jeudi 2 avril 2020

LE CENTENAIRE DES ETABLISSEMENTS AGACHE EN 1928


Une de nos lectrices, Marie-Paule MONCHICOURT, de Prémesques, nous envoie régulièrement des documents sur l’histoire de notre ville grâce à des recherches en ligne sur le site des Archives du Nord ou sur celui de la Bibliothèque de France par l’application GALLICA. Nous la remercions pour les belles trouvailles qu’elle nous communique.
Elle a trouvé cet exemplaire du Grand Echo du Nord de la France daté du lundi 10 septembre 1928.
Nous l’avons recopié au propre et vous le proposons en y ajoutant des documents en notre possession pour l’illustrer.
N’hésitez pas, comme elle, à nous faire parvenir vos découvertes.
Nous tenons à vous prévenir que certains noms peuvent présenter des fautes d‘orthographe car le journaliste les a commises. Certaines, évidentes, ont été corrigées. D’autres non, par manque d’informations…

Philippe JOURDAN
Président de l’association d’histoire locale « Si Pérenchies m’était contée… »  
31 mars 2020



 
Le buste d’Edouard AGACHE. Années 30. Square rue du Général Leclerc.
Document SPMC numéro 1 229

LE GRAND ECHO DU NORD DE LA FRANCE
Lundi 10 septembre 1928.
BNF (Gallica)

UN CENTENAIRE DANS L’INDUSTRIE TEXTILE
Les Etablissements Agache ont fêté hier, à Pérenchies,
un siècle d’existence.

En 1824, au moment où la transformation économique suscitait partout des entreprises nouvelles, il y eut l’initiative d’un Lillois, M. Donat Agache, qui installait dans la rue du Croquet, un commerce de lins et de fils, qui se transforma, quatre ans plus tard, en une petite filature de lin.
Cette modeste fabrique, au fond du quartier Saint-Sauveur, était le berceau de ce qui devait devenir l’une des premières de ces grosses firmes industrielles qui font la richesse du Nord.
Après vingt ans de prospérité, M. Agache et son associé, M. Droulers, achetaient à Pérenchies en 1849, une petite usine où allait se transporter le centre de la puissance des Agache.
Le centre seulement, car trente ans plus tard l’établissement de Pérenchies s’adjoignait un brillant satellite à La Madeleine-Berkem.
Leur histoire serait un beau chapitre de l’épopée industrielle du Nord ; la place manque ici pour en tenter seulement l’esquisse, et il faut se limiter à citer la prospérité d’avant-guerre, la destruction totale, la reconstitution complète à force d’énergie, l’acquisition de la filature André Saint-Léger à la Madeleine en 1920, et le 16 août 1923, la lourde perte que fut, pour la société, la mort de son chef, M. Edouard Agache, qui avait joué un si grand rôle aussi bien dans la vie économique de la France que dans la modeste vie communale de Pérenchies.
Cent ans se sont écoulés depuis la fondation de la première usine. A cette étape, les successeurs de Donat Agache peuvent s’arrêter un jour pour jeter un regard en arrière, un regard qui aurait le droit d’être orgueilleux, sur les résultats de trois générations de labeur ininterrompu et de persévérance opiniâtre.

L’inauguration du buste de M. Edouard Agache…

 
Edouard AGACHE
(1840-1923)
Document SPMC numéro 626
Sur la place, après le pont qui enjambe la longue voie ferrée monotone et droite jusqu’à Armentières, l’église dresse ses hautes lignes de brique rouge, déjà assombrie par les fumées d’un bourg industriel, près du monument aux morts encore tout blanc de jeunesse.
C’est là que la journée s’ouvre, à 9 heures, par une messe célébrée par M. l’abbé Schabaillie, curé de la paroisse, avec le concours de l’Harmonie et de la Chorale mixte des établissements, que dirigent magistralement M. Doye et M. Six.
Au passage, on fleurit d’une gerbe le monument aux morts, et M. Henri Bouchery, maire, entouré de MM. Lambelin et Charles Lemahieu, adjoints, reçoit dans la maison commune les administrateurs, au nom de qui M. Donat Agache le remercie de sa cordiale bienvenue.



Donat Agache (1882 – 1929)
Document SPMC numéro 645

Henri BOUCHERY
Photo non datée (Bien avant 1928 ?)
Document SPMC numéro 567
Après ces préliminaires, la partie centrale du programme commence à se dérouler à 10H15, avec l’inauguration du buste de M. Edouard Agache.


Inauguration du buste d’Edouard AGACHE le 9 septembre1928.
Document SPMC numéro 648.
Les personnalités présentes.
Sur une placette semée de gravier, en face de l’église, son socle effilé, en pierre de Soignies, jaillit d’un petit parterre de fleurs.
La foule des ouvriers et des curieux l’entoure, derrière M. Donat Agache, président du Conseil d’administration de la firme Agache ; MM. Auguste Agache, Edmond Agache, Charles Bernhard, Jean Delemer, Emmanuel Descamps, Frédéric Descamps, Maxime Descamps, Robert Galoppe, André Saint-Léger, Claude Saint-Léger, administrateurs ; M. Blaise, statuaire, l’auteur du buste ; Mlle Thérèse Agache ; M. L’abbé Schabailly ; Mme René Descamps ; M. André Saint-Léger ;  Mme Donat Agache ; Mme Maxime Descamps ; Mme Edmond Agache ; M. Berr ; Mme Robert Neveux ; M. Sutorius ; M. Robert Neveux ; M. Philippe Galoppe.
M. Boudin ; M. L. Nanceau ; M. Robert Descamps ; M. Dubois ; M. Etienne Droulers ; M. Emile Lambert ; Mme André Saint-Léger ; Mme Emmanuel Descamps ; M. H. Bouchery ; Mme Max Descamps ; M. Paul Pannier ; M. Blaise ; M. Jean Leborgne ; M. Désiré Delevallée et M. Henri Longuépée, deux ouvriers, qui ont plus de soixante ans de présence dans les établissements ; M. Arnold, directeur de l’usine de Pérenchies, et les directeurs des autres usines : MM. Fauquembergue, Lefebvre, Genet, J. Leroy, Joly, Dhaine, Ranson, Grunenberger, ingénieur, etc…


 
Le Personnel de Direction des Ets AGACHE en 1928
Document SPMC numéro 698. Pages 48 et 49.
Livre du Centenaire publié à l’occasion des festivités.

Le voile tombe, découvrant la fine bonhomie du sourire perdu dans la barbe de bronze, au-dessus de l’inscription « Edmond Agache 1841-1923 »

(NDSPMC 2020 : il doit s’agir d’une erreur. Le buste est celui d’Edouard Agache et non Edmond Agache. L’article contient d’ailleurs plusieurs erreurs d’orthographe sur les noms des personnalités !)

-        C’est bien lui, s’exclame une femme derrière nous, avec une admiration où perce l’étonnement.
A l’hommage du bronze s’ajoute celui de M. Lambelin, président du Comité d’érection, et de M. Bouchery, qui prend possession de la statue au nom de la municipalité.

 
Inauguration du buste d’Edouard AGACHE le 9 septembre1928.
Document SPMC numéro 505.
Le président du Comité d’Erection durant son discours.
M. Donat Agache exprime la gratitude de la famille, et l’on va inaugurer, dans la cour de l’usine, la plaque qui commémorera le centenaire de la fondation.
… et de la plaque commémorative du centenaire
Le décor classique d’une cour d’usine du Nord, mais nette et claire, anormalement gaie sous un soleil de septembre, encore proche du zénith. A l’entrée, la Société des trompettes « l’Alliance pérenchinoise » salue l’arrivée des administrateurs, sous la direction de M. Missiaen.

Centenaire des Ets AGACHE le 9 septembre1928.
Document SPMC numéro 649.
L’Alliance pérenchinoise salue l’arrivée des personnalités rue Edouard AGACHE.
Au fond, les Orphéonistes de Pérenchies, l’Harmonie et la Chorale mixte attaquent l’ «Hymne à la Joie », de Bach, lorsque la plaque découverte étale son inscription sur le mur, en larges capitales justement fières de leur annonce : 



1828 – 1928

Le 9 septembre 1928,
le Conseil d’administration des Etablissements Agache fils
et son président, M. Donat Agache,
ont commémoré, à Pérenchies,
le centenaire de la fondation de la société,
en présence de M. Auguste Agache, fils du fondateur,
de M. Henry Bouchery, maire de la commune,
des principaux collaborateurs du Conseil
et des descendants de M. Donat Agache-Taillar.

Le Conseil d’administration.



Le Comité de Direction et le Conseil d’Administration des Ets AGACHE en 1928
Document SPMC numéro 697. Pages 44 et 45.
Livre du Centenaire publié à l’occasion des festivités.

MM. Donat Agache et André Saint-Léger en commentent, en termes heureux, l’éloquente concision.

 
Centenaire des Ets AGACHE le 9 septembre 1928.
Document SPMC numéro 650.
Discours de Donat AGACHE lors de l’inauguration de la plaque du Centenaire sur le mur de l’usine

La plaque du Centenaire était apposée sur le mur intérieur de l’usine sur la conciergerie.
Document SPMC numéro 940. Non daté. Fin 20ème siècle.
Elle a été démontée par les services municipaux et sauvegardée.
Le centenaire de la fondation des établissements Agache se fête aujourd’hui à Pérenchies, mais la plaque qui rappellera la fondation de la Société aurait dû, en toute logique, être fixée au lieu même de la première usine créée par Donat Agache, le fondateur, c’est-à-dire à Lille, rue du Croquet.
Ces deux noms, Agache et Pérenchies, il semble qu’ils ont toujours été unis au cours du long siècle d’efforts industriels poursuivis par quatre générations de la même famille, et pourtant, c’est à Lille, dans une petite usine du quartier Saint-Sauveur, que le fondateur de la firme débuta dans la vie industrielle, puis s’associa à M. Droulers, filateur de coton.
Et les orateurs, dans un vivant exposé, rappellent toute la longue histoire des établissements,  notant tour à tour les modestes débuts, les associations, le prodigieux développement interrompu par la guerre, le calvaire des bombardements, la longue agonie de l’usine, la délivrance, la miraculeuse ascension de la reconstitution, les œuvres sociales qui associent tous les collaborateurs à la foi dans les destinées de Pérenchies.

 
Centenaire des Ets AGACHE le 9 septembre1928.
Document SPMC numéro 1 587.
Vue de l’assistance lors des discours de l’inauguration de la plaque du Centenaire
sur le mur de l’usine AGACHE.
M. Arnold tire parti de l’heureuse occasion qui se présente aujourd’hui, pour rappeler, au nom du personnel, tout le bien que les administrateurs ont fait à leurs ouvriers et à la commune, et leur exprimer la reconnaissance et l’attachement de leurs collaborateurs.


Centenaire des Ets AGACHE le 9 septembre1928.
Document SPMC numéro 1 586.
Discours de M. ARNOLD, Directeur de l’usine de Pérenchies
lors de l’inauguration de la plaque du Centenaire sur le mur de l’usine

La musique et la chorale exécutent la « Marche héroïque », de Saint-Saëns, et l’on gagne le terrain des sports de l’U. S. P. où les administrateurs et la municipalité passent en revue les sociétés locales : de tir et de sauvetage, de trompettes, les deux clubs de chiens de défense, les anciens combattants, les gymnastes de la « Jeanne d’Arc », la chorale mixte, l’Union sportive avec ses animateurs, MM Arnold, Volkemann et Beaurepaire, la Société des jardins ouvriers, de Pérenchies et de Prémesques, le Syndicat agricole, la Société de secours mutuels « La Saint-Mathias ».




Centenaire des Ets AGACHE, le 9 septembre1928.
Document SPMC numéro 1 588.
Donat AGACHE, Henri BOUCHERY, le Maire,  et d’autres personnalités saluent les associations présentes
au stade de football, rue Philippe de Girard
Centenaire des Ets AGACHE le 9 septembre1928.
Document SPMC numéro 651.
Une partie des personnalités lors des festivités au stade AGACHE.

Centenaire des Ets AGACHE le 9 septembre1928.
Document SPMC numéro 652.
Une partie réduite des personnalités lors des festivités au stade AGACHE.

Le banquet
Il est 13 heures lorsque est servi, dans la salle des fêtes des établissements, le banquet de 700 couverts, réunissant les administrateurs, les directeurs, les contremaîtres, les ouvriers comptant plus de 30 ans de services.
M. Auguste Agache, le préside, assis en face de M. Donat Agache, et entouré des personnalités que nous avons citées. L’Harmonie prête son concours  auquel tous les convives s’accordent à rendre un juste hommage.

La salle des fêtes de la rue Gambetta en 1923 à l‘occasion de l’exposition des Jardins Ouvriers.
Document SPMC numéro 857.
A l’heure des toasts, MM. Maurice Agache, Donat Agache et Bouchery, dans des discours tout empreints du caractère familial  de la fête, se louent de la prospérité présente, remercient les artisans du passé et les proposent en exemple à leurs successeurs.
M. Delvallée félicite M. Donat Agache, qui lui remet, ainsi qu’à M. Longuépée, la médaille d’or consacrant leurs soixante années de services, et le président du Conseil d’administration, associant la commune à la fête, annonce que la Société lui fait don d’un terrain pour la création d’un jardin public ; aux sociétés locales, d’une subvention de 100 000 francs.
Mais nous venons trop tard pour annoncer la nouvelle ; elle était trop chargée de sensation pour que tous ne la connussent pas, quelques minutes plus tard, et à 17 heures, au bal de la Grand’Place, à 20h30, au feu d’artifices, Pérenchies la fêta avec entrain.
M. Donat Agache l’avait constaté dans son discours : Agache et Pérenchies, les deux noms ne sont-ils pas étroitement unis depuis de longues années ?
A. Q. 

Quelques documents sur le sujet :

 
Carte postale avant 1914. L’entrée de la Fabrique AGACHE.
Document SPMC numéro 1068

Photographie de la maquette de l’usine AGACHE avant la guerre 1914/1918.
Document SPMC numéro 640
On ne sait pas où elle se trouvait ni ce qu’elle est devenue.

Carte postale durant la guerre 1914/1918. Les ruines de l’usine AGACHE.
Document SPMC numéro 1 137

La reconstruction de l’usine AGACHE. Années 20.
Document SPMC numéro 1 181

La rue du Général Leclerc (à l’époque, rue de Lille) et le square entre 1928 et 1939.
On y voit encore la statue d’Edouard AGACHE.  
Document SPMC numéro 1 215



La rue du Général Leclerc et le square dans les années 50 à 60.
La statue n’existe plus. Elle a été volée lors de la Seconde Guerre mondiale
par les soldats allemands afin de récupérer le métal.
 Le socle restera un certain temps vide avant de disparaître.
En 1936, les ouvriers en grève mettront un foulard rouge autour du cou de l’ancien propriétaire de l’usine.
Document SPMC numéro 1 266


 Texte extrait de la BNF "GALLICA"
LE GRAND ECHO DU NORD DE LA FRANCE


Lundi 10 septembre 1928.





Correction et édition : Jean-Pierre COMPERE, Administrateur du Blog.
Avril 2020.

mercredi 1 avril 2020

Connaissez-vous Pérenchies et son passé ? « A la Petite Belgique ».


En cette période de confinement que notre pays n’a jamais connue depuis des décennies en dehors des guerres, nous avons pensé que notre association pouvait vous présenter chaque jour un document extrait de notre fond documentaire composé de plus de 8 000 photos.
Quand l’occasion se présentera, un petit commentaire suivra la photographie.
La page sera publiée chaque jour à partir de 10H.
N’hésitez pas à nous transmettre vos propres commentaires ou informations sur le sujet présenté. Cela permettra de compléter nos connaissances sur Pérenchies et son passé.

Philippe JOURDAN
Président de « Si Pérenchies m’était contée … »

Document : Pérenchies et son passé numéro 13

Document SPMC numéro 309.
Livraison du charbon au café « A la Petite Belgique ». Non datée. Dernier quart du 20ème siècle ?

Commentaire :
Cette photographie non datée a été prise certainement dans le dernier quart du 20ème siècle. Il s’agit du café « A la Petite Belgique » au croisement de la rue de la Pannerie et de la rue Le Play. Ce quartier porte d’ailleurs le nom de « Petite Belgique ». A la fin du 19ème siècle, l’industrialisation du nord de la France provoque une immigration belge importante. Des villes entières deviennent à majorité belge comme Roubaix, Halluin ou Pérenchies. D’ailleurs, un document montre le prêtre de la paroisse de Pérenchies demandant à l’évêque d’envoyer un prêtre parlant le flamand car il n’arrive pas à se faire comprendre par la population ouvrière de la paroisse. Enormément d’habitants de notre ville ont des ancêtres belges sans le savoir.
Le nom de la rue de la Pannerie montre aussi qu’il existait autrefois dans le quartier une fabrique de pannes qui sont des tuiles.
Le nom de Le Play vient de Pierre Guillaume Frédéric Le Play (1806-1882) qui fut Sénateur sous Napoléon III mais aussi ingénieur et réformateur social.  Catholique, conservateur et paternaliste, à l’image de famille Agache de l’époque, le nom attribué à la rue montre le passé industriel de notre ville comme les rues Jacquard, Kuhlmann, Philippe de Girard et Ampère.
Une livraison de charbon est effectuée pour le café à dos d’homme. A cette époque, de nombreuses livraisons avaient lieu chez l’habitant (pain, produits laitiers, viande, boissons, vêtements, …). C’était aussi une époque où les médecins se rendaient chez leurs patients. 

Philippe JOURDAN (26 mars 2020)

Correction et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog