la radio, il avait été
demandé aux hommes valides de partir et d’essayer de se mettre au service de la
France. Nous nous sommes donc séparés. Les femmes sont restées ensemble tandis
que les hommes, Monsieur DESEAUX, mon père, mon frère, Alexandre CARETTE et
moi-même sommes partis à l’aventure car nous ne savions pas où aller.
Nous avons été mitraillés dans la forêt
d’Hardelot par des avions allemands. Nous avons eu très peur !
Comme nous n’avions plus rien à manger,
nous sommes rentrés dans un petit village de pêcheurs de crevettes, Equihen. A
l’entrée, une vieille dame nous demande ce que nous cherchons. Nous lui
racontons notre odyssée et, émue, elle nous propose une petite maison libre
qu’elle louait lors de la saison des vacances.
Vous pensez notre joie !
Nous y sommes restés 8 jours face à la
mer sur une hauteur.
Mon père et M. Deseaux partent vers
Boulogne pour aller chercher du ravitaillement. Ils sont alors réquisitionnés
par des Allemands qui les font travailler toute la journée au port. Le soir,
ils les laissent repartir.
Sur le chemin, ils découvrent dans les
fossés des cadavres des réfugiés mitraillés dans la journée.
Un matin, on entend des bombes vers la
nuit sans savoir ce qui se passait mais le lendemain, nous avons trouvé une
sorte de malle sur la plage avec des conserves à l’intérieur et un carnet de
bord anglais qu’on a remis à la mairie.
Un jour, nous avons la surprise de voir
arriver dans le village les femmes de notre groupe. Ce furent des embrassades
après ces 8 jours de séparation.
Le lendemain, nous racontons nos
retrouvailles à la dame qui nous prêtait sa maison. Elle nous en propose alors
une plus grande au Portel où nous sommes restés 3 semaines. Pour les plus
jeunes, ce furent de belles vacances!
Les Allemands occupant toute la région,
il n’y eut plus de bombardements et on prit la décision de rentrer à
Pérenchies.
Le voisins Joseph POLET et son épouse
et Angèle DESCASTEKERE s’étaient occupés de notre maison qui n’avait pas été
dévastée.
Malheureusement, on avait perdu la
malle avec tous les souvenirs de la famille.
(Noms des personnes qui ont participé à
cette aventure : M. et Mme DESEAUX et leurs enfants Raymonde, Lucienne et
Gérard, Mme Carette, sa mère et son fils Alexandre, Mme Marie Saingier et son
fils, Mme Germaine WAGNON et ses nièces
Renée et Yolande DUPRE, Mon père, Marcel DEVOS et ma mère et leurs trois
enfants : Jérôme, Jeanne et moi-même Marcel) ».
|
Marcel DEVOS, sa mère, sa sœur Jeanne
et son père Marcel
Document SPMC
|
A la filature
Geneviève
MONSAURET-PAUWELS (juillet 1998)
« En 1940, après l’exode de
l’évacuation, les Allemands étant installés en France, le travail à l’usine a
repris progressivement. Ayant eu 14 ans le 26 septembre 1940, le 3 décembre, je
rentrais à l’usine Agache pour travailler à la petite filature. Je suis passée
par le bureau de M. Maurice POLLET pour remplir mon livret. Puis, c’est Raymond
PICHON qui m’a emmenée sur le lieu de mon travail. Les contremaîtres étaient
Jules et Henri DUMONT, deux frères déjà assez âgés mais qui avaient repris du
travail du fait que les hommes les plus jeunes étaient prisonniers en
Allemagne. Mon père n’étant pas parti à la guerre, nous avions donc deux
salaires qui entraient à la maison. Puis des garçons partirent dans les
Ardennes travailler dans les forêts avec M. Tardif pour échapper au STO ».
|
Les Ets Agache entre les deux
guerres.
Carte postale SPMC numéro 1 190
|
Prisonnier de guerre
Alphonse
LEVEQUE (mai 1994).
« J’ai été mobilisé en 1938 à l’âge de 37 ans.
En août 1939, j’ai été affecté au 166ème
régiment d’infanterie. On a construit des blockhaus qui sont restés inachevés.
En juin 1940, je me suis retrouvé dans les Vosges.
Prisonnier, j’ai été emmené près de Strasbourg puis en Allemagne. On était
parfois accueilli à coups de pierres par certains habitants. Les prisonniers étaient emmenés pour
travailler dans des fermes ou des entreprises.
