mardi 5 mai 2020

Connaissez-vous Pérenchies et son passé ? La Place Lambelin.


Document : Pérenchies et son passé numéro 42

Le pont du chemin de fer et la mairie de Pérenchies. Non daté.
Document SPMC numéro 1 312

Commentaire :
« Nous sommes au début de la rue du Général LECLERC et de la rue Edouard AGACHE.

Edouard AGACHE fut à l’origine de l’implantation de son entreprise textile sur Pérenchies.

Le général LECLERC, de son vrai nom Philippe François Marie de Hauteclocque, est né en 1902 dans la Somme. Il fut un des principaux chefs militaires de la France libre durant la Seconde Guerre mondiale et l’une des figures majeures de la libération de la France de la guerre 1939/1945. Membre des Forces françaises libres, il commanda la 2ème division blindée qui délivra notre pays de la Normandie jusqu’en Allemagne en passant par Paris et Strasbourg, aidée des troupes alliées.   
Le nom de Leclerc est son nom de guerre. Il sera autorisé en 1945 à l’ajouter à son nom par une publication au Journal officiel. Il l’avait pris lors de son arrivée à Londres afin d’éviter des représailles pour les membres de sa famille qui ne se trouvaient pas en Grande-Bretagne. 
Il meurt dans un accident d’avion lors d’une mission d’inspection en Algérie française en 1947. Il sera élevé à titre posthume au titre de Maréchal de France. Il est inhumé aux Invalides à Paris.

L’emplacement du document marque le croisement de trois voies dont la rue Carnot.
Les Pérenchinois ont souvent appelé cet endroit la place LAMBELIN car c’est là que se trouvait autrefois la Brasserie LAMBELIN. Si des discussions ont réellement eu lieu  pour la dénommer ainsi, cela ne se fit pas.
La rue du Général Leclerc, que certains appellent rue du Maréchal Leclerc, commence donc à gauche par le Kebab Center et à droite par la 1ère maison après l’immobilier. Il est à savoir qu’elle se prolonge derrière le Calvaire par la rue qui passe devant l’entrée principale du cimetière jusqu’à la rue du Grand Logis voisine de Lompret.

La rue Edouard Agache, à gauche, a comme première construction le commerce immobilier « Avenue Immobilier Métropole » et à droite, les premières maisons après le pont.

La rue Carnot débute donc avec le débit de boissons « Ô Rendez-vous » dont l’adresse est 8, rue Agache et de l’autre côté par la pharmacie.

Ce document est en fait une carte postale. Depuis le début du XXème siècle, des cartes postales furent éditées afin de permettre d’écrire et de correspondre avec sa famille mais aussi avec ses proches. Grâce à celles-ci, nous avons environ 400 documents nous présentant les rues de notre commune à travers le vingtième siècle.
Vers la fin du siècle, cette habitude changea avec les nouvelles techniques d’échanges.

On voit au loin la mairie, installée là depuis les années 30. On remarque des panneaux indicateurs avec la mention du type de voies (nationales ou départementales) désignées aussi par des couleurs. On apprend donc que LILLE est à 8 km.

On découvre deux commerces : un pressing, la blanchisserie CNET et une librairie – papèterie (papeterie)  – Vente de journaux. On remarque que l’auvent porte le nom d’un grand quotidien « France SOIR », un journal créé en 1944 et dont la version papier a cessé en 2011.

Notre association n’a pas retrouvé d’informations sur la librairie tenue, un certain temps, par la famille DELISSE. Le texte qui suit évoque une dénommée Juliette. Renseignements pris auprès de Mme Danièle SAINGIER, il s'agit de Juliette BAELEN.

On a retrouvé dans l’annuaire RAVET ANCEAU de 1958 la mention de la présence de deux libraires : M. FLEURICE, rue AGACHE et M. WELLEMAN, rue Henri BOUCHERY. Ce dernier est également mentionné comme vendeur de journaux.
Malheureusement, nous n’avons pas à disposition, à ce jour, des autres éditions de cet annuaire.

Par contre, nous avons retrouvé un texte sur la blanchisserie signé à l’époque par Thérèse DUMEZ, qui, depuis, est devenue Madame VANUXEEM.   

La blanchisserie C NET, Place Lambelin, par Thérèse Dumez. Janvier 2004.

