jeudi 17 mai 2018

PIETRALUNGA – PERENCHIES, 20 ans d’amitié.


Patrice SANSOVINI, un des  membres  de notre association d'histoire locale a relaté son voyage à Piétralunga dans le cadre du jumelage avec notre ville.
Voici ci-après le récit de son voyage.

17/05/2018
Jean-Pierre COMPERE
Administrateur

                                                                   

« Samedi 14 avril 2018
Après un long voyage, je suis heureux de revenir à Pietralunga pour mon 5ème déplacement en tant qu'accompagnateur d'une délégation pérenchinoise.
Présent à la signature en 1998, Je n’étais plus revenu depuis 2003.
 
Vue sur Piétralunga, un petit village italien médiéval en haut d'une colline.
Sur la route montagneuse qui mène à notre ville jumelle, les collines de l’Ombrie sont baignées de Soleil mais la végétation n’est pas avancée, preuve qu’ici aussi, l’hiver a été long et rude.
A Pietralunga, tout commence et tout fini piazza del 7 maggio, c'est à dire la place du 7 mai.
Quand nous arrivons, en fin de matinée, nos hôtes sont là. Pas tous ! Certains sont en retard. Nous sommes en Italie…

L'arrivée sur la place du village de Piétralunga.
A droite, la vieille tour de garde. Au fond, l'église. Entre les deux, la mairie.

Pour les habitués,  nous retrouvons  nos  amis et nos connaissances.
Pour d’autres, c’est l’heure  de faire connaissance avec les  logeurs et de prendre la direction des différents lieux d'hébergements dans les familles.
A peine installé, beaucoup d’entre nous sont invités à la visite du centre médiéval de notre cité jumelle.

 
La visite de Piétralunga dans les vieilles rues médiévales.
Patrick Dupire, Odile Bauet et les membres de l'Orchestre bavarois comptent les marches.


Vue de Piétralunga. En bas, la rue de Pérenchies.


Le premier rendez-vous officiel est à 17h, à la mairie.
Le maire de Pietralunga, Mirko Ceci, porte la médaille de la confrérie de la Tarte à Prônes de Pérenchies afin de faire honneur à notre ville.


Le Maire de Piétralunga porte le cordon de la confrérie de la tarte à Prônes de Pérenchies.


Dans la salle d'honneur de la mairie de Piétralunga ont pris place les représentants du conseil municipal,
du CFIP et de l'Orchestre bavarois de Pérenchies

Dans son discours, il évoque  Mario Faggianelli, à l’initiative du jumelage et les maires successifs des deux communes .
Il demande d’applaudir   Ivano Polidori et Didier Pira, les signataires de la  charte de jumelage.
Il  remercie Alessio Brunelli et Julia Alunni pour le travail réalisé pour la réussite de ce  20ème anniversaire. Pour lui, le véritable ciment du jumelage, ce n’est pas la charte elle même mais les familles et les liens crées pendant ces 20 années passées.
Il  souligne que l’histoire, le labeur  des habitants , la sincérité et l’amour pour sa propre  ville sont nos  dénominateurs communs.
Enfin, il confie que « Le jumelage est un antidote contre l’isolement.»
Madame Danièle Lekien, maire de Pérenchies, prend alors la parole et rappelle l’événement qu’a été ce jumelage il y a 20 ans à Pérenchies. Elle insiste sur les liens d’amitié  qui se sont créés et  tissés durant toutes ces années. Elle signale que si les majorités municipales changent, le jumelage, lui, se poursuit. Celui-ci construit la citoyenneté européenne et, notamment pour les jeunes.
Au nom de tous les membres de la délégation française, elle termine en remerciant  chaleureusement toutes les familles d’accueil, à Piétralunga et à Pérenchies, qui durant toutes ces années ont fait vivre le jumelage.