Je suis resté prisonniers plus de 5 ans. On recevait
peu de courrier et parfois un colis nous arrivait.
On ne pouvait pas s’échapper. Certains ont essayé mais
se sont retrouvés dans des camps disciplinaires.
Des prisonniers russes ont été abattus froidement car
ils avaient ramassé des pommes de terre dans les champs pour se nourrir.
|
M. LEVEQUE, prisonnier de guerre en
Russie.
Document SPMC numéro
4 173
|
J’ai été libéré en janvier mais je ne suis rentré à
Pérenchies que le 12 septembre 1945. On devait attendre dans des casernes. Ma
femme me croyait mort.
Un jour, nous avons embarqué sur un navire norvégien
pour Dieppe. Le port était saccagé et ce ne fut pas facile pour y entrer.
Quelle émotion en y entendant la « Marseillaise ».
J’ai rejoint Paris et enfin Pérenchies et j’ai repris
mon travail à la fabrique chez Agache.
Je me suis fait inscrire à la section des prisonniers
de guerre. Par la suite, j’en suis devenu le président ».
|
Retour des prisonniers de guerre.
Vers 1945.
Camille DECAESTECKER, Axil LOUVET et
Lucien LAVERNE
Document SPMC numéro 3 439
|
Réquisitionné pour le S. T. O.
Jérôme DEVOS.
« J’ai été réquisitionné pour le Service du
travail Obligatoire et je suis parti par le train à Lille le 11 mars 1943.
Je me suis retrouvé près de Leipzig en Allemagne où
j’ai vécu jusqu’au 19 avril 1945. Tous les jours, j’allais travailler dans une
usine de fabrication de poudre, située en pleine forêt. Pour y aller, je devais
prendre le train.
Un jour, on apprit que les Américains étaient aux
portes de la ville et, le soir, le chef du camp nous dit qu’il fallait tous
partir. Des policiers avec des fusils nous encadrent et nous arrivons dans une
immense caserne rejoints très vite par des prisonniers russes, des hommes et
des femmes.
Le lendemain matin, nous découvrons que nos gardes ont
mis les bouts. Nous sommes libres, mais abandonnés seuls derrière l’Elbe, 300
Français et 1 300 Russes. Sur la route, les gens remplissent nos gourdes
d’eau. La colonne s’étire sur 10 km sur une route appelée la route
Napoléon !
Des civils nous hébergent parfois. Malheureusement,
des soldats russes se livrent au pillage, au viol, aux représailles…
Sur une charrette, nous entassons nos effets et des
pommes de terre. Nous retrouvons alors les troupes américaines. La radio nous
donne des nouvelles de France.
Pour regagner notre pays, on s’entasse dans des wagons
à bestiaux et traversons la Hollande avant d’atteindre Charleville-Mézières.
J’arrive, en train, à Pérenchies le 25 mai 1945 ».
|
Photo de la famille de Marcel DEVOS
Père durant la guerre 1939/1945.
Cette photo a été envoyée en
Allemagne à Jérôme, alors en STO.
Document SPMC numéro 3 359
|
|
Conseil municipal des années 70. Le
Maire est Roger DUTRIEZ.
Jérôme DEVOS se trouve derrière,
entre les deux portes.
Document SPMC numéro 5 986
|
Mon père s’appelait
Emile POLET…
Paulette VANDENBILCKE POLET
« Mon père, Emile
POLET, faisait de la résistance durant la guerre dans le réseau VOIX DU NORD
avec Maurice VANHONACKER. Il a été arrêté le 13 mai 1943 sur dénonciation.
Ce jour-là, à six
heures du matin, la gestapo et les soldats nazis tenant des chiens ont frappé
sur les volets de notre maison de Pérenchies. Toute la maison était encerclée.
Mon père s’est habillé et il a été emmené en autobus. Il a été interrogé. Il a
été battu.
Le 30 mai, je faisais
ma communion. Nous sommes allés à Lille. On a eu 5 minutes pour le voir. Il est
ensuite resté plusieurs mois à Loos. Un fois par mois, on pouvait porter un
colis qui était fouillé mais on ne pouvait pas le voir. On y allait à pied.
Ensuite, il a été transféré à Bruxelles puis en Allemagne.
De cette triste
époque, il me reste 6 lettres. Il n’y disait pas grand-chose car le courrier
était lu avant.
