Entretien entre Marguerite-Marie NUYTS et Philippe JOURDAN en 2022.
Texte relu par Mlle NUYTS le 3
juin 2022.
Marguerite-Marie NUYTS en 2006. Document SPMC. |
Pour moi, mon père était un
Saint-Homme. Il suffisait de l’appeler et il venait tout de suite, même la
nuit. Quand il arrivait, sa simple présence soulageait le malade qui se voyait
déjà guéri.
Souvent, il partait sur un
vélo vert afin de visiter ses patients.
L’hiver, il se munissait de
patins qu’il mettait sous ses chaussures afin de ne pas glisser.
Il pratiquait aussi les
accouchements qui se faisaient alors dans les maisons et parfois dans les
cuisines.
En-tête d’ordonnance du Docteur NUYTS. Document SPMC. |
4 ou 5 fois par semaine,
l’après-midi, il y avait consultation à la maison. La porte était ouverte et
les malades entraient et patientaient.
Une fois, l’un était tellement
impatient, qu’il tira très fort sur la sonnette et celle-ci lui resta dans les
mains !
Je me souviens d’un autre,
venant pour son père, et dépassant la tête, s’écriant : « il a mal à
l’anus ! ».
Des médecins comme lui, on
n’en voit plus. La vie a changé et les pratiques aussi.
Mes parents adhéraient à la
Fédération Nationale des Familles de France. Mon père en est devenu le
président. Il voyageait donc beaucoup en France et dans d’autres pays.
Un jour, il est revenu de
Villers-Outréaux avec deux jeunes garçons de 4 et 6 ans. Leur mère et le 6ème
bébé n’avaient pas survécu à l’accouchement. Ils restèrent 6 mois avec nous.
Mise à l’honneur du Docteur NUYTS. Document SPMC. |
Article de presse relatant la remise de la Légion d’Honneur au Docteur NUYTS. Document SPMC. |
« Dans la Légion
d’Honneur, le Docteur NUYTS est nommé Chevalier.
Par décret en date du 6
février, M. le Ministre de la santé Publique et de la Population a nommé le
Docteur NUYTS au grade de chevalier de la Légion d’Honneur.
Les dirigeants, les militants
et les familles adhérentes à la Fédération Familiale du Nord de la France du
jeune Foyer à la Famillle Nombreuse se réjouiront de voir tant de mérites
récompensés.
M. le Docteur Julien NUYTS, président
de la Fédération Familiale du Nord et président national, a su concilier les
devoirs de sa charge, ceux de chef de famille et de dirigeants et militant
familial. Sur le plan départemental, il a donné une grande activité à la
Fédération Familiale du Nord. Sous son égide, s’est tenu, à Lille, le congrès
national de 1950 dont les répercussions se sont étendues à travers toute la
France.
Des journées d’études ont été
organisées, des congrès d’arrondissements, des réunions de cantons, etc…
En décembre dernier, c’était
au milieu d’une affluence considérable, où étaient présents plus de 500
délégués des Associations Familiales, que le Docteur Julien NUYTS a été réélu à
l’unanimité par les Associations Familiales du Nord.
Sur le plan national, il a
redonné un essor nouveau à la Fédération des familles de France et le congrès
qu’il a présidé à Toulouse, à côté de M. RIBEYRE, ministre de la Santé Publique
et de la Population, a été pour lui un succès bien mérité.
Cette Légion d’Honneur fait
honneur à celui qui la reçoit, à sa fidèle compagne, Mme NUYTS, et à ses
enfants et au mouvement Familial dont il est le chef. »
Le jour de la fête des mères,
mon père et ma mère partaient à la mairie pour la cérémonie. Nous, nous
restions à la maison et les plus grands préparaient le repas.
Ma famille était très
pratiquante. Parfois, j’allais jouer de l’harmonium dans la chapelle de la
Montagne à Prémesques.
Nous étions 3 filles de la
famille à avoir appris le piano. Un jour, lors d’une fête à la salle des fêtes
de Pérenchies, nous avons joué à 6 mains. Quel bonheur !
Je me souviens aussi que,
comme le sermon se faisait dans une chaire qui était placée au milieu de
l’église, les premiers rangs devaient se retourner pour voir le prêtre.
