Document :
Pérenchies et son passé numéro 31
Procession sur le pont de
Pérenchies avec l’église en ruines. Non datée. Après 1918 ?
Document
SPMC numéro 4 007
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Commentaire :
« Notre
association possède deux photographies de cette procession qui nous ont été
remises par Michel STORMS. L’une mentionne derrière « 1914 » et
l’autre « 1916 » mais cela n’est pas possible. Elles dateraient
plutôt de l’après-guerre entre 1918 et le début des années 20.
L’officier
allemand Hans DUVINAGE a écrit un livre dans lequel il raconte l’histoire de sa
famille dont les membres furent autrefois les seigneurs de Pérenchies. En
décembre 1917, il passe à Pérenchies et découvre une ville en ruines. Il gagne
le château de Lassus à Lompret où il peut découvrir des rapports du maire de
Pérenchies recensant les habitants blessés ou tués. Il lit aussi les rapports
quotidiens de la troupe allemande. Le 8
juin 1916, il y aurait eu 46 tirs et le 2 juillet 1916, 1 448 tirs !
L’artillerie allemande installée dans le parc du château des tourelles près de
l’église riposte. Le 28 juillet 1917, 528 habitants quittent Pérenchies suivis
quelques jours plus tard du prêtre et des dernières familles encore présentes.
Hans
DUVINAGE reviendra à Pérenchies le 14 août 1918. La ville est déserte.
Un
exemplaire du livre de famille dont une partie est rédigée en français a été
déposé par lui-même ou ses descendants aux Archives du Nord.
Ses
descendants sont venus trois fois dans notre commune et ont été reçus par la
Municipalité et l’association d’histoire locale. Ils parlent français car la
tradition familiale veut que les membres de la famille n’oublient pas leur
origine.
Observons
la photographie. On voit l’église, derrière, en ruines. Elle a subi les tirs
des Anglais car Pérenchies était une base de repli pour les troupes allemandes
qui allaient au front du côté de Frelinghien ou d’Houplines. On raconte que les
voies d’accès aux tranchées commençaient en bas de la côte de la rue de la
Prévôté. Les troupes allemandes venaient se reposer dans notre ville avant d’y
retourner. Les boiseries et tout le bois des maisons avaient été récupérés pour
la construction de ces tranchées.
Par
la suite, les Allemands dynamiteront le clocher afin de récupérer le métal des
cloches.
A
côté de l’église se trouvait le château des tourelles appartenant à M. JEANSON,
un industriel du lin dont l’usine se trouvait à Armentières. La demeure ne
résistera pas à la guerre. En observant bien le document, on voit que les
ruines ont été remplacées par des baraquements pour y accueillir les habitants
de la ville de retour d’exode.
La
procession passe sur un pont provisoire. On découvre de nombreuses bannières
dont on ne connait pas la provenance. Elles n’existent plus. L’une porte la
mention « Sainte Marie ».
Des
filles en tenues blanches portent des couronnes de roses dans les cheveux. Des
dames les encadrent. Il y a aussi des garçons mais on ne les voit pas car ils
sont derrière.
L’autre
photographie non présentée ici montre que des enfants portent aussi des palmes.
Sommes-nous le jour des rameaux ? Célèbre-t-on Pâques ? La végétation
pourrait le confirmer.
Le
dimanche des rameaux se déroule une semaine avant Pâques et commémore pour les
catholiques l’entrée du Christ à Jérusalem monté sur un âne afin que ses pieds
ne touchent pas le sol par respect. La foule aurait cueilli des branches
d’arbres pour accueillir cet homme considéré comme un prophète et un
prêcheur.
Au
loin, on devine les toits de l’école publique de filles et de l’école
maternelle, rue de la Prévôté. Fortement démolies durant la guerre, les murs
ont néanmoins résisté.»
Philippe
JOURDAN (11 avril 2020)
Correction
et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog
En cette
période de confinement que notre pays n’a jamais connue depuis des décennies en
dehors des guerres, nous avons pensé que notre association pouvait vous
présenter chaque jour un document extrait de notre fond documentaire composé de
plus de 8 000 photos.
Quand
l’occasion se présentera, un petit commentaire suivra la photographie. La page
sera publiée chaque jour à partir de 10H.
N’hésitez
pas à nous transmettre vos propres commentaires ou informations sur le sujet
présenté. Cela permettra de compléter nos connaissances sur Pérenchies et son
passé.
Philippe
JOURDAN, Président de « Si Pérenchies m’était contée … » 20 mars 2020