Un jour, il a été
condamné à mort et il fut mis dans la cellule des condamnés. Celle-ci restait
éclairée en permanence. Puis. Plus rien ! On a été des mois sans nouvelle.
A la libération, lors
de l’arrivée des Anglais, on a eu des bonbons. C’était la joie pour beaucoup.
Pour nous, c’était l’espoir d’un retour possible ou l’annonce d’une
dramatique nouvelle. On passait des jours entiers à Lille à regarder les trains
des rapatriés en espérant.
C’était épouvantable
tous ces gens qui sortaient des trains avec la tenue des prisonniers.
Un soir, en 1945, très
tard, il est rentré. Il était méconnaissable. Il avait perdu 50kg. Il ne
voulait pas trop raconter ce qui lui était arrivé. On apprit tout de même qu’il
avait été libéré par des Américains.
Il disait avoir eu
honte, un jour, en allant dans une poubelle chercher une pomme pourrie car il
avait faim !
Il est mort en 1952 de
problèmes de santé causés par la déportation…. »
|
La communion de
Paulette POLET en mai 1943 à Pérenchies.
Document SPMC
numéro 3 870 |
|
Emile POLET (1893-1952) à son retour
de déportation.
Document SPMC numéro 3 259
|
Un résistant
bien oublié…
Francis Delforce (1999).
« Mon père
Jules DELFORCE est né en 1913 à Pérenchies d’un soldat belge décédé en 1918
lors de la première guerre mondiale.
Son engagement
dans la résistance n’est que le prolongement de ses idées.
En 1934, il
effectue son service militaire au 8ème R.A.D de Nancy jusqu’en 1935.
Dès 1939, il
est mobilisé et rejoint son régiment à Nancy sous le grade de sergent et
participera aux batailles de Rouling, Grossterdorff, Ippling, des rives de
l’Aisne aux rives de la Creuse.
Il est blessé à
plusieurs reprises et décoré de la croix de guerre avec barrette France. Il est
démobilisé le 16 juillet 1940 à Limoges-ouest.
A partir de
1940, il entre dans la résistance comme l’attestent Messieurs Raymond
Beaussart, Oscar Leroy et Marcel
Fertein. Il sera recherché par la gestapo car il aidait à l’évasion et au
ravitaillement de soldats alliés et récupérait de nombreuses armes pour armer
la résistance.
A partir du 1er
mars 1941, il fuit le Nord et se dirige vers Toulon (Var) afin de rejoindre
l’armée du Général de Gaulle.
Il est arrêté
en mer par la police maritime française et condamné le 22 août 1941 à dix mois
de prison.
Revenu dans le
nord, il est arrêté de nouveau et emprisonné à Loos du 2 janvier au 1er
avril 1942. Une nouvelle fois, il doit fuir la région le 13 mai 1943 car on le
recherche
Le 21, il passe
en Suisse mais il sera interné au camp de Buren jusqu’au 7 août 1944.
Le 15 septembre
1944, il entre au deuxième bataillon de chasseurs alpins des Glières jusqu’au
25 décembre 1944. Dès janvier 1945, il revient dans le Nord.
Ses titres dans
la Résistance sont très nets et son appartenance au mouvement Voix du Nord
confirmée par une attestation en date du 3 mars 1946 (Parrains : Messieurs
G. van Kemmel et E. Pollet, activité militaire et Journal). Un article du 27 mai
1966 de la Voix du Nord lui rend hommage par ce titre : « Hommage à
Monsieur Delforce, médaillé des chemins de fer, membre fondateur du réseau
«Voix du Nord» et résistant du maquis des Glières… »
En date du 21
juillet 1997, il est reconnu au titre d’interné résistant.
Les 24 et 25
septembre 1994, lors de la publication d’une plaquette sur le 50ème
anniversaire de la libération de Pérenchies, mon père n’a pas été cité pour
toutes ses activités dans la Résistance. En cette année 1999, je remercie
l’association « Si Pérenchies m’était contée… » de réparer cet oubli.
Pour toutes ces
actions, l’inscription de son nom sur le monument aux morts de Pérenchies
serait justifiée…
Mon père est
décédé le 22 mai 1966, à Faches-Thumesnil, des coups et blessures qu’il a reçus
pendant la guerre ».
|
Photographie de Jules DELFORCE
Document SPMC numéro 2 258
|
Souvenirs de la Résistance
Roger MALLET
Extraits du livre « Les oubliés de la Résistance »
de Madame LHEUREUX
« Pendant l’Occupation, de nombreux sabotages ont
été effectués dans la région par la Résistance aidée de Pérenchinois en
particulier lors de l’arrêt des trains en gare.
