samedi 16 mai 2020

Connaissez-vous Pérenchies et son passé ? A cœur vaillant, rien d’impossible…


 Document : Pérenchies et son passé numéro 50

Une équipe des « Cœurs Vaillants » de Pérenchies. Années 40. 
L’animateur du milieu est Roger DUTRIEZ.
Document SPMC numéro 4 207
Commentaire :
« Nous sommes dans les années 40. La paroisse organise des activités de loisirs pour les enfants. C’est un mouvement d’église qui prépare les jeunes à mener au mieux leur vie paroissiale. 
Les filles et les garçons sont séparés.
Des vicaires, des séminaristes, des jeunes bénévoles encadrent les garçons sur le terrain du Patronage le long de l’avenue du Kemmel. Par la suite, le terrain sera entouré de plaques en ciment.
Nous avons ici un groupe de jeunes « Cœurs Vaillants » encadrés par deux animateurs dont l’un est Roger DUTRIEZ qui, plus tard, deviendra le maire de notre commune.
Tous portent un uniforme et le béret muni d’un insigne.

Roger DUTRIEZ est né à Pérenchies en 1926. Il est aujourd’hui décédé. Ce fut une personnalité de notre ville. Durant sa jeunesse, il s’est occupé de la paroisse et des mouvements de jeunes. En 2005, il nous avait raconté sa vie.
Dans un précédent article, on avait évoqué » les années 50 et 60 et dans un autre, son enfance. Dans ses souvenirs, il évoquait aussi le mouvement des Cœurs Vaillants qui l’avait tant marqué. 


Philippe JOURDAN (27 avril 2020)



SOUVENIRS DE JEUNESSE  DE ROGER DUTRIEZ  (avril 2005)

« J’ai commencé comme enfant de chœur dès l’âge de huit ans.
En 1939, à la déclaration de la guerre, j’avais 13 ans.
Le sacristain, organiste Elysée, a été mobilisé. Monsieur le Curé me demanda si je voulais chanter les messes du matin.
Toutes les messes étaient chantées. Je le fis, accompagné à l’harmonium par Mme Simone FOUQUET jusqu’au retour d’Elysée en 1942.

Le vicaire étant mobilisé, il fallait maintenir les activités.
Au patronage, pendant les grandes vacances, il y avait des étudiants et des jeunes séminaristes qui encadraient quelques 350 garçons qui venaient régulièrement aux activités.
C’était alors le moment où j’arrêtais l’école pour travailler avec mon père qui souhaitait que son fils apprenne le métier de cordonnier pour continuer l’entreprise familiale. Il me permit d’aller tous les jeudis au patronage m’occuper des petits (6–7 ans).
Ils étaient environ 80 à venir chaque jeudi. Sœur Elizabeth en prit la responsabilité et me demanda de l’aider. C’est comme cela que je débutais comme animateur d’enfants et cela dura jusqu’à mon mariage.

Pendant seize années,  on m’a connu comme dirigeant « Cœurs Vaillants ».
C’était un mouvement national qui encadrait les garçons de 6 à 14 ans. Nous dépendions de la fédération du diocèse de Lille. Nous avions des réunions de formation régulièrement pour les responsables.
Notre devise : «A cœurs vaillants, rien d’impossible» nous donnait énormément de volonté pour réaliser les activités qui ont beaucoup marqué les jeunes de cette époque.
Des enfants, jeunes au départ, sont devenus des amis pour toujours, Serge, André, Maurice pour ne citer que les plus proches. Ensemble nous avons travaillé et réussi des activités dont je vais retracer celles qui me sont restées en mémoire.
Le groupe des Cœurs Vaillants était divisé en trois sous-groupes : les petits de 6/7 ans, les moyens de 8/11 ans et les grands de plus de 11 ans. Vu le nombre d’années passées au service de ces jeunes, j’ai eu successivement la responsabilité des trois groupes. Chaque groupe était divisé en équipes qui comptaient 10 à 12 membres et  chacune avec à sa tête un chef d’équipe. Chacune portait le nom d’un saint ou d’une personne connue pour son courage et son action (BAYARD par exemple). Chaque équipe avait sa couleur, chaque jeune avait un foulard de la couleur de son équipe et chaque équipe avait un fanion.
Les jours de fête, tout le groupe défilait dans les rues de la cité en ordre et en chantant des airs joyeux et entraînants. Ils avaient toujours beaucoup de succès. Les activités étaient surtout des jeux de groupe : le foot, le jeu de drapeaux, les  jeux de pistes…
Il y avait aussi, surtout l’hiver, une séance de projection pour terminer l’après-midi.
On regardait les aventures de Tintin et de Milou, en films fixes ou en diapositives.