Le discours de Mme Lekien traduit par Patrice Sansovini

 En face de nous, les anciens maires, Messieurs Begnini, Polidori et Sborzacchi et Mario Fagianelli,  très attentifs, semblent être un peu comme les « gardiens du temple ».

 
Les anciens maires de Piétralunga et Mario Fagianelli, à l'origine du jumelage franco_italien
Un joli tableau représentant la vieille ville est offert à la ville de Pérenchies tandis qu'un plateau gravé est remis à la ville de Pietralunga.
Un pot clôture la cérémonie. Plusieurs produits locaux garnissent les tables pour le plus grand plaisir des participants.

 
Le tableau offert à la ville de Pérenchies par la ville de Piétralunga
A 20h, il est temps de retrouver le bar, « le red dragon Pub », où se déroulera la soirée bavaroise,  version « Pietralunga ». Ce bar moderne est décoré comme un café du nord de l’ Europe. Le repas se compose de jambonneaux et de patates frites (avec la fameuse patata de Pietralunga qui fait l’objet de la fête annuelle du mois d’octobre).
Chose étonnante pour les visiteurs français. Pas de pâtes !

 
La soirée bavaroise. On remarque, au loin, les 5 couleurs des 5 quartiers de la ville de Piétralunga


En milieu de soirée, les hommes de l’orchestre bavarois, mené par Rudy, sortent les instruments des housses et assurent l’ambiance, façon Carnaval de Dunkerque. 
Les clients du bar et nos hôtes sont conquis. Quelle ambiance !

Dimanche 15 avril 2018
Il fait gris...
Nous avons rendez-vous à 9H, sur la place du village. Pas de grasse matinée.
Nous prenons alors la direction du musée NATURALISTICO (de la nature), dans la colline de   Candeletto pour une visite privée. Notre guide explique la faune, la flore et la végétation des collines  autour  de Pietralunga. Des animaux empaillés animent des reconstitution des différents  milieux naturels.
Les noms des espèces d’animaux et d’arbres donnent du fil a retordre aux traducteurs pérenchinois.

A 11H, c'est «santa messa», la messe dominicale qui, pour une fois ne se déroule pas dans l’église principale. En effet, des travaux y sont  en cours  suite à plusieurs petites secousses de tremblements de terre de ces dernières années. La célébration a donc lieu dans l'église de la Madonna dei Rimedi, en bas de la ville. Cette église du 13eme siècle, rebâtie au 16ème, était déjà  connue  au temps de saint François d’Assise.
Les premiers rangs sont réservés a la délégation pérenchinoise.
Le prêtre, en fin de cérémonie, nous présente la communauté paroissiale. Il est très heureux que nous soyons si nombreux pour cette célébration et nous en remercie.
Nous croisons Carlo Montanari, le ténor, membre de la chorale paroissiale, qui  nous questionne   sur  la commémoration du centenaire qui aura lieu en  novembre 2018 à Pérenchies. Il sera l’ invité du  cercle franco- italien de Pérenchies et nous en sommes très heureux.
Après la messe, nous nous répartissons dans les quelques bars du village, des lieux incontournables de la vie italienne où nous prenons l'apéritif.
Après le déjeuner dans les familles, l'après-midi est libre mais plusieurs personnes se retrouvent à  Gubbio, à 20km de Piétralunga.
Gubbio est une ville médiévale, magnifique, connue pour sa fête religieuse en mai durant laquelle se déroule la course des cierges géants. Chaque quartier de la ville se retrouve derrière une équipe qui porte les couleurs de son quartier. L'objectif est de traverser la ville le plus rapidement possible tout en transportant un immense cierge en bois aussi grand qu'un arbre.
Piétralunga a aussi sa course traditionnelle. Une charrette est poussée dans les rues du village. 5 équipes portant les couleurs des 5 quartiers de la ville s'affrontent/ C'est le Palio. L'équipe gagnante remporte un oriflamme et l'hommage de la ville entière. 