Durant 10 ans, je me suis
occupée du Patronage et des garçons de 6 à 7 ans qui venaient y pratiquer des
activités de loisirs organisées par la paroisse. On allait parfois au Mont des
Cats en train et il fallait faire les 6 kilomètres qui restaient depuis
Bailleul à pied.
C’était l’époque du Patro et
des aiglons, le surnom des jeunes garçons. J’ai ainsi connu les abbés LEDEIN,
DUPIRE, BATAILLE et LESAFFRE.
Les Ames Vaillantes. A gauche, une demoiselle NUYTS, sœur de Marguerite-Marie. A droite, la future Madame DEL PIERO-DUTRIEZ. Document SPMC numéro 4 143. |
Défilé des Cœurs Vaillants rue Edouard Agache. Document SPMC numéro 724. Non daté. |
Fête des Cœurs Vaillants, terrain paroissial, entre l’avenue du Kemmel et la rue du nord. Document SPMC numéro 4 010. Non daté. Années 40 ? |
Fête des Cœurs Vaillants, terrain paroissial, entre l’avenue du Kemmel et la rue du nord. Document SPMC numéro 2 593. Années 40 ? |
J’ai participé à de nombreuses activités paroissiales : un peu de caté, le ramassage du Denier du Culte, la surveillance des enfants durant les messes, l’accueil à la paroisse, la visite aux familles lors des funérailles et préparation des offices et la chorale paroissiale où je suis entrée à 18 ans. M. LOMMEZ la dirigeait. Lors des répétitions, dans une salle rue de la Prévôté, j’accompagné parfois la chorale avec un harmonium. Un jour, ce fut fini car une religieuse prit ma place.
J’ai également fait du théâtre
et participé aux réunions de l’ACI (Action catholique Indépendante).
Théâtre en 1947 avec Marguerite-Marie NUYTS. Les dames aux chapeaux verts. Document SPMC numéro 2 754. |
Marcel DEVOS et Marguerite-Marie NUYTS font du théâtre Pièce " gais, gais, marions-les!". Non datée. Document SPMC. |
J’adore le piano et j’ai
d’ailleurs obtenu deux prix au conservatoire de Lille.
Ma mère s’est longtemps
occupée de l’association des familles qui par la suite sera présidée par Albert
MENU. C’est M. DESPATURE, le propriétaire de la Briqueterie, qui avait
participé avec mes parents à sa création en 1926. Mon père en était devenu le
président.
Mon père est décédé le 8
décembre 1958. Il avait 60 ans.
Image mortuaire de Julien NUYTS. Décembre 1958. Document SPMC. |
Article de presse LA VOIX DU NORD. Décembre 1958.Annonce du décès du Docteur NUYTS. Document SPMC numéro 3 260. |
Après sa mort, ma mère a
présidé l’association des familles jusqu’en 1979. Il y avait 200 familles et
1 000 enfants. Tous les ans, il y avait un arbre de Noël avec distribution
de coquilles et un spectacle était proposé.
La ville organisait avec notre
association comme partenaire le concours des nourrissons qui se déroulait en
mairie.
Article de presse. Le concours de bébés en 1968. Document SPMC numéro 2 699. |
On célébrait aussi la fête des
mères par un cortège dans la ville en l’honneur des mamans. Chaque quartier
réalisait son char et un concours du plus beau char motivait les bénévoles.
Fête des mères de 1954. Cortège avec le char du quartier des Bas « L’éveil du printemps ». Document SPMC numéro 4 088. |
Défilé pour la fête des mères 1950. Passage devant la mairie de Pérenchies. Document SPMC numéro 4 087. |
Par la suite, il y eut le concours des objets fabriqués dans les écoles pour l’occasion. Chaque lauréat recevait un ou plusieurs livres.
Article de presse. AG de la Fédération Familiale du Nord à Lille. 1968. Document SPMC numéro 2 698 |
Ma mère est décédée à Lille, le 4 avril 1991, à l’âge de 89 ans.
Philippe JOURDAN, Président de SPMC.
Novembre 2022.
Correction et édition : Jean-Pierre COMPERE,
administrateur du Blog.
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