Pour ceux qui le voulaient, ils étaient nombreux, il y avait des réunions de formation. On leur inculquait des principes de morale chrétienne, de bonne camaraderie et de volonté de servir les autres. Après une période, le jeune recevait, selon l’âge, une croix, verte, bleue ou rouge. Le patro de cette époque était fait pour occuper les enfants pendant leur temps de loisirs mais en même temps il leur donnait des possibilités de préparer leur vie d’adulte.

Le 10 décembre 1946, j’étais appelé sous les drapeaux.
Après un séjour d’une dizaine de jours à la citadelle de Lille pour le conseil de révision, des tests pour nous classer selon nos possibilités et nos souhaits, on m’affecta dans le matériel.
C’était une compagnie qui dépendait de l’artillerie et qui avait pour but d’entretenir le matériel, les véhicules particulièrement. Après avoir pris la direction de Strasbourg, je me retrouve près de Constance en Allemagne, pas très loin de la petite ville de Goodmadingen.
C’était un camp composé de bâtiments provisoires en bois qui avaient hébergé des travailleurs pendant la guerre dans une usine qui fabriquait du matériel agricole, les usines FARR. C’est là que je fis mes classes jusqu’au 15 février 1947. C’était le moment le plus dur de la vie militaire. Lever à 6 heures, toilette, petit déjeuner et exercice. N’étant pas particulièrement sportif, je peinais beaucoup, surtout qu’il faisait très froid. La température est descendue jusqu’à  -20°C  et on faisait du sport en petite tenue, en plein air.
Aussi quel bonheur quand on est parti rejoindre notre compagnie à Villingen, en Forêt Noire. J’ai d’abord été affecté aux ateliers. Nous devions nettoyer les moteurs des véhicules et déballer les pièces pour les réparations. J’exécutais ce travail durant environ 1 mois, jusqu’au départ du titulaire du poste de magasinier qui m’était destiné. Je logeais au magasin dans une petite chambre située au second étage de la caserne.
Le magasin était très vaste. Il occupait toute la surface du bâtiment qui faisait environ 50 mètres sur 10.
Il y avait là tout l’habillement et l’armement en stock pour la compagnie. J’étais responsable avec pour aide un prisonnier de guerre allemand (la fin de la guerre n’était pas très loin) avec qui je me suis très bien entendu. Il logeait avec moi et nous prenions les repas ensemble. Il parlait bien le français. Le hasard voulut qu’il soit aussi cordonnier ! Alors, on réparait aussi les chaussures des soldats de la compagnie.
J’avais des copains avec qui je sortais surtout le dimanche.
Le dimanche matin, il y avait une messe à 11 Heures  à l’église de la ville. Cette messe était dite en français. Elle était célébrée par un aumônier militaire ou par un prêtre allemand.
Un lundi matin, je travaillais à ranger les uniformes quand un secrétaire vient me dire : « le lieutenant voudrait te voir à son bureau ».
Je me demandais pourquoi cette convocation. Je me présente donc au bureau et le lieutenant me demande : « Vous êtes séminariste ? ».
Je ne comprends pas sa question. Il me répond que la fille du capitaine qui s’occupe des enfants français à l’église m’avait remarqué à la messe dimanche et que, si j’étais d’accord, elle souhaitait que je rencontre l’aumônier militaire à la maison paroissiale le jeudi prochain à 10 heures.
J’acceptais bien sûr et je rencontrais l’Abbé et cette demoiselle qui me demandent si j’acceptais d’être le parrain des jeunes français qui suivent les cours de catéchisme et qui doivent être confirmés.
Heureux de cette proposition, j’accepte. C’est alors que je fais la connaissance d’une bonne vingtaine de garçons, enfants de militaires, de gendarmes et de fonctionnaires qui étaient en poste à Villingen. Je les rencontre à la messe et à la sortie, nous faisons connaissance. Ils me disent que le jeudi et le dimanche après-midi, ils s’ennuient.
Je leur propose de les réunir et d’organiser des activités (genre patronage) si mes chefs m’autorisent. Parmi ces jeunes, il y avait le fils de mon lieutenant qui m’appelant à son bureau me donne une autorisation permanente de sortie.
C’est ainsi que dès cet instant et jusqu’à la fin de mon service militaire, je m’occupais de ces jeunes garçons comme je le faisais à Pérenchies. Chaque dimanche, j’étais invité à déjeuner chez l’un ou l’autre de ces jeunes. Il m’arrivait aussi de passer la soirée quand les parents devaient sortir. Cela dura jusqu’en décembre date à laquelle j’étais libéré de mes obligations militaires.
La séparation a été difficile. Ils m’aimaient beaucoup et j’ai gardé des contacts quelque temps avec quelques jeunes qui m’écrivaient encore.