De 1943 à la Libération, plus de 1 000 étoiles de fer (clous
en forme d’étoiles) seront semées sur les grandes artères de Lille et ses
environs provoquant de nombreuses crevaisons.
En 1944, elles seront fabriquées chez Vrolant à
Pérenchies.
Cette action a considérablement retardé la fuite des Allemands.
En mars 1943, des wagons d’alimentation sont incendiés
et le 7 mai, 7 citernes d’essence sont détruites.
Le 22 décembre 1943 à 22h30, 17 wagons sont détruits.
L’action est menée par un Pérenchinois, Fernand Sapin, qui hébergera par la
suite un aviateur américain ; action qui causera l’incarcération de Madame
Sapin à Loos.
Le 28 février 1944, la voie ferrée entre le Pont
Ballot et celui de la Petite Belgique est sabotée par le groupe de Roger
Lecerf.
Le 25 août, les voies ferrées sont détruites par plus
de 200 résistants pour isoler Lille.
Début septembre 1944 ont lieu les combats de la Libération avec la perte de
deux Pérenchinois.
Le 4 septembre, Lille est libérée. Marcel Fertein
envoie un détachement reprendre sa femme et son fils cachés rue de Lomme et
aidés par le secrétaire de Mairie, Edouard Bigot.
(Marcel Fertein participa en 1942 à la création du
réseau de résistance « Sylvestre Farmer » avec le capitaine
Michel. Ce réseau a à son actif les sabotages les plus importants de la
région).
Avec l’aide de Pérenchinois, il fait cerner le château
de Villers et libérer le Fort d’Englos ».
|
Marcel FERTEIN.
Photographie fournie par M. Roger
MALLET
Document SPMC numéro 3 802
|
Vendresse
Résumé rédigé
par Philippe JOURDAN grâce aux documents fournis par Henri-Claude TARDIF, Roger
MALLET et Alphonse DAVID ainsi que la plaquette « « la rafle du 20
septembre 1943 à Vendresse et Omicourt » » écrite en juin 2004 par
Marie-France BARBE.
« Entre
1940 et 1942, un million-six-cent-mille prisonniers de guerre se retrouvent en
Allemagne dans des camps ou chez l’habitant afin d’y travailler.
Face aux pertes militaires importantes, cela ne suffit
pas pour remplacer les soldats allemands partis.
L’Allemagne décide, en accord avec le gouvernement
français, une politique de recrutement d’ouvriers basée sur le volontariat qui
devient, très vite, forcé.
M. BARBIER et M. Claude SAINT-LEGER, administrateurs
des Ets Agache de Pérenchies, décident alors de faire partir les ouvriers
requis par le STO en les envoyant sur le chantier forestier de Vendresse qui
avait été créé en 1942 par les Mines de Lens afin de produire du bois et aussi
d’occuper les chômeurs du textile du Nord.
Ce chantier leur permet alors d’éviter le départ en
Allemagne.
|
M. Barbier Directeur chez Agache.
La photographie est postérieure aux
événements.
Document SPMC numéro 465
|
|
Image mortuaire de Claude Saint-Léger,
port pour la France le 14 décembre 1944
Document SPMC numéro 735
|
Le 1er juillet 1942, 27 Pérenchinois,
employés de l’usine, et tous volontaires, partent dans les Ardennes.
Dans les bois, ils seront ainsi plus de 300 de toute
la France à abattre les arbres à la hache.
Plus de 2 000 hommes seront ainsi accueillis à
Vendresse, Omicourt, Saint-Aignan, Maison Rouge, Signy-l’Abbaye,
Châtel-Chéhéry, Signy ou encore à Château-Porcien.
Des activités de détente se déroulent afin de passer
le temps libre (théâtre, orchestre de jazz, football et basket).
Des actions de résistance y sont aussi organisés pour
certains avec l’aide d’Henri-Claude TARDIF qui prendra le nom de Capitaine
Thomas.
Quelques sabotages ont lieu mais il ne faut pas trop
attirer l’attention des Allemands vers le chantier forestier. Alors, on
s’entraîne pour participer, le moment
venu, aux combats de la libération.
Sur dénonciation par deux Alsaciens, prétendument
déserteurs de l’armée allemande et accueillis à Omicourt, la Gestapo investit
Vendresse le 20 septembre 1943. Le Préfet des Ardennes prétendra que les
autorités d’occupation avaient estimé que plusieurs jeunes étaient en situation
irrégulière.
Néanmoins, les conséquences sont dramatiques ! 32
réfractaires sont embarqués par camions et dirigés sur Paris ou l’Allemagne. M.
Tardif et 10 chefs de section sont arrêtés et soumis aux interrogations.
Certains subiront la torture, seront fusillés ou déportés dans les
camps ».
|
Des jeunes de Pérenchies dans les
chantiers forestiers de Vendresse.
Maison Rouge. 1943
Document SPMC numéro 6 298
|
|
Des jeunes dont certains de
Pérenchies dans les chantiers forestiers de Vendresse.
Maison Rouge. 30 mars 1942. Document
SPMC numéro 4 864
|
On m’envoie à Vendresse pour y recueillir des informations.
Alphonse DAVID
« Le 13 mars 1943, je suis parti avec mon ami
Lucien VILLERS qui travaillait comme moi dans l’usine Agache pour rejoindre les
jeunes Pérenchinois qui étaient au chantier forestier de Vendresse dans les
Ardennes, certains depuis sa création en juillet 1942.
Henri-Claude TARDIF en était le directeur. Il avait
été embauché par Joseph BARBIER, directeur de l’usine Agache. Il s’occupait des
jeunes de l’entreprise et habitait avenue du Kemmel.
J’y suis resté jusqu’en août 1943 en m’occupant du
poste de vaguemestre avant de retourner à Pérenchies pour devenir peigneron.
Mais, en septembre, le directeur, Monsieur BARBIER, me
fait appeler dans son bureau et me demande d’y retourner discrètement afin de
prendre des nouvelles suite à des arrestations qui s’y seraient déroulées.
L’Abbé LEDEIN et mes parents m’incitent à refuser face
au danger possible. Néanmoins, je décide de partir et je prends le train.
A Charleville, à la descente du train, un officier
allemand me demande mes papiers. Ma carte d’identité porte en rouge la mention
de « MINEUR ». Je lui explique que je rejoints mon chantier forestier
pour y couper du bois pour les mines du Nord sans rien ajouter. Il me laisse
partir. Sur un quai, je vois un wagon de voyageurs qui s’apprête à partir pour
l’Allemagne. Il est surveillé par des soldats allemands. Des jeunes s’y
trouvent que je reconnais pour leur avoir porté leur courrier à Vendresse. Ils
me font des gestes discrets mais je décide de
quitter précipitamment la gare.
Je prends un autobus qui roulait au charbon de bois.
Celui-ci me descend dans un petit village avant Vendresse où vit un ancien
Pérenchinois, Maurice PETILLON, en compagnie de sa femme. Ils m’apprennent que
parmi les réfractaires arrêtés, il n’y avait pas de Pérenchinois. Rassuré, je
pars à pied et arrive dans la soirée. La postière et sa mère sont très étonnées
de me revoir. Elles me demandent de faire attention car des Allemands peuvent
encore faire des contrôles. Je décide donc d’aller voir Mme Tardif qui occupait
le poste d’institutrice. Elle était encore sous le choc de l’arrestation de son
époux. Elle m’hébergea pour la nuit à condition de partir tôt le matin car elle
croyait que les Allemands reviendraient l’interroger.
Grâce à ces informations, je pourrai rassurer les
familles restées à Pérenchies tout en ayant une pensée pour les 11 jeunes du
train et leur directeur transféré à la prison de Charleville ».
|
Alphonse DAVID à Vendresse entre
mars et août 1943.
Document SPMC numéro 3 800
|
|
Par la suite, M Roger MALLET se rendra
plusieurs fois à Vendresse pour se souvenir.
Photographie non datée.
Document SPMC numéro 2 218
|
Retour à Vendresse en 2005
Philippe JOURDAN
« En 2005, quelques membres de l’association
d’histoire locale « Si Pérenchies m’était contée… » sont partis à
Vendresse dans les Ardennes sur les traces de notre histoire locale. Ils
étaient accompagnés de deux témoins de l’époque : Roger MALLET et Alphonse
DAVID.
Les autorités du village nous accueillirent et une
cérémonie fut organisée devant le monument aux morts du petit village.
Puis, une visite fut organisée dans l’église, au
château où logeaient une partie des jeunes du chantier forestier et au cimetière
où la plaque du souvenir a été placardée à l’entrée. Ce fut une journée pleine
d’émotion et de bonheur pour tous les participants émus et
respectueux ».
|
En 2005, M. Mallet à Vendresse.
Photographie SPMC |
|
En 2005, le château à Vendresse. Photographie SPMC |
|
Dans le village de Vendresse en 2005.
Photographie SPMC
|
|
Cérémonie patriotique à Vendresse avec
Alphonse DAVID et Roger MALLET en 2005
Photographie SPMC
|
|
Les membres de « Si Pérenchies
m’était contée… » autour du monument aux morts de Vendresse, en 2005
Photographie SPMC
|
|
Dans les rues de Vendresse en 2005
Photographie SPMC
|
|
Roger MALLET et Alphonse DAVID devant la plaque du souvenir
placée sur le devant du cimetière de
Vendresse.
Document SPMC
|
La soupe et le rata
Marie-Jeanne
SANSOVINI-MILLEVYLLE (Août 1998)
« Pendant l’occupation, le comité d’entreprise avait organisé, à la pouponnière
de l’usine, une distribution de soupe. Tous les ouvriers, hommes, femmes et
enfants, et les retraités avaient le droit deux fois par semaine à une louche
de soupe. Les ouvriers, en allant à leur travail, déposaient les pots ou les
brocs et ils pouvaient les reprendre à 12H. Pour les retraités, c’était à
11H30.
Tous les jours, toujours à la
pouponnière, les jeunes pouvaient aller manger le rata, des pommes de terre
avec soit des haricots, soit des carottes, soit des pois-cassés. Le lard
provenait des cochons élevés dans un bâtiment derrière et nourris avec les
déchets des légumes. A 16H, tous les jours, les jeunes avaient ¼ de
baguette ».
|
Vers 1942, distribution de soupe aux
Ets Agache.
Document SPMC numéro 744
|
|
Revue « La construction
moderne ». La pouponnière Agache. 1927.
Document SPMC numéro 666
|
Le 10 avril 1944, le bombardement de Lille-Délivrance.
François BAILLET (juillet 2004)
« La nuit est printanière. A la recette des PTT à
Pérenchies, tout le monde dort. Je suis réveillé par le ronronnement d’un moteur d‘avion. Ma chambre qui est
au premier étage s’ouvre par deux fenêtres dont l’une donne rue de Lille et
l’autre rue de la poste face au café tenu par Madame Denise SAPIN. Il n’y a ni
volets ni persiennes mais seulement des doubles rideaux roses suffisamment
épais pour ne pas laisser passer la lumière électrique filtrer à l’extérieur et
installés par ma mère. L’avion s’est éloigné. Je n’entends plus le bruit du
moteur.
Soudain, ma chambre est inondée d’une lueur rougeâtre
et murs et plafond s’embrasent. Je me lève, soulève les double-rideaux. Dans le
ciel, des fusées éclairantes. On voit comme en plein jour. On perçoit le bruit
vrombissant d’une première vague de bombardiers. Je dégringole les escaliers
qui conduisent à la cave.
Nous allons être bombardés, dit mon père. Cette cave,
j’en avais une peur bleue. Elle avait été bien étayée certes, mais mon père
avait décliné poliment l’offre de son voisin, le docteur Nuyts, de la faire
communiquer avec la sienne prétextant qu’en sa qualité de gérant des fonds
publics, percer le mur n’aurait pas été prudent. Pas d’échappatoire possible
donc si la maison venait à s’effondrer. Enterrés vivants ! A cette seule
idée, mon sang se glace dans mes doigts,
ma bouche, mes lèvres se dessèchent et, toujours ces vrombissements, ce sol qui
tremble au fur et à mesure que les bombes, par chapelets entiers, la défoncent.
Bref, pendant plus d’une heure, les escadrilles se succèdent, vague après
vague. Que visent-elles ? Nous n’en savons rien.
Nous l’apprendrons au lever du jour : la gare de
triage de Lille-Délivrance.
Les bombes atteignent Lomme d’abord, la campagne puis
Pérenchies.
La dernière est tombée au pied d’un arbre situé à
l’entrée du pré qui jouxte la propriété de Monsieur Louis Ducroquet, qui fait
fonction de maire, 1 rue de Lomme.
L’arbre est déraciné. La clôture ornementale qui
limitait le terrain est gravement endommagée ainsi que le garage. Une poutre
maîtresse de la toiture est sectionnée. Les éclats ont brisés les
vitres ».
Le 21 mai 1944, à Pérenchies.
Récit d’un
témoin : Léon Lommez.
« Dans
l’ancienne rue de Lille (la future rue
du Général Leclerc), j’avais largement franchi le carrefour de la rue de la
gare quand j’entendis le bruit de violentes explosions et de chuintement de
vapeur en provenance de la gare. Je revins sur mes pas et c’est alors que je
vis surgir, montant en flèche, un avion : un Hawker Tempest MKV facilement
identifiable avec son grand capot de radiateur et sa grosse casserole d’hélice
qui lui donne l’aspect agressif d’une gueule de requin.
On releva quelques impacts d’obus dans les murs de la
maison située près du hangar Lebleu, rue de la gare.
Ce 21 mai 1944, fut appelé la journée des locomotives.
Du Nord à la Loire, on attaqua de nombreuses locomotives. Cette attaque avait
été précédée, dans la nuit du 9 au 10 avril 1944, du bombardement des gares de
triage dont le terrible bombardement de Lille-Délivrance à Lomme qui fit même
des victimes à Pérenchies.
Il est à signaler que le calvaire construit en
reconnaissance d’avoir été épargné marque l’un des endroits sur Pérenchies où
les bombes s’arrêtèrent ».
|
Léon LOMMEZ en juillet 1945
Document SPMC numéro 3 685
|
Tombés au champ d’honneur.
Gisèle DEBUISSON-PORTENART (septembre
2004)
«En 1936, notre famille est venue
habiter au 78 ter de la rue de la Prévôté.
En 1940, nous évacuons à pied jusqu’à
Saint-Venant sans notre père, retenu à la construction d’un blockhaus à Arnèke.
Comme beaucoup de gens, après quelques
mitraillages sur les routes, nous sommes revenus découvrant notre maison
occupée par des étrangers.
Comme on parle d’envoyer les jeunes en
Allemagne, mon frère, Auguste PORTENART, né le 28 mars 1922, en compagnie de
son ami Jules SIX, décide de s’enfuir pour passer la ligne de démarcation et
rejoindre notre oncle près de Tours.
Léon VENNIN, garde-champêtre à
Frelinghien qui avait été leur instructeur de préparation militaire en 1938,
les rejoints. Ils descendent dans la Vienne et rejoignent un groupe de
résistance appelé « Jacky » et harcèlent l’ennemi tout en vivant dans
les bois.
Le 31 juillet 1944, ils sont en mission
de ravitaillement quand on leur signale une colonne allemande. Ils se replient
mais sont cernés par le détachement. Certains parleront ensuite de trahison.
Deux personnes sautent dans la rivière.
Une seule en ressortira vivante après deux heures dans l’eau. Un autre se
réfugie dans le cimetière où le fossoyeur, Fernand ROBIN, l’enferme dans une
tombe où il restera toute la nuit mais aura la vie sauve.
Robert CANUEL, Jules SIX et mon frère
Auguste PORTENART trouvent la mort sous les balles de l’occupant. Par la suite,
on me remettra une photo des trois corps !
Début octobre, Mme VENNIN reçoit des
nouvelles de son époux ainsi que l’annonce du décès des deux Pérenchinois et
elle prévient Monsieur BOSSAERT qui faisait un peu office de Maire à
Pérenchies.
Celui-ci, en compagnie d’Emile POLET,
qui connaissait les deux garçons, ceux-ci ayant fait partie, durant un très
court temps, du mouvement de la Voix du Nord avant de partir en France libre,
vient alors annoncer l’horrible nouvelle à mes parents.
Par la suite, les corps reviendront à
Pérenchies et une plaque sera apposée sur la place de Nalliers ».
|
Jeunes, partis faire la guerre dont
Auguste PORTENART et Jules SIX.
Ils seront abattus, le 31 juillet 1944
à Nalliers. Document SPMC numéro 3 815
|
|
Tombe d’Auguste PORTENART Fils à
Nalliers (Vendée).Mention « MORTS POUR LA France »
Le corps est aujourd’hui revenu à
Pérenchies.
