Souvenirs recueillis par Didier DELIGNE pour le C. F.
I. P.
Texte proposé par Serge MOUTIEZ, président du CFIP
Illustré par des photographies de Florence CAPPELI.
« Je suis né en 1939
à Pietralunga, de parents cultivateurs. Ils possédaient 3 vaches (2 pour le
trait et 1 pour le lait) et cultivaient le blé, la pomme de terre et la tomate.
Enfant, j’allais à pied à
l’école à 1,5 km de la maison, mais avant, je faisais à pied, une tournée avec
les 10 litres de lait quotidiens pour livrer dans le village (années 48-50).
Puis en revenant de
l’école, j’allais en apprentissage à l’abattoir (lavage de boyaux !).
Cela ne me plaisait pas
trop !!!
A 14 ans, j’essaie divers
métiers en apprentissage jusque 15-16 ans dont la cordonnerie, la menuiserie,
entremêlés de travaux des champs ou à la mairie de Pietralunga pour la
construction de bâtiments pour les animaux.
Entre 16 et 18 ans, je
travaille au Domaine des Forêts pour la plantation d’arbres, et, ayant eu un
chien dressé à cet usage, je double mon salaire grâce à la recherche et à la
vente de truffes !
Mais tout cela était
précaire et à la mort de mon chien, à 18 ans, je décide de partir pour la
France.
A l’époque, la majorité
étant à 21 ans, il me fallait une autorisation officielle de mes parents
réticents à me laisser partir. Puis mon père accepta, mais ce fût un
déchirement pour ma mère.
C’est donc en 1957 que
j’entame avec quelques autres un long voyage en bus, avec les repas, les
hébergements …et les visites ! pris en charge par le Consulat d’Italie. Je
traverse Perugia, Milano où j’apprends que 25 personnes de Perugia et environs
sont requises pour aller travailler chez Agache à Pérenchies. Je passe ensuite
une journée à Paris, avec des visites, puis j’arrive à Lille où nous sommes
accueillis par Monsieur DROULERS, patron de l’usine Agache, le Consul d’Italie
et un missionnaire italien.
Puis c’est le terme de
mon voyage par mon arrivée à Pérenchies au centre d’accueil et d’hébergement
des Ets Agache (actuellement le CAL) avec un confort de l’époque qui ravit tous
les arrivants (chambres et douches !). Un repas d’accueil clôture cette
journée.
Je commence alors un
apprentissage dans une équipe féminine, qui m’apprend le maniement et
l’entretien des machines. La direction voulait créer une équipe de nuit
constituée d’hommes.
En même temps, je
m’inscris à des cours gratuits de français à l’école de la rue Henri Bouchery. Au bout de six
mois, je passe chef d’équipe dans la filature et prends en charge les blessés
légers pour aller chez le médecin. J’exerce ce métier pendant une dizaine
d’année, et, pour améliorer l’ordinaire, je travaille chez un producteur de
fleurs, un travail pénible, notamment en été sous les serres.
En 1967, je m’inscris à
un recrutement à la C.G.I.T. (l’ancêtre de Transpole). J’effectue trois mois de
formation dont le deuxième à Paris avec passage du permis, et le troisième à
Lille avec un tuteur pour mes premières tournées au volant. Puis je deviens autonome
et devant mes bons et loyaux services, le directeur me confie l’apprentissage
des nouveaux chauffeurs pendant les tournées. Je me risque à proposer et à
faire accepter la création de la ligne vers Pérenchies.
J’ai aimé ce métier et le
contact avec les gens et ne peux raconter ici toutes les anecdotes au long de
tous ces kilomètres ! C’est avec fierté et sans accident que je termine ma
carrière en 1997. Conduire nécessite un peu de détente et, à l’époque les bals
sont une des rares distractions. Lors d’un bal, j’invite à danser une jeune
fille qui m’appelle d’emblée par mon prénom ! alors que je n’ai appris
qu’après qu’elle se prénommait Nadine…et que son frère avait été mon chef chez
Agache !!!.
Une nouvelle famille
franco-italienne est bientôt fondée qui donnera naissance à 2 filles :
Caroline, l’aînée, et Sabrina, la Pérenchinoise, qui nous donneront chacune un
petit garçon et une petite fille soit 4 petits enfants.
Pendant toutes ces
années, j’ai toujours pensé à l’intégration de mes compagnons ou des nouveaux
émigrés italiens et c’est suite à une entrevue au Consulat Italien, qu’à ma
demande, des cours d’italien ont été mis sur pied en 1974 pour les 73 enfants
d’émigrés. De là naît l’association Cercle Familial Italien de Pérenchies dont
je fus deux fois président entre 1976 et 1998 (A cette date, c’est Primo Del
Medico qui en prendra l’intérim).
Après un rapprochement
avec la municipalité de Montone en 1993 puis ensuite Pietralunga en 1998, je participe à
la création du jumelage Pérenchies/Pietralunga, dont nous fêterons les 20 ans en 2018.
En 1999, je retourne avec
Nadine à Pietralunga pour y couler une retraite douce et heureuse. J’étais le
dernier de mes camarades venus dans le Nord de la France à quitter
Pérenchies… »
Propos recueillis le 11
mai 2016
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Ancienne
vue de Piétralunga.
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Piétralunga
en hiver. Années 60/70 ? |
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Carte
postale de Piétralunga en noir et blanc non datée. |
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Recherche
d’ouvriers pour l’usine AGACHE.
Document
SPMC numéro 964
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L’usine
AGACHE en 1971. Les 3 ballots sous la neige.
Document
SPMC numéro 963.
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L’usine
AGACHE de Pérenchies. Document SPMC numéro 750. |
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Le
cercle des Italiens devenu aujourd’hui le Centre Social CAL Docteur NUYTS.
Document
SPMC numéro 955.
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Un
bus des transports en commun passe sur le pont de Pérenchies.
Document
SPMC numéro 4 850.
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Réception
de la délégation italienne de Montone vers 1993. |
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Mario
FAGIANELLI vers 1993.
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Serge
MOUTIEZ (président du CFIP), Mario FAGIANELLI et Giuseppe MARTINELLI (époux de
Carla MOSCATELLI) en 1998 dans la mairie de Piétralunga (Italie) |
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Affiche
annonçant le décès de Mario FAGIANELLI
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Philippe JOURDAN
10 novembre 2019
Photos SPMC, CFIP, Florence et Serge
Mise en page : Jean-Pierre COMPERE