 
Piétralunga. Fête du Palio. 

Gubbio est  aussi le lieu de tournage d’une série très connue sur  la télévision italienne, la RAI. Il s'agit de «DON MATTEO» dont l’acteur principal joue le rôle d'un prête. Depuis 11 saisons, c'est le célèbre Terence Hill qui a le rôle principal.
 
La visite de la ville de Gubbio
A 19H, le concert de l’Orchestre bavarois se déroule dans la nouvelle école primaire inaugurée l’an dernier.
Quelques minutes avant le concert, Madame le Maire et l’adjoint aux finances de Pérenchies ont droit a une visite privée des lieux par Alessio, le premier adjoint.
Durant le spectacle, un medley joué par l’orchestre,en forme de clin d’œil et inspiré de la variété italienne, est très apprécié par l'auditoire.


Les « Bavarois », prêts à jouer.
Des Français en Italie jouant de la musique bavaroise ! C'est l'Europe !

Pour clôturer cette journée, un repas est pris à la cantine de l’ école. Celui-ci est très convivial. Et en plus, il y a des pâtes !
La soirée est un peu plus sage que la veille car nos hôtes travaillent le lendemain.

Lundi 16 avril 2018
Le programme est chargé sous un soleil printanier.
Ce matin est prévue la visite de l’entreprise «Giuliano Tartuffi». Dès le parking, l’odeur de la truffe nous envahit déjà.
Giuliano est un Pietralungais de pure  souche qui a vite compris qu’ il pouvait investir dans  la truffe. Celle-ci abonde autour de  la ville et est donc l'une des spécialités de Pietralunga . Son entreprise est florissante. Il travaille avec l’Europe entière et, notamment, avec la France.
Lors de la visite, c'est lui qui donne les explications en français.
Comme pour tout produit fragile, des mesures sanitaires sont obligatoires et il nous faut revêtir une blouse en papier.

 
La visite de l'entreprise Giuliano Tartuffi impose quelques contraintes sanitaires
bien respectées par Florence Capelli et M. et Mme Zannier du CFIP
ainsi que de Jean-Yves Cros, adjoint au Maire de Pérenchies

Le groupe de Pérenchinois passe au milieu des machines et des ouvrières. En effet, le personnel est composé à 100% de femmes. Elles  conditionnent la truffe en bocaux, sous vide, à l’huile, en sauces, ...
Une vente de produits termine la visite mais celle-ci n'est pas vraiment terminée. Giuliano a dressé une table pour una colazione, la collation : foccacia, vin rouge et charcuterie.
Il souhaite alors nous montrer comment les chiens truffiers travaillent dans la colline. Malheureusement, ce sera pour une autre fois car nous n’avons pas le temps.
La coopérative de la Patate de Pietralunga (consorzio della Patata) nous attend.
C'est la deuxième spécialité de la ville. Alessio, le 1er adjoint, en est le co-dirigeant.
Il nous explique le fonctionnement de ce consorzio, de la récolte des plants à l’élaboration de produits à base de pomme de terre (crème de jour  pour les dames,  vodka, ...).
Après la visite, comme de vrais Italiens, c’est la pause de midi avec arrêt au bar, terrasse au soleil, prosecco offert par la municipalité de Pietralunga puis le retour en famille pour le déjeuner.
L’après-midi, avec plusieurs véhicules, nous prenons des sentiers de montagne pour monter entre 800 et 900m d’altitude. A Monte Valentino, dans une ancienne bâtisse complètement rénovée, les propriétaires fabriquent une liqueur à base de cerises griottes : il sollucchero.
Ils nous expliquent la fabrication et nous font descendre à la cave. A la sortie, c'est la traditionnelle dégustation de la liqueur et des gâteaux typiques.
La vue est magnifique ! 180° de collines et de bois. Pour ceux qui peuvent encore en profiter !