Dès mon retour à Pérenchies, je repris toutes les activités auprès des jeunes du patronage le jeudi après-midi. J’étais heureux de retrouver les garçons de Pérenchies et, eux, ils étaient heureux de me revoir.
Certains souhaitaient que l’on organise des activités le dimanche après-midi. Pourquoi pas ! J’en parle au vicaire, l’Abbé LESAFFRE qui me répond que je peux disposer de la salle du patronage (actuellement la salle du restaurant scolaire rue du Nord) qui est libre le dimanche.
Je propose alors des activités de salle : jeux de société, cartes, monopoly, …
C’est le début d’une activité qui, au fil des ans, prendra une grande ampleur et deviendra «le club du Général Leclerc», encore présent dans la mémoire des jeunes de ce temps qui sont maintenant des grands-parents.
Sans aucune aide financière extérieure mais uniquement avec les petits bénéficies sur la vente de bonbons et de limonade, nous équipons progressivement la salle : tables de ping-pong, jeu de baby-foot.
Plus de 100 jeunes viennent passer leur après-midi du dimanche.
Pour ceux qui aiment la lecture, il y a les albums de TINTIN et autres livres pour les jeunes.
On organise des fêtes pour la St Nicolas, pour Noël, des après-midi familiales auxquelles les parents sont invités. Le deuxième dimanche de février c’est la grande fête du club, salle des fêtes  rue Gambetta qui est trop petite pour accueillir les parents et les familles.
Les jeunes participent aux activités bien au-delà de leur enfance. Ils sont nombreux entre 16 et 18 ans.

Un jour, en préparant notre fête annuelle, on se rend compte qu’il y a plusieurs  musiciens parmi nous. On lance l’idée d’un orchestre de jeunes et c’est ainsi qu’est né «Le Clair Orchestre». Le nom de l’orchestre est choisi par rapport au nom du club « Leclerc » et «le clair» car il fait partie du club.
Quel succès dès leur premier concert. Ils sont une quinzaine de musiciens.
Leur premier chef, c’est Maurice. On ne peut s’arrêter après un si bon départ, c’est parti et l’orchestre est une des activités du club. Sa réputation dépasse les frontières de la commune. Il jouera dans les environs, aux fêtes et kermesses et même à Cambrai et en Belgique.

Tous les membres du club sont des bénévoles, qu’ils soient responsables, animateurs ou musiciens. Une excursion d’une journée en septembre est proposée gracieusement à ce groupe et à tous ceux qui ont des responsabilités, au bar par exemple, ainsi qu’aux dirigeants, pour les remercier de leur action et de leur dévouement.
Un camp de jeunes fut aussi organisé quelques années les quatre jours de la ducasse de juillet. Il se passait dans une ferme à Le Meillard dans la Somme.
On partait le samedi et on rentrait le mardi. On dormait sur la paille d’une grange. Je me souviens que l’on voyait des rats qui se promenaient sur les poutres du bâtiment. Nous étions une vingtaine de jeunes. On cuisinait nous-mêmes, on avait emporté ce qui était transportable et on achetait sur place les produits de la ferme, le pain et la viande. Ces jeunes préféraient ce type de loisirs plutôt que gaspiller leur argent sur les manèges de la fête foraine.

Cette époque était idéale pour la vie locale. Je m’explique : on vivait sur place dans sa ville, on avait tout pour vivre heureux chez nous : travail, commerces, loisirs.
Il y avait deux cinémas à Pérenchies et le dimanche, on allait à la séance de 20 Heures.
Pour les jeunes qui aimaient le sport, il y avait l’USP, la Jeanne d’Arc pour les gymnastes, les chorales pour ceux qui aiment le chant, l’harmonie et l’alliance pour les musiciens, la pêche pour les amateurs de grand air. Pérenchies était la ville où l’on était bien, où l’on vivait bien.
Le dimanche, les jeunes étaient encore assez nombreux à assister à la messe. En sortant de l’office, on parlait en groupes sur la place.
Parfois cela se terminait dans les cafés en face.

C’est en 1956, alors que j’allais avoir trente ans, que je mis fin à ma vie de célibataire en épousant une jeune fille de Pérenchies le 3 septembre.
Une autre vie commençait : une vie  d’époux, de papa, mais aussi, en couple alors, une vie au service des autres, que ce soit au commerce, dans le monde associatif ou dans le cadre municipal».




En cette période de confinement que notre pays n’a jamais connue depuis des décennies en dehors des guerres, nous avons pensé que notre association pouvait vous présenter chaque jour un document extrait de notre fond documentaire composé de plus de 8 000 photos.
Quand l’occasion se présentera, un petit commentaire suivra la photographie. La page sera publiée chaque jour à partir de 10H.
N’hésitez pas à nous transmettre vos propres commentaires ou informations sur le sujet présenté. Cela permettra de compléter nos connaissances sur Pérenchies et son passé.
Philippe JOURDAN, Président de « Si Pérenchies m’était contée … »  20 mars 2020

Correction et édition : Jean-Pierre COMPERE,  administrateur du Blog

vendredi 15 mai 2020

Connaissez-vous Pérenchies et son passé ? Un mariage dans l’église de Pérenchies en 1956

Document : Pérenchies et son passé numéro 49


Mariage de Monique et Roger DUTRIEZ en 1956 en l’église Saint-Léger de Pérenchies.
Document SPMC numéro 4 521
Commentaire :
« Nous sommes en 1956 dans l’église Saint-Léger de Pérenchies. Monique et Roger DUTRIEZ se marient.
Le prêtre est l’abbé Albert-Jules DESRUQUES qui sera curé de notre paroisse de 1955 à 1969.
D’autres prêtres sont installés dans les stalles qui existent toujours dans le chœur de l’église mais déplacées de nos jours.
Les enfants de Chœur ne sont pas en tenue habituelle ! Ont-ils mis leur tenue du Patronage afin de rendre honneur à Roger DUTRIEZ qui était animateur bénévole depuis de nombreuses années ? Certainement. 
On aperçoit d’ailleurs, près de la porte de la sacristie, le drapeau du mouvement des Cœurs Vaillants posé contre le mur. Il porte la devise : « A Cœur Vaillant, rien d’impossible ! »
Le curé est en grande tenue.

Roger DUTRIEZ est né à Pérenchies en 1926. Il est aujourd’hui décédé. Ce fut une personnalité de notre ville.
En 2005, il nous avait raconté sa vie.
Dans un précédent article, on avait évoqué » les années 50 et 60.
Ce jour, c’est son enfance et son adolescence qui vous sont racontées »

Philippe JOURDAN (27 avril 2020)


SOUVENIRS DE JEUNESSE  DE ROGER DUTRIEZ  (avril 2005)
« Je suis né à Pérenchies le soir du 23 novembre 1926 au numéro 92 rue de la Mairie (devenue la rue Henri Bouchery). Mes parents mariés deux ans plus tôt avaient repris le commerce de chaussures situé dans cette habitation provisoire construite après la grande  guerre. C’était une baraque (construction provisoire en bois), il y en avait encore beaucoup à Pérenchies à cette époque, la commune était détruite à plus de 80 %. J’y ai vécu jusqu’en mars 1931. Mes parents ont acheté un terrain et construit une maison au numéro 7  de la même rue.

Comme tout le monde, je ne me souviens  pas des premières années de ma vie. Un fait m’a marqué. Je devais avoir environ 4 ans. Mon voisin Monsieur MARQUILLIE était garde champêtre à Pérenchies. Un jour il est parti à l’hôpital pour être amputé d’une jambe après avoir été mordu par un ivrogne en gare de Pérenchies. Je me rappelle  avoir vu mon père aider à l’installer dans une voiture automobile (rare à l’époque)

Mes premières années à l’école libre de la rue Gambetta  se passèrent avec Madame Louise pour les petits et Madame Denise pour les grands (5 et 6 ans). Ces dames étaient des religieuses, mais n’avaient pas le droit d’être habillées en sœur depuis la loi de 1905. Elles ont été  autorisées par le gouvernement de Pétain, pendant la guerre de 1939/1945. J’ai peu de souvenirs de ces années.

En octobre 1932, j’entre à l’école primaire Jules Ferry, rue de la Mairie. Comme tous les enfants de l’époque, je porte la blouse grise.  Je me souviens que les classes étaient éclairées au gaz comme la maison où j’habitais (celle du 92). L’électricité est arrivée dans les années 1930.
Il y avait 7 classes à l’école et une salle de cinéma. Le samedi après-midi, il y avait une séance de cinéma. On y passait des documentaires et pour terminer un film de Charlot.

Ma scolarité s’est passée sans gros problèmes. J’étais un élève moyen. J’ai obtenu mon certificat d’études primaires en 1938. J’étais dans ma douzième année et comme l’école était obligatoire jusque 14 ans, j’ai fait deux ans de cours supérieur avec Monsieur DELABY qui était aussi le directeur de l’école. Très jeune, j’ai été enfant de chœur. Je devais avoir 8 ans quand le vicaire de l’époque, Monsieur l’Abbé LEFEBVRE est venu à la maison demander si je voulais être enfant de chœur. Mes parents m’ont demandé mon avis. J’ai répondu : oui, mais pas pour servir les enterrements, car j’ai peur des morts. Monsieur le Vicaire m’a rassuré, alors j’ai accepté.

Nous étions 6 enfants de chœur. Nous servions les deux messes du matin à 6H30 et à 7 Heures.
Toutes les 6 semaines, je faisais le dimanche une messe le matin puis la grand’messe et les vêpres l’après-midi. Nous servions aussi les enterrements et les mariages et, pour cela, nous avions l’autorisation de quitter l’école ce qui était parfois gênant pour certains cours.

Deux fois par semaine, durant deux ans, nous allions aussi au catéchisme le matin à 7H15 car l’école commençait à 8h30. Nous préparions donc la communion solennelle, aujourd’hui profession de foi, que nous faisions dans notre onzième année.

La même année, nous recevions le sacrement de confirmation en l’église de Quesnoy Sur Deûle. Ces cérémonies étaient préparées par une retraite qui débutait le mercredi soir et les trois jours suivants.
Les garçons étaient habillés en costume et portaient un brassard blanc au bras gauche.
Les filles portaient une robe blanche et un voile. Chaque enfant pavait un cierge plus ou moins gros. Le mien pesait trois kilos. J’en avais « plein les bottes » car il fallait aussi se munir de son missel qui était lui aussi très gros. Le dimanche de la communion, on allait à la messe de 7 Heures puis on communiait à la grande messe de 10 h 30. A 15 Heures, il y avait les vêpres.

La grande joie de l’équipe des enfants de chœur était : «  la tournée des enfants de chœur » de la semaine sainte. Le jeudi saint, on allait dans toutes les maisons de la paroisse où on nous donnait de tout : de l’argent, de la confiserie et surtout des œufs, car il y avait encore des fermes à Pérenchies.

La semaine sainte était très chargée en office religieux. Il y avait la messe très tôt le matin puis les messes et célébrations qui avaient lieu à 6 Heures et, le soir, une célébration  pour préparer la fête de Pâques. Tous les enfants de chœur devaient être présents.



Les prêtres que j’ai connus et qui ont marqué mon enfance et ma jeunesse sont d’abord les vicaires qui se sont succédés :

L’abbé LEFEBVRE
Je l’ai peu connu car il a quitté la paroisse en 1934. Je l’ai retrouvé  dans ses vieux jours à Marquette  où il était curé. Il a passé ses derniers jours au foyer logement «  Nouvelle étape. » Il était heureux de me revoir et moi aussi.

L’abbé SURMONT
Il est arrivé en 1934. C’est avec lui que j’ai suivi mes années de catéchisme et fait ma communion solennelle. Il voyait en moi un futur prêtre.

L’abbé Jean LEDEIN
Il a été nommé vicaire à son ordination sacerdotale en 1938. Il est celui qui a marqué le plus ma vie d’adolescent.
C’était un prêtre qui savait accrocher les jeunes qui étaient nombreux à l’église et dans les mouvements d’action catholique à Pérenchies. Avec sa population ouvrière, c’est la J.O.C. qui attirait les jeunes qui, à l’époque, commençaient leur vie professionnelle à 14 ans.
Les jeunes qui participaient aux cercles d’études et aux réunions étaient nombreux. La mixité n’existait pas. Il y avait donc la J.O.C. pour les garçons et la J.O.C.F pour les filles. Ils avaient  quand même des occasions de rencontres et  nombreux furent les mariages entre les membres de ces mouvements qui ont d’ailleurs fait d’excellents couples avec de nombreux enfants.
L’abbé LEDEIN a été  mobilisé en 1939 et fait prisonnier. Il est revenu en 1942. Pendant ce temps, la paroisse a bénéficié des services d’un missionnaire diocésain.
Il s’agissait de  prêtres qui prêchaient les missions qui se déroulaient dans les paroisses tous les quatre ans.  Le Père LEBACQ est resté à Pérenchies tout ce temps, ce qui nous a permis d’avoir pendant ces années, des sermons dignes d’une cathédrale car c’était un sacré prédicateur.
L’abbé LEDEIN a aussi fait beaucoup pour les enfants du patronage qui dépendait de la paroisse. Tous les mercredis, pendant les vacances scolaires, des centaines de garçons participaient aux activités organisées pour eux.
C’était l’époque des « cœurs vaillants », mouvement d’action catholique pour les jeunes garçons.
L’Abbé LEDEIN a quitté Pérenchies en 1945 pour Saint-Maclou à Haubourdin.

L’Abbé Raymond DEROO
Il est venu à Pérenchies mais pour très peu de temps.

L’Abbé Alain LESAFFRE
Il a succédé à l’abbé DEROO en 1946 dès son ordination en juillet.
C’était un ancien scout de France. Il a aussi fait beaucoup pour les jeunes. Il y avait toujours autant de garçons au patro. Il a développé les colonies de vacances.
Qui ne se souvient pas des « colos » du Mont des Cats ? Jean POUPART nous en a  parlé beaucoup.
Avant la guerre de 1939/1945, elles accueillaient 24 garçons de 8 à 14 ans qui séjournaient dans un bâtiment situé en haut du Mont des Cats. Les règlements d’hygiène et de sécurité étaient beaucoup plus souples à ce moment-là. Il y avait deux dortoirs de 12 enfants plus les dirigeants, un réfectoire entre les deux dortoirs et un bâtiment qui servait de direction et d’économat. La cuisine était faite par une dame, Sidonie,  qui habitait à cinquante mètres de la colonie et qui était aidée par une ou deux dames de Pérenchies.
Les colons épluchaient les légumes, faisaient la vaisselle et le nettoyage des locaux. Le directeur était un prêtre qui n’était pas de la paroisse, souvent un professeur. Tous les matins, nous avions la messe dans la petite chapelle des loques, appelée comme cela parce que l’on y déposait des morceaux de vêtements qui appartenaient aux malades dont on demandait la guérison.  Cette chapelle existe toujours. Par contre le bâtiment de la colonie est remplacé par la grande antenne de la télévision. Le Mont des Cats était un lieu idéal pour organiser des grands jeux dans les bois et les prairies.
La journée se terminait par la prière au calvaire, toujours présent en haut du Mont, avec le chant que beaucoup encore ont en mémoire : « Avant de fermer les paupières, tous ensemble nous te prions. Seigneur pendant la nuit entière, daigne veiller sur tes colons ».
C’est certainement un moment qui a marqué profondément tous ceux qui ont eu la chance de participer aux « colos » du Mont des Cats et beaucoup d’anciens ont en mémoire ces moments passés au cours de leur jeunesse.

La législation qui encadrait ces séjours étant devenue plus exigeante, il a fallu chercher un autre lieu pour accueillir la colonie. Elle est d’abord partie à DESVRES, dans l’école Saint-Nicolas en 1947, puis à MOULLE à l’école Sainte-Marie. Les locaux étant plus vastes, on accueillait davantage de jeunes.
L’abbé LESAFFRE a quitté la paroisse en 1950.

L’Abbé Léon BATAILLE
Il a remplacé l’abbé LESAFFRE. Contrairement aux vicaires précédents, c’était un prêtre qui était déjà vicaire en paroisse et il venait de Lille-Esquermes, je crois. C’était un prêtre « bricoleur ». Il aimait travailler dans les locaux paroissiaux, particulièrement le cinéma paroissial. Il maniait le marteau et la scie. Il réparait et mettait en peinture. C’était un prêtre exigeant pour tous ceux qui travaillaient avec lui. Il n’est resté que deux ans. Il quittera brusquement la paroisse en 1952.

L’abbé LEPERS
L’abbé DENECKER, était alors notre curé. Il s’est débrouillé pour faire venir un prêtre tourquennois, l’Abbé LEPERS. Il était sans poste à l’époque ayant dû se soigner. C’était un prêtre formidable pour les enfants. Il se donnait tout entier : patronage, colonie, enfants de chœur, catéchisme. Pendant quelque temps nous avions deux vicaires, l’Abbé LEPERS étant là surtout pour les enfants. Il a quitté Pérenchies en 1955.

L’Abbé  Paul MENARD
L’abbé MENARD est donc nommé vers 1955. C’est lui qui était vicaire  quand je me suis marié en 1956. Il était aussi très dévoué pour les jeunes et les enfants qui étaient toujours très nombreux au patronage.

Parmi les œuvres qui ont marqué mon enfance et ma jeunesse, je dois parler de la Croisade Eucharistique. C’était un mouvement d’action catholique pour les enfants. Dans la paroisse,  les religieuses de l’école Ste Marie  s’en occupaient. Nous étions 25 à 30 garçons à participer aux réunions qui avaient lieu à l’école de la rue Gambetta, le dimanche matin. Sœur Elisabeth, une religieuse qui a séjourné longtemps à l’école, fut la fondatrice de ce mouvement à Pérenchies. J’en conserve des souvenirs inoubliables. Le nombre de jeunes garçons qui participait allant croissant, une deuxième équipe a été  créée et j’étais  l’animateur. J’avais alors 16 ans. Ce mouvement avait pour but d’inciter les enfants à la prière quotidienne, d’assister à la messe le plus souvent possible et de communier régulièrement. Nous devions aussi faire des sacrifices, se priver de friandises, offrir des prières pour les pêcheurs… C’était un mouvement eucharistique. Maintenant cette œuvre existe toujours et s’intitule : Mouvement eucharistique des jeunes (M.E.J.).

En ce qui concerne la paroisse, je me dois de parler d’un curé qui m’a beaucoup marqué. Il s’agit de l’Abbé Jules DENECKER. Arrivé à Pérenchies en octobre 1937, je venais de faire ma communion solennelle et j’étais enfant de chœur. C’était un prêtre imposant par sa stature, exigeant et autoritaire. Mais avec un grand cœur et très sensible sous  son abord rigide.
Il fut curé de la paroisse jusqu’en 1956, année de mon mariage.
Il m’a toujours fait confiance et m’a encouragé, et soutenu dans tout ce que je faisais dans le cadre paroissial. Il m’a dit un jour cette phrase que je n’ai jamais oubliée : «  Mon cher Roger, la paroisse a de la chance de t’avoir. Les prêtres passent, toi, tu restes… et d’ajouter : que de bien tu fais, que de mal tu évites. »

En 1956, une nouvelle période de ma vie commençait. J’épousais Monique… »




En cette période de confinement que notre pays n’a jamais connue depuis des décennies en dehors des guerres, nous avons pensé que notre association pouvait vous présenter chaque jour un document extrait de notre fond documentaire composé de plus de 8 000 photos.
Quand l’occasion se présentera, un petit commentaire suivra la photographie. La page sera publiée chaque jour à partir de 10H.
N’hésitez pas à nous transmettre vos propres commentaires ou informations sur le sujet présenté. Cela permettra de compléter nos connaissances sur Pérenchies et son passé.
Philippe JOURDAN, Président de « Si Pérenchies m’était contée … »  20 mars 2020

Correction et édition : Jean-Pierre COMPERE,  administrateur du Blog