C’est en 1965 que mon père, Roger DUMEZ, quitta l’usine Agache afin de reprendre la gérance d’une blanchisserie nommée « C NET ». Par la suite, il travaillera à la Poste. Le magasin se trouvait juste à côté du chemin de fer et de l’autre côté, il y avait une librairie tenue par Juliette BAELEN.
Les gens apportaient leur linge en fin de semaine et venaient le rechercher dans le courant de la semaine suivante mais surtout le samedi.
Sur les vêtements, on agrafait des bolducs numérotés. Sur les draps, on notait sur l’ourlet le nom du client avec un stylo à bille. Les vêtements étaient entreposés dans des sacs et les draps dans un grand coffre. Chaque jour, le livreur passait prendre le linge sale et nous apportait le propre.
Les vêtements propres étaient sur cintres et recouverts d’une housse plastique. Ils étaient classés par catégorie sur des penderies. Quant aux draps, vêtements de travail ou chemises, ils nous revenaient dans des cartons. Il fallait donc trier ce linge, l’emballer et le classer alphabétiquement dans des casiers afin de le retrouver rapidement au retour du client.
Le vendredi était une journée très longue car le linge propre nous était livré alors que d’autres clients, en majorité, nous apportaient le linge sale. Très souvent, le vendredi soir, en rentrant de l’école, après avoir brièvement revu ma leçon d’histoire, j’allais aider mon père à emballer le linge et à marquer le sale. Puis, il fallait laver le magasin et tout préparer pour le livreur qui passait, le lendemain, vers cinq heures du matin. Il nous arrivait de servir des clients le vendredi soir très tard car ces derniers revenaient du match de football à Lille et, voyant de la lumière, ils s’arrêtaient pour prendre leurs vêtements.
Le magasin était fermé le dimanche. Néanmoins, chaque semaine, un client, au moins, venait car il avait oublié de venir retirer sa chemise ou son costume. Mon père ou moi-même devions alors ouvrir afin de le satisfaire.
Jusqu’en 1969, nous avons habité près du magasin et le dérangement n’était pas très grand. Par la suite, nous avons déménagé, pas très loin du centre. Les clients ont continué à venir nous chercher jusqu’à chez nous pour les servir. Le commerçant de l’époque était toujours au service de ses clients. Le client était roi !
Un jour, nous avons été victime d’un vol. Les voleurs avaient tout raflé les vêtements. Le propriétaire de la blanchisserie est d’ailleurs allé faire un tour sur des marchés de Lille afin de voir s’ils n’étaient pas mis en vente, sans succès. Bien entendu, chacun a été dédommagé de la perte de ses vêtements sur présentation de factures ou sur un montant forfaitaire. N’empêche que cet incident provoqua beaucoup de soucis à mes parents. En effet, certains clients ne comprenaient pas que la direction ne rembourse pas un vêtement neuf.
Entre temps, mon père avait créé une tournée à domicile. Nous allions chercher le linge à Lompret, Verlinghem, Prémesques, Ennetières-en-Weppes et à la Chapelle d'Armentières. Cela nous prenait tout notre samedi. Lorsque j’ai eu mon permis, c’est moi qui faisais cette tournée. C’était agréable. Nous rencontrions du monde et surtout cela rendait service aux personnes âgées ».  


Philippe JOURDAN (16 avril 2020)

En cette période de confinement que notre pays n’a jamais connue depuis des décennies en dehors des guerres, nous avons pensé que notre association pouvait vous présenter chaque jour un document extrait de notre fond documentaire composé de plus de 8 000 photos.
Quand l’occasion se présentera, un petit commentaire suivra la photographie. La page sera publiée chaque jour à partir de 10H.
N’hésitez pas à nous transmettre vos propres commentaires ou informations sur le sujet présenté. Cela permettra de compléter nos connaissances sur Pérenchies et son passé. Philippe JOURDAN, Président de « Si Pérenchies m’était contée … »  20 mars 2020

Correction et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog

lundi 4 mai 2020

Connaissez-vous Pérenchies et son passé ? La pharmacie de la Grand’Place.


 Document : Pérenchies et son passé numéro 41


La pharmacie de la Place du Général de Gaulle à Pérenchies avec le personnel.
Non daté. A gauche, Jean POUPART.
Document SPMC numéro 3 641
Commentaire :
« Nous sommes sur la Grand’Place de Pérenchies et nous observons la pharmacie PEINGNEZ.
3 personnes en tablier posent sur le devant. Le jeune homme en culottes courtes est Jean POUPART né en 1913.
Il fera des études dans le domaine de la santé. On peut donc estimer ce document vers les années 30.
Je n’ai pas trouvé d’explications pour la mention sur la vitrine « Paul CORDONNIER, Pharmacien de Première classe ».

Les annuaires RAVET ANCEAU nous donnent quelques informations. En 1914, on cite la pharmacie PEINGNET. En 1922, pas de pharmacie signalée. En 1939, on parle d’un pharmacien R. BALQUET, place de l’église et d’un autre M. PALAU, Grand’Place !
En 1958, la pharmacie porte le nom de CAPPELLE.
Comme nous n’avons pas tous les ouvrages, les informations ne sont pas complètes.

Dès les années 20, la Grand’Place sera reconstruite.
Au 19ème siècle, une ferme était installée là où la pharmacie et les autres maisons figurent de nos jours.
Par contre, la rangée de maisons qu’on peut voir sur les cartes postales de 1900 sera reculée pour élargir la place.
Au lendemain de la guerre, en venant du pont, un espace libre verra quelques années plus tard se construire ce qui sera une droguerie puis une banque.
On a ensuite un estaminet « A l’étoile d’or » puis un immeuble dont la moitié est cette pharmacie et l’autre une habitation.
On trouve ensuite le café du Centre, un commerce (peut-être déjà une boulangerie ?), le café de la Place et enfin une habitation.