 
Monte Valentino.
Toute la délégation française. A gauche, le premier adjoint italien.
 
La journée n'est pas terminée. Une dernière visite est prévue en centre-ville : une petite fabrique familiale, la «Ranco» qui produit de  la crème à la noisette, le « Nutella » local.
La journée prend fin par le dernier rendez-vous du séjour. A 20H, tout le monde se retrouve dans la cantine de l’école pour le dernier repas en commun.
Nos amis nous ont préparé une surprise. Matteo, un jeune accordéoniste, anime la soirée au son de chansons traditionnelles italiennes. Quelques membres de la chorale locale entonnent la Pasquella, un chant traditionnel de Pietralunga.
Daniel Balloy entonne en réponse l’hymne de la tarte a prône repris en choeur par notre groupe.
En fin de soirée, ce sont les discours de clôture : Serge Moutiez, président du CFIP, Daniel Balloy, adjoint au Maire chargé entre autres des jumelages, Danielle Lekien, notre Maire, Mario Faggianelli, Anna Domenici et Alessio pour le conseil communal .

 
Les discours de clôture.

Emotion, joie et un sentiment général de contentement traduisent ces trois jours d 'échanges et d'amitié passés ensemble.
Beaucoup de nos amis italiens souhaitent venir ou revenir  à Pérenchies. Le futur Grand Spectacle 2019, une production de l'OMCL, suscite déjà  un engouement.
Le dernier intervenant, Ivano Polidori, l'ancien maire qui a signé la charte en 1998, nous fait part de sa satisfaction de voir un   jumelage qui se porte bien et qui n’ a pas perdu son esprit, même 20 ans après.

Mardi 17 avril 2018
Les consignes de l’adjoint aux jumelages sont strictes. Le rendez-vous est fixé à 6h30 sur la piazza pour le départ. Pas de dérogation possible !
Nous n’avons pas envie de repartir. Une journée supplémentaire ne serait pas de trop. De plus, il va faire beau !
Mais, il y a un temps pour tout.
Nous prenons congé de nos amis et intégrons le mini bus qui nous emmène à Perugia où l'avion doit décoller. Pour limiter les dépenses communales, chacun a payé sa place. 
Pour le minibus de Pérenchies,  l'heure est aussi venu de prendre la route avec les instruments de musique. La route se fera avec une étape dans le Jura où Daniel Balloy possède une petite maison  familiale. La  longue route  du retour sera ainsi atténuée.


Le départ de Piétralunga du mini bus pérenchinois
qui transporte les instruments de musique et quelques volontaires.

La flamme de l’amitié et de la convivialité s’éteint momentanément.
Elle se rallumera sûrement en novembre prochain, à Pérenchies, pour la commémoration du centenaire de la fin de la Première Guerre Mondiale avec la présence d'une petite délégation de cette bonne ville de Piétralunga ».

Animation du dernier soir
  

Au café avec les Bavarois



Petite collation en extérieur.
Voici quelques documents trouvés dans notre fond documentaire sur le jumelage franco-italien :


A l'occasion des 120 ans de l'Harmonie Agache, 120 Italiens de Piétralunga et de Montone
participent à l'anniversaire. Cette venue lancement les bases du futur jumelage franco-italien.
Document SPMC numéro 3 160. Bulletin municipal d'avril 1993.

Monsieur Didier Pira, maire de Pérenchies et les deux maires allemand et italien.
Entre 1996 et 2001. Document SPMC numéro 2 930.

L'entrée de la ville de Piétralunga (Italie) jumelée avec Pérenchies (France) et une ville grecque.
Septembre 1998. Document SPMC numéro 3 161.

Réception en mairie de Pérenchies avec le maire italien de Piétralunga en 2008.
Document SPMC numéro 5 974.

L'amitié franco-italienne. Les drapeaux des deux pays.

Photographies et texte de Patrice Sansovini, membre du CFIP (Cercle franco italien de Pérenchies) et membre de l'association d'histoire locale « Si Pérenchies m'était contée....
Relecture, ajout de quelques photos et mise en page par Philippe Jourdan, président de SPMC.
Mise en forme informatique : Jean Pierre Compère
17 mai 2018


dimanche 6 mai 2018

Notre patrimoine a une nouvelle pièce à son actif


Régulièrement, notre association d'histoire locale « Si Pérenchies m'était contée... » essaie, dans la limite de ses possibilités financières, d'acquérir des documents sur le passé de notre ville lorsque l'achat est raisonnable.
Un nouveau document a ainsi rejoint notre fond documentaire.
Le voici :

Une nouvelle carte postale de la première guerre mondiale acquise par notre association
 Il s'agit du parc du château Jeanson qui se trouvait avant la guerre 1914/1918 sur le début de la rue de la Prévôté du côté des chiffres impairs.
Les Pérenchinois le nommaient château des tourelles à cause des deux grandes tours qui encadraient la façade de devant.

 
Le château Jeanson avant 1914. Carte postale SPMC numéro 1 041.


Sur un des côtés du parc se trouvaient le presbytère, peut-être une salle de réunion de jeunes filles  et l'église Saint Léger.
Sur la carte, on voit des soldats allemands qui sont sans doute des officiers car on devine un sabre porté par l'un d'entre eux. Près de l'un se trouve un chien, peut-être un berger.
Ils se promènent derrière le château dont on découvre, au loin, une des tourelles qui donnaient du côté de la rue de la Prévôté.
Les belles demeures étaient attribuées aux officiers. Les soldats, eux, étaient logés dans les maisons ouvrières.
Le château Agache, quant à lui, servit de mess pour les officiers allemands.

Robert Becquart raconte, qu'un jour, il entendit dans le château Jeanson un orchestre qui jouait de la musique pour des officiers. C'était juste avant que des obus anglais ne s'abattent sur la ville.

Une partie de l'étang qui décorait le parc est visible. Il occupait l'emplacement du début de la future avenue Kemmel qui sera construite dans les années 20/30, de l'actuelle maison paroissiale et de cette rangée de maisons très originale.

Le château appartenait à la famille Jeanson, des industriels textiles dont l'usine se trouvait à Armentières.

L' actuelle rue du Nord ne portait pas ce nom. C'était tout simplement un chemin qui donnait accès à une entrée secondaire du parc pour y ranger les véhicules du château. Il est possible que des remises s'y trouvaient...
Le parc du château Jeanson avant 1914. Carte postale SPMC numéro 1 005.

  
Installation du curé Vancostenoble le 25 avril 1903.
A gauche, le presbytère, la salle pour les réunions paroissiales de jeunes filles 
et le parc du château Jeanson.
Carte postale SPMC numéro 1 004


Georges Vanhée, né en 1899, a décrit notre ville avant 1914. Il évoque le château Jeanson :

«à  la place de la mairie actuelle se trouvait un café. A droite de la rue de la Prévôté, il y avait une boulangerie et une maison de religieuses qui s'occupaient de l'église et des indigents....
A gauche de la rue, à partir de la place, là où se trouve l'actuel monument aux morts il y avait le presbytère, une salle occupée par les sœurs puis le château de la famille Jeanson. Il n'y avait pas d'avenue Kemmel. Le parc du château s'étendait jusqu'à la voie du chemin de fer et descendait jusqu'à la rue du moulin. La rue du Nord était une impasse avec entrée vers le parc puis pas de changement jusqu'à la rue du moulin, aujourd'hui la rue Jules Drumez ».



Le château Jeanson appelé le château des tourelles avant 1914.
Carte postale SPMC numéro 1 023.


Antonin Février, le jardinier du château Jeanson et son épouse Eugénie Michiot, gouvernante. 
Avant 1914.
Document SPMC numéro 3 167.

Durant la guerre, les Pