L'appel de notre président Philippe JOURDAN semble avoie été entendu.
En effet, cela fait deux fois en une semaine que nous pouvons publier les souvenirs d'enfance de pérenchinois.
Nous espérons que d'autres personnes suivront leurs traces et nous enverront leurs souvenirs dont nous sommes friands pour relater l'histoire de nos concitoyens.
17/11/2016
Jean-Pierre COMPERE
Administrateur
En effet, cela fait deux fois en une semaine que nous pouvons publier les souvenirs d'enfance de pérenchinois.
Nous espérons que d'autres personnes suivront leurs traces et nous enverront leurs souvenirs dont nous sommes friands pour relater l'histoire de nos concitoyens.
17/11/2016
Jean-Pierre COMPERE
Administrateur
AUGUSTO SANSOVINI
Augusto SANSOVINI |
Récit de M. Augusto SANSOVINI que nous a transmis son fils Patrice avec l'aide de Florence CAPPELLI
""""
Rien ne me prédestinait à
m’installer dans le Nord de la France.
J’avais travaillé deux ans en Allemagne
du Nord, à Lubeck, sur la mer Baltique, dans les chantiers navals, et au sortir
de la guerre, la république Italienne, nouvellement créée, se rappela à mon bon
souvenir en me demandant de faire mon service militaire à Trieste comme garde-frontière,
puis à Naples .
Une fois le service terminé,
j’avais envoyé un dossier pour pouvoir repartir travailler en Allemagne, qui
avait besoin de main-d’œuvre pour sa reconstruction. En attendant, je
continuais à travailler dans
les briqueteries alentours de
Popoli , ma ville (Chieti, Carsoli près de Rome, Roseto sur l’Adriatique)Ce
travail était saisonnier, m’occupait de mars à octobre. Je travaillais avec mon
père Aurelio, et avec mon frère Ugo.
Son quartier de Popoli |
Les années passaient, et pas de
nouvelles de ma demande en Allemagne. J’ai compris, des années plus tard , que
le dossier était bien revenu avec l’accord, mais mes parents l’avait détruit
pour éviter que je parte du cadre familial. A Pâques, 1957, je rencontre Mr
Nicola Di-Battista, un voisin et ami, qui était déjà installé à Pérenchies
depuis un moment, et, dans la discussion, il me demande si je suis intéressé
pour venir en France. Il me racontait qu’il y avait du travail à chaque coin de
rue et la France était demandeuse de main-d’œuvre. A Pérenchies , il y avait
une briqueterie qui cherchait des ouvriers surtout avec du savoir-faire :
c’était l’usine Despatures Cousin. Lassé de redémarrer une énième saison, je
lui ai dit que ça m’intéressait, Nicola rentra en France et quelques semaines
plus tard, je recevais une convocation pour me présenter au centre
d’immigration de Pescara. Il faut dire que Nicola était très actif auprès des
Italiens de la région, bien implanté à Pérenchies et bien introduit dans
l’arrondissement de Lille, auprès des autorités économiques, municipales,
préfectorales et consulaires...Suite au feu vert donné par les autorités
médicales, je reçois quelques semaines après un contrat de travail en bonne et due
forme, et une convocation pour me présenter chez Despatures à « Pérenkies »
(prononcé à l’italienne).
Ugo avait décidé de prendre le
même chemin que moi. Début juin 1957, nous voilà partis : Pescara, Milan par le
train ; dans ce train, il y avait beaucoup de jeunes gens qui partaient à
l’étranger, Belgique, Allemagne, Suisse, et France.
Arrivés à Milano Centrale, la
gare monumentale de Milan, nous nous rendons au centre d’immigration, où l’on
nous sert un repas chaud, et nous devons repasser une visite médicale avec un
médecin Français, Il était exigeant, visitait tout. Sur 200 personnes, la
moitié seulement ont eu le tampon « apte » pour venir en France. Pour nous
c’est feu vert, Nous pouvons continuer le voyage, direction la France, nous
arrivons à Reims, tard dans la soirée, la correspondance pour Lille est partie,
nous sommes seuls dans la gare.
Le chef de gare qui, devait
fermer la gare, a compris que nous n’avions pas d’argent pour aller à l’hôtel
et nous propose de dormir dans le dépôt des bagages fermé à double tours. Le
lendemain, nous reprenons le voyage. Arrivés à Lille, c’est un cheminot qui
nous mets dans le train pour« Pérenkies », (son aide et sa gentillesse, c’est
la première image sympathique de cette Région du Nord). Nous arrivons à
Pérenchies en début d’après-midi. Puis, direction ruelle des Cousins, où nous retrouvons
les Silvestri, ce qui nous réconfortait, car les parents, et les enfants,
étaient nos voisins avant-guerre à Popoli.
Ils nous conduisent au château
Despatures , dans le bureau du médecin. On y installe des matelas, nous étions
agréablement surpris.
Chez Despatures , nous avons
retrouvé des italiens du pays, et fait connaissance avec d’autres, notamment
des frioulans.
J’ai travaillé comme cuiseur,
pendant 4 ans, toujours de nuit.
En 1961, je décide de demander
une augmentation de salaire à Mr Despastures, il refuse, je lui dit que je m’en
vais, il me réponds tu peux partir.
J’entre à Ugine Kuhlmann à Saint
André, toujours grâce à Nicola, qui travaillait là. C’est un métier nouveau, la
chimie industrielle.
J’ai fait différents postes,
surveillé des mélanges de toutes les couleurs, des acides, nitrates, et
engrais, à doser, surveiller des cadrans de pression pour éviter des accidents
graves (l’usine était une usine classée Seveso)
Je me suis marié en 1965 avec
Marie-Jeanne Millevylle, qui habitait déjà rue Henri Bouchery, où j ai acheté
la maison lorsque la société Agache les a mis en vente, j’ai eu un fils Patrice
en 1966.
Ces années 60/70, étaient des
années heureuses dans une France qui travaillait et s’amusait aussi.
Je n’ai jamais eu l’intention de
retourner au pays, trop bien ici.
J’ai toujours fait la route en
bicyclette, de Pérenchies à St André, été comme hiver, par beau temps comme par
temps de neige. Pendant plusieurs années je n’ai pas pris de congés et toujours
privilégié le travail de nuit pour gagner plus. Le plus important pour moi
était LE TRAVAIL.
Ugine Kuhlmann devenu Rhône
Poulenc, après 1981, est en déclin, nationalisée en 1983, je pars en
préretraite (aujourd’hui, il ne reste plus rien qu’un énorme terrain vague).
A peine retraité, il y a des
élections au Cercle Familial des Italiens de Pérenchies, Maria Di-Battista élue
présidente me demande de faire partie du bureau. Je suis élu au CA. Je deviens
Secrétaire.
Au club, Je retrouve des amis, je
fais mieux connaissance avec d’autres Italiens que je connaissais peu. Ces
années du cercle étaient formidables de camaraderies, de convivialité, j’avais
plaisir à m’investir. Les soirées spaghetti étaient cultes. Le mieux était le
samedi soir, les parties de pétanques l’été, et de cartes l’hiver, se
terminaient à 1h-2h du matin. (je me souviens il y avait Toni Bernabeo, mon ami
disparu trop tôt, Raffaele, Franco, Mario, Alfonso, Felice, Giuseppe, Francesco
Silvestri ,Gino..) ma femme appelait ça « ma ducasse ».Dans les années 90,
beaucoup sont partis au club de pétanque, et j’ai suivi le mouvement. J’ai
arrêté le cercle en 1993, quand il prenait déjà d’autres orientations, jumelage,
et une nouvelle équipe franco italienne.
Aujourd’hui, je suis les
activités du nouveau CFIP, c’est différent, autre chose mais je suis content
qu’il perdure, qu’il attire du monde, quelques-unes de ses activités
m’intéressent encore."""""
Augusto a toujours un bon coup de fourchette |
Monsieur SANSOVINI fait partie du Cercle Franco Italien de Pérenchies.
A l'occasion du 40ème,anniversaire de celui-ci, nous vous donnons ci-après quelques photos qui nous ont été aimablement prêtées par Didier DELIGNE
Bonjour, Ha ba ca, alors ! Je suis tombé un peu tardivement et par hasard sur votre site et je reconnais immédiatement sur la photo de Popoli, l'immeuble blanc au centre de l'image (via Constantini + corso Gramsci).
RépondreSupprimerC'était aussi le quartier de ma famille (Bucci, De Benedictis). Ma mère habitait juste en face dans une ruelle (Vicolo) perpendiculaire.
Vie très difficile surtout à partir de 1943 pour les "Poposeli".
De grands bosseurs, plein de courage, beaucoup ont du quitter leur village ...
Je vous écris depuis Lille.
Ciao