Document SPMC numéro 3 817
|
|
Plaque du souvenir là où ils sont
tombés. « A la mémoire des F. T. P. F. Robert CANUEL, Jules SIX et
Auguste PORTENART, tombés au champ
d’honneur le 31 juillet 1944
Document SPMC numéro 3 818
|
Le 26 août 1944, la rue de la gare est atteinte !
François BAILLET
(Juillet 2004).
« Nous sommes le 26 août 1944. Il est 9H30/10H du
matin. La journée s’annonce bien. Je flâne car je suis en vacances.
Ma mère m’invite à me lever car des avions tournoient
au-dessus de nous. Ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’un train arrive en gare de
Pérenchies. Lorsque tombent les premières bombes, nous nous précipitons dans la
cave. Ma mère abandonne la cour où elle observait le manège des avions anglais,
traverse l’arrière-cuisine et reçoit du plâtre du plafond sur la tête.
Dans la cave, je me retrouve en pyjama avec les
employés de la poste à l’exception de mon père.
C’est alors que je m’aperçois que j’ai oublié de
prendre les papiers de famille qui se trouvaient sous mon lit.
Je remonte quatre à quatre alors qu’une bombe explose
à proximité. L’escalier de chêne qui conduit au premier vacille. Tant pis pour
les papiers, je redescends.
Une bombe éclate dans les jardins situés juste en face
de la poste à côté de la maison du cordonnier. Les vitres volent en éclats. Les
billets de banque que mon père se préparait à remettre aux facteurs volent
aussi. Ancien combattant de la première guerre mondiale, seul mon père ne perd
pas son sang-froid. Dans le bureau, il court après les billets éparpillés, les
rassemble pour les mettre à l’abri.
Les avions s‘éloignent. On saura après qu’ils n’ont
touché ni la gare ni le train.
C’est alors que l’on sonne à la porte. Ma mère et moi
allons ouvrir. C’est une de mes futures belles sœurs, en larmes, qui
hoquète : « Nous n’avons plus de maison ! ». Je m’habille
en hâte et je cours au café tenu par Madame Alfred LEBLEU.
Stupeur ! La maison n’a plus de façade, les
planchers se sont affaissés les uns sur les autres du premier étage au grenier.
La toiture est plus qu’ajourée.
Narquois, un jambon était resté accroché à une poutre.
L’arrière de la maison est aussi très endommagé. Une bombe est tombée sur un
tas de fumier. Il est éparpillé un peu partout.
L’écurie est partiellement détruite, le cheval est
mort, les poules aussi.
Seule, en plein centre de la maison, la cage
d’escalier est restée intacte. Madame LEBLEU, la tenancière, ses enfants et
deux ou trois clients avaient eu le temps d’y trouver refuge.
Par contre, il manque Thérèse. Hébétés, les réfugiés
ne peuvent répondre.
En réalité, elle était allée, comme chaque matin,
chercher le lait à la ferme tenue par Madame LEFEBVRE au bout de la rue de
Lille. En apercevant le manège des avions, la fermière l’avait invitée à rester
à l’abri, à la ferme. Plus tard, elle deviendra ma future femme ! »
|
Destruction, rue de la gare le 26 août
1944. La façade de la maison LEBLEU.
Document SPMC numéro 421
|
|
Destruction, rue de la gare le 26 août
1944. L’arrière.
Document SPMC numéro 422
|
|
Destruction, rue de la gare le 26 août
1944. Les planchers effondrés.
Document SPMC numéro 423
|
A suivre…
La troisième partie sera publiée le jeudi 21 mai 2020.
Philippe JOURDAN (29 avril 2020)
|
Les tombes militaires du cimetière de
Pérenchies.
Document SPMC tombes cimetières.
|
Vous appréciez notre travail,
Vous prenez plaisir à la lecture de nos articles,
Vous aimez le passé de Pérenchies,
Vous souhaitez nous accompagner dans la défense de son patrimoine,
Alors, n’hésitez pas :
Adhérez à notre association comme membre sympathisant.
Vous trouverez un bulletin d’adhésion sur notre blog sur la page
d’accueil, à droite.
Remplissez-le et envoyez-le avec votre cotisation annuelle
(8€ pour 2020) à l’adresse suivante :
Philippe JOURDAN
Si Pérenchies m’était contée…
67, rue Jean MOULIN
59840 PERENCHIES
|
Correction
et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog.