jeudi 3 juillet 2014

L'entrée en guerre de Pérenchies




Dans un mois, Pérenchies commémorera son entrée en guerre, le 2 août 1914 

Publié le 02/07/2014
PAR DELPHINE TONNERRE
armentieres@lavoixdunord.fr

Le 2 août 1914, Pérenchies entrait en guerre. Cent ans plus tard, l’opération Cent torches, cent flammes va commémorer l’événement. Philippe Jourdan, adjoint au maire et président de l’association Si Pérenchies m’était conté, en explique les raisons et le déroulement.




1. Le contexte
Comme la plupart des villes de l’Armentiérois, Pérenchies n’a pas été épargnée par la Grande Guerre. La ville a été détruite à 80 %. Comment marquer l’entrée dans la guerre d’une manière très visuelle ? Philippe Jourdan a imaginé une soirée chargée de souvenirs et forte visuellement, le 2 août, date de déclaration de la guerre. À la nuit tombée, dans une vasque posée devant la mairie, cent torches portées par des habitants seront réunies. Un événement qui se fera en présence d’une délégation d’Overath, la ville allemande jumelée avec Pérenchies, car le but est aussi d’en faire un temps de recueillement et d’amitié (désormais) entre les peuples.
2. L’idée
Il y a quelques semaines, une cinquantaine de porteurs de torches s’étaient manifestés. Depuis, les effectifs sont au complet. Particuliers, familles, associations… « J’ai mes troupes », sourit l’adjoint. Le principe, c’est que cent individus ou groupes portent une torche, pour symboliser le centenaire de manière forte. La soirée se terminera par un spectacle pyrotechnique (par la société Hamza de Valenciennes).
3. Et ensuite…
D’autres événements sont prévus pour commémorer le centenaire. La guerre a duré jusqu’en 1918. Après ce premier temps fort, Philippe Jourdan en a déjà prévu d’autres. Passionné d’histoire, il a lancé un appel à la population. « Ouvrez vos tiroirs et vos albums, fouillez les greniers, vous avez sans doute des documents qui sont intéressants… C’est le message que nous avons fait passer et vingt-cinq personnes nous ont confié des trésors », explique-t-il. Ce fut le cas par exemple avec le journal de Jeanne Vrolant (lire ci-dessous). Mais aussi avec des photos, des livrets militaires. Il raconte aussi que chaque ville, après la guerre, a eu une ville marraine. Pour Pérenchies, ce fut Lisieux, en raison des liens qui existaient entre l’industriel Agache, qui avait mis à l’abri une partie de son activité là-bas, son outil de production ayant été dévasté à Pérenchies pendant la Grande Guerre.
Toutes ces contributions feront l’objet d’une exposition le 11 novembre. Quand on sait que la ville a mis dix ans après 1918 à se reconstruire, on se doute que Philippe Jourdan a encore une foule de sujets à évoquer.
Les personnes en possession de documents sur la Grande Guerre qui concernent Pérenchies peuvent encore les déposer à la mairie.
Les écrits de Jeanne Vrolant
Pendant la première partie de la guerre, une Pérenchinoise, Jeanne Vrolant, dont on sait peu de choses, si ce n’est que c’était sans doute une jeune fille, a écrit son journal.
Le samedi 10 octobre 1914, elle écrit : « Aujourd’hui, subitement, nous voyons passer une patrouille que nous regardons défiler derrière les rideaux avec le cœur serré. »
Cinq jours plus tard : « Les Anglais, sont, dit-on, au mont Kemmel. Tous les gens des bas et du moulin partent vers une destination inconnue, emmenant leurs petits-enfants, leur linge, leurs vêtements ainsi que leurs bêtes. » Dix jours plus tard, elle décrit les bombardements, « blottis dans la frayeur et l’épouvante ».
En décembre encore, « nous voilà rationnés pour le pain. Ce n’est pas bien juste car on ne mange pour ainsi dire que du pain et des pommes de terre ».
Le lundi 4 janvier 1915 : « L’armée qui occupe maintenant le village est une armée de pillards. Ce sont tous des jeunes soldats de 18 à 20 ans qui viennent se reposer quatre jours puis retournent au feu. Pérenchies est en ce moment en première ligne et on ne délivre plus nulle part de laissez-passer pour notre village. »
Mercredi 6 janvier 1915 : « Hier soir, à cinq heures, les Allemands ont fusillé le gérant de chez Coustenoble parce qu’il avait conservé chez lui, dit-on, un revolver alors qu’il est affiché que toutes les armes doivent être déposées à la mairie. »
Lundi 11 janvier : « D’après l’ennemi, nous voilà maintenant bien Allemands puisqu’il y a aujourd’hui trois mois d’occupation. Aussi, pour fêter leur triomphe, tout le régiment est allé à Lille où il a passé la revue puis ils sont revenus à Pérenchies vers 11 h 30, musique en tête. Ils vont recevoir tous les impôts. »
Le programme de la journée du 2 août
De 21 h 15 à 21h30 : rassemblement des porteurs de torches à la salle des fêtes Maurice-Schumann.
À 22h : défilé des cent torches de la rue Gambetta à la place du Général-de-Gaulle.
Allumage de la flamme du souvenir par le maire de Pérenchies et le représentant de la ville allemande d’Overath.
Lecture du poème 100 ans après, cent flammes. Intervention du groupe des cuivres, descente aux drapeaux, cérémonie patriotique, lecture d’extraits de textes écrits par des habitants et de lettres écrites par des Allemands, intervention chantée par un jeune. Spectacle pyrotechnique.
Attention, la circulation sera modifiée pour l’événement. Des déviations seront mises en place.

Avec l'aimable autorisation de la rédaction de la Voix du Nord d’Armentières et de la journaliste auteur dudit article Delphine TONNERRE.

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