lundi 17 juin 2024

On a retrouvé la malle du Commandant de Gaulle !

 

Charles de GAULLE lors de l’appel du 18 juin 1940.
Document INTERNET.

 

Lors de la réunion de l’association d’histoire locale « Si Pérenchies m’était contée… », le jeudi 18 avril 2024, le président de l’association, Philippe JOURDAN, a relaté l’histoire d’une vieille malle entreposée durant plusieurs décennies dans un grenier à Pérenchies et qui appartenait à Charles De Gaulle. 

A Pérenchies, on avait entendu parler de cette vieille histoire d’une malle qui était restée longtemps dans un grenier à Pérenchies et qui avait appartenu au Commandant de Gaulle.

Un article de presse avait même été retrouvé. Celui-ci ayant été découpé, on ne connaissait pas le nom du journal ni la date de parution.

 

Article de presse non daté.
La cantine du Commandant de GAULLE a été oubliée par un soldat allemand en 1941.
Document SPMC.

 

« Vers 1949.

En consigne à Pérenchies, la cantine du commandant de GAULLE ne rejoignit jamais les musées berlinois. M. et Mme HAGUE, qui tiennent un café dans la rue de Lille, à Pérenchies, étaient, pendant l’occupation, entourés d’une considération mystérieuse…

Loin des oreilles indiscrètes, leurs amis se chuchotaient la nouvelle : Eugène HAGUE avait en dépôt une cantine appartenant au général de Gaulle…

Neuf années ont passé depuis l’appel du 18 juin et Mme HAGUE possède toujours « la malle à de Gaulle » (Note de SPMC. Sans doute vers 1949 ?).

Quand on lui en parle, son visage s’épanouit, elle sourit à ses souvenirs…

En insistant un peu, vous pourrez voir la fameuse cantine, on se dérangera pour la descendre du grenier.

UNE CANTINE COMME BEAUCOUP D’AUTRES

Le commandant de Gaulle ne se piquait certes pas d’élégance et sa cantine n’avait sans doute d’autre avantage que d’être robuste.

Des étiquettes à demi déchirées sont collées sur toutes les faces. On peut encore lire : Marseille, Alger, Beyrouth. Le bois a souffert des longs déplacements et la toile de recouvrement est déchirée. Mais bien en évidence, cette inscription que l’on peut déchiffrer attire l’attention : « Commandant C. de Gaulle ».

MESAVENTURE PASCALE

Cette malle a une histoire aussi pittoresque que les légendes des lointains pays où elle a été véhiculée…

Le lundi de Pâques 1941 fut un jour néfaste pour les Allemands cantonnés à Pérenchies. Ce jour-là, en effet, les représentants de la Wehrmacht quittèrent la douce France pour la Norvège. Très bien installés, ils eurent gros cœur en abandonnant les provisions dont ils s’étaient alourdis et qui n’avaient pu prendre place dans le sac réglementaire.

Un certain FINCK, feldwebel de son nouvel état, mais juriste de tempérament et de culture, était plus inquiet encore que ses compagnons. Il s’en vint au café de la Briqueterie et, avec force politesse, il voulut confier à la maîtresse de céans « un objet de grande valeur qu’il ne pouvait emmener en déplacement ». C’était une malle qui aurait sa place dans un musée berlinois et dont la vente lui rapporterait 30 000 francs. Il reviendrait la prendre en octobre.

Pâques et Trinités se succédèrent, l’Allemand ne revint pas…

Son unité partit pour la Russie. Cependant, le souvenir de la cantine obsédait ses loisirs glacés. Des steppes russes, un billet parvint chez M. HAGUE, le 4 novembre 1941. Le docteur en droit s’inquiétait du sort de la malle historique.

Depuis, M. HAGUE n’a eu aucune nouvelle. Les prétentions du propriétaire se sont sans doute évanouies dans l’immensité russe…

Le général de GAULLE fera-t-il un crochet au cours de son voyage dans le Nord pour venir reprendre son bien ? C’est un espoir que Mme HAGUE n’ose pas formuler ».

 

RECENSEMENT DE 1931.

Famille LESAGE-HAGUE, 49, rue de Lille.

FREMAUX veuve LESAGE Sylvie

Née en 1880 à Ennetières en Weppes. Nationalité française. Chef de famille.

Cabaretière. Patronne.

HAGUE Eugène. Né en 1896 au Havre (Seine Inférieure). Nationalité française.

Gendre. Menuisier.

LESAGE Madeleine. Né en 1900 à Ennetières en Weppes. Nationalité française. Fille.

HAGUE Michel. Né en 1930 à Pérenchies. Nationalité française. Petit fils.


Le café de la Tuilerie tenue par la famille HAGUE, rue du Général Leclerc, vers 1936/37.
Document SPMC numéro 3 246.

 

M. et Mme HAGUE devant le café de la Tuilerie le 18 mai 1941.
Derrière, on aperçoit une affiche allemande évoquant sans doute des exécutions.
Document SPMC numéro 6 266

 

Communion de Michel HAGUE le 18 mai 1941.
Document SPMC numéro 2 617.

 

La famille HAGUE devant le café de la Tuilerie le 18 mai 1941,
 jour de la communion de Michel HAGUE.
 Document SPMC numéro 3 249.


Nous en étions restés là jusqu’en avril 2024, date à laquelle notre association commença à rassembler des documents relatifs à la guerre de 1939/1945 afin de préparer les futures commémorations des 80 ans de la Libération de Pérenchies qui doivent se dérouler en septembre prochain. 

Marie-Claude VERVISCH, membre de SPMC, qui effectue des recherches au sein de nos archives municipales, aidée par les services municipaux et les archivistes du SIVOM ANO, découvrit dans le classement des archives un dossier relatif à cette malle.

Dans celui-ci, 2 lettres datées de septembre 1964.

On découvre alors qu’une personne de Levallois Perret a contacté le maire afin de savoir si une dénommée Madame HAGUE habite toujours dans le village de Pérenchies. Celle-ci détenait une malle en bois avec tissu de recouvrement à demi déchiré portant une étiquette « Marseille – Alger – Beyrouth – Commandant C. de Gaulle ».

Cette malle remonterait selon lui à 1931/32 alors que le Général de Gaulle enseignait à l’Ecole Militaire spéciale de St-Cyr ou à quelques années près.

Peut-être provient-elle du Camp de Sissonne ou de Mailly ; plutôt de Sissonne où eurent lieu des manœuvres à l’époque vers 1931/32.

Le maire de Pérenchies répond alors que la personne recherchée habite bien Pérenchies, rue du Général Leclerc, et qu’elle détient toujours la malle en question. 

A ce stade, on ignore toujours ce qu’est devenue la malle. Les archives n’ont pas gardé trace d’un autre échange de courrier.

Cet homme a-t-il contacté la famille HAGUE. Nul ne le sait !

 

Publicité par le Café de la Tuilerie. 1965.
Document SPMC numéro 7 259.

 

Le café de la Tuilerie, rue du Général Leclerc. Dernier quart du XXème siècle.
Mme LESAGE, Mme HAGUE, Michel HAGUE.
Document SPMC numéro 6 270.


Mme HAGUE vers 1968. Café de la Tuilerie.
Document SPMC numéro 6 269.

 

Mme HAGUE vers 1968. Café de la Tuilerie.
Document SPMC numéro 6 267.


Mme HAGUE au café de la Tuilerie. Vers 1968 ?
Document SPMC numéro 6 271.


Dans la suite des recherches relatives à la guerre 1939/1945, Philippe JOURDAN découvre alors dans les nombreux documents rassemblés par SPMC et non encore dépouillés, un autre article de presse qui semble daté des années 70. Comme le premier, il a été découpé et on ne peut savoir qu’elle en est sa provenance. On ne sait pas non plus comment il est arrivé à l’association.

Et voici ce qu’il raconte :

« Après avoir séjourné pendant plus de trente ans dans le grenier d’un café de Pérenchies près de Lille, la cantine du général de Gaulle a enfin trouvé un domicile plus honorable : le Musée des Compagnons de la Libération, à Paris….

C’est dernièrement qu’une personne de Pérenchies, de passage à Paris, entretint le capitaine PREMARE, conservateur du musée des Compagnons de la Libération, de l’existence de cette cantine. Intéressés, le capitaine de PREMARE, puis M. C. HETTIER DE BOISLAMBERT, grand chancelier de l’Ordre de la Libération, firent diligence et depuis ces jours derniers, cet objet maintenant historique, qui porte encore visible, l’empreinte de son illustre propriétaire, a pris place au musée de la rue… » 

Suite à cette lecture, Philippe JOURDAN cherche sur internet des informations sur le musée des Compagnons de la Libération.

Celui-ci se trouve aux Invalides à Paris et a, en ligne, un site très bien réalisé.


Les invalides. Paris.
 Documentation INTERNET.


Une des salles du musée des Compagnons de la Libération à Paris.
Photographie du site du musée de l’Ordre de la Libération.

  

Sur celui-ci, sont répertoriés des milliers d’objets et chacun de ces objets est doté d’une notice accessible au public.

On trouve alors trace d’une malle ayant appartenu à Charles De Gaulle.

 

La malle du Colonel De Gaulle.
Photographie du site du musée de l’Ordre de la Libération.

 
 

La notice est la suivante :

« Malle du Colonel de Gaulle. Musée de l’Ordre de la Libération. 1901-1949 (1ère moitié du XXème siècle).

Domaine : équipement militaire. Matériaux : bois ; métal ; cuivre. Mesures : 37,5 x 70,2 x 30,5 cm.

Personne(s) concernée(s) non Compagnon : GAULLE Charles (de).

Informations complémentaires : cette cantine de fabrication française porte une plaque en cuivre "Colonel de Gaulle". Elle aurait été emportée à Londres par le général de Gaulle le 17 juin 1940. Offerte par la famille ».

 

Ce n’est donc pas celle que nous recherchons !

N’abandonnant pas, le président de SPMC poursuit la découverte des objets de ce musée et trouve alors une autre malle ayant appartenu à Charles De Gaulle.

 


Cantine du Commandant De Gaulle. Vue de face.
Photographie du site du musée de l’Ordre de la Libération.

 

Cantine du Commandant De Gaulle. Vue de l’intérieur.
Photographie du site du musée de l’Ordre de la Libération.

 

Comme la photographie précédente, les photographies sont accompagnées d’une notice :

« Cantine du commandant de Gaulle. 1901-1949 (1ère moitié du XXème siècle).

Musée des Compagnons de la Libération à Paris. Domaine : équipement militaire.

Matériaux : métal ; cuir ; tissu. Techniques : manufacturé.

Mesures : 32 x 70,5 x 38 cm.

Informations complémentaires : cantine déposée au printemps 1941 au café de la Briqueterie à Pérenchies dans le Nord par le sous-officier allemand Finck qui partait pour le front russe et l'a confiée à Madame Hague propriétaire du café. Madame Hague après avoir reçu une carte postale du 4 octobre 1941 du sous-officier Finck n'eut par la suite plus de nouvelles de lui et conserva la cantine. On ignore comment ce sous-officier s'appropria cette cantine ». 

Notre quête était terminée. Nous avions retrouvé cette malle qui racontait une petite histoire dans la grande Histoire de notre pays, une de ces petites anecdotes qui ponctuent et mêlent les événements de notre histoire nationale et de notre histoire locale. 

Il ne restait plus qu’à envoyer nos quatre documents au musée parisien et à faire modifier la notice qui accompagnera dorénavant cet objet parmi les nombreux autres rassemblés au sein de cette structure culturelle et historiale que l’on vous invite à visiter lors d’une prochaine visite dans la capitale.


Cantine du Commandant De Gaulle. Vue de dos.
Photographie du site du musée de l’Ordre de la Libération.

 

« Cantine du commandant de Gaulle. 1901-1949 (1ère moitié du XXème siècle).

Musée des Compagnons de la Libération à Paris. Domaine : équipement militaire.

Matériaux : métal ; cuir ; tissu. Techniques : manufacturé.

Mesures : 32 x 70,5 x 38 cm.

Informations complémentaires : cantine déposée au printemps 1941 au café de la Briqueterie à Pérenchies dans le Nord par le sous-officier allemand Finck qui partait pour le front russe et l'a confiée à Madame Hague propriétaire du café. Madame Hague après avoir reçu une carte postale du 4 octobre 1941 du sous-officier Finck n'eut par la suite plus de nouvelles de lui et conserva la cantine. On ignore comment ce sous-officier s'appropria cette cantine ». 

Merci à M. Vladimir TROUPLIN, le conservateur du musée de l’Ordre de la Libération, et aux différentes personnes qui gèrent le musée et le site très bien fait pour les échanges très rapides par Email.

 

Badge de SPMC. Document SPMC numéro 8 297.

 

Philippe JOURDAN,

Président de SPMC.

9 juin 2024. 

 

Correction et mise en page : Jean-Pierre COMPERE.

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