En agrandissant le document, on voit, en vitrine, quelques produits et des marques : NESTLE et OVOMALTINE.
Nestlé est une compagnie fondée en 1866 par le Suisse Henri NESTLE qui commercialise une farine lactée pour les nouveaux-nés.
Ovomaltine est un produit mis au point pour lutter contre la malnutrition par un pharmacien suisse en 1865. Il a en effet trouvé un procédé qui permet la conservation d’un extrait de malt. Son fils, pharmacien également, affine le goût par l’apport d’œuf, de lait et de cacao. La recette sera lancée en 1904 sur le marché comme une préparation médicale.

Revenons à Jean POUPART. Celui-ci fut très connu, autrefois, car il s’occupait bénévolement de l’organisation, avec d’autres, de la Colonie du Mont des Cats mais aussi des œuvres paroissiales.

L’un de ses fils, qui vit aujourd’hui à Lambersart, nous a remis dernièrement toutes les archives de son père et quelques objets personnels pour notre futur centre d’histoire locale.

Dans notre fond documentaire, nous avons retrouvé deux textes que nous vous livrons :

Souvenirs d’école par Jean Poupart (le 29 février 1996).

« Je suis né le 26 mai 1913 à Pérenchies.
Après la première guerre mondiale, je suis revenu dans un patelin démoli en général. Nous étions dans les années 20. Quand la maison fut reconstruite, on est revenu à Pérenchies et on m’a inscrit à la communale qui se trouvait rue Henri Bouchery. Mon premier instituteur fut Monsieur Vaillant, le directeur. Monsieur Lecocq faisait la deuxième classe tandis que sa future épouse, Mlle Vaillant, faisait la quatrième. On avait un tablier noir ou à carreaux roses. On portait de grosses bottines, des chaussettes jusqu’aux genoux, des culottes courtes et un capuchon quand il pleuvait. Il n’y avait pas de cantine. Tous les élèves repartaient le midi chez eux, même ceux qui habitaient loin. Le jeudi, on n’avait pas classe. Le samedi après -midi était réservé au dessin.
Les enseignants étaient sévères. L’usine Agache payait un professeur de musique, Monsieur Wagnon, qui venait chaque semaine. On écrivait à la plume gauloise et on faisait de nombreux exercices d’écriture.
On passait le certificat d’étude à Quesnoy sur Deûle. Il fallait s’y rendre par ses propres moyens. Ceux qui étaient aptes le passaient.  Cette année-là, nous étions 18. C’était dans le grenier de la mairie de cette ville, chef-lieu de canton, où l’on passait aussi le conseil de révision, que se déroulaient les épreuves : dictée, calcul, chant, récitation, …
Nous attendions le soir les résultats qui étaient lus. Parmi nous, se trouvait le fils d’un colombophile (un coulonneux comme on disait). Il avait emmené dans un panier d’osier un pigeon. Il le lâcha après les résultats avec le message suivant : les 18 reçus sauf moi ! Par la suite, on recevait un diplôme avant les vacances.
La plupart partait alors travailler à l’usine Agache. Les autres continuaient leurs études à Armentières ».

Extraits du mot d’accueil prononcé par Roger DUTRIEZ à l’occasion des funérailles de monsieur Jean Poupart, le 15 mars 1999.

« Jean Poupart est né à Pérenchies où il passa toute son enfance et sa jeunesse au 3, rue de la gare avec sa maman et ses tantes.
Il fréquenta l’école maternelle privée, rue Gambetta, puis l’école publique de garçons, rue de la mairie.
Très jeune, il participa activement aux mouvements de la paroisse : patronage, cercle Saint-Jean, cinéma paroissial, …
Mais ce qui l’a marqué et ce que l’on retient surtout de lui à Pérenchies, c’est la colonie du Mont des Cats.
Comme les gamins de son âge, Jean fut d’abord colon puis dirigeant, consacrant son temps des congés payés au service des enfants pendant 18 ans.
La famille Poupart participa activement de nombreuses années à cette colonie. Sa mère et sa tante aidaient souvent Sidonie la cuisinière.
Il se maria en 1944 mais continua d’encadrer les jeunes emmenant même avec lui sa femme et leur premier bébé.
Le site du Mont des Cats a tellement marqué Jean qu’il a demandé que ses cendres y soient répandues près de la chapelle de la passion au sommet de ce mont des Flandres qu’il a tant aimé ».


Philippe JOURDAN (16 avril 2020)

En cette période de confinement que notre pays n’a jamais connue depuis des décennies en dehors des guerres, nous avons pensé que notre association pouvait vous présenter chaque jour un document extrait de notre fond documentaire composé de plus de 8 000 photos.
Quand l’occasion se présentera, un petit commentaire suivra la photographie. La page sera publiée chaque jour à partir de 10H.
N’hésitez pas à nous transmettre vos propres commentaires ou informations sur le sujet présenté. Cela permettra de compléter nos connaissances sur Pérenchies et son passé. Philippe JOURDAN, Président de « Si Pérenchies m’était contée … »  20 mars 2020


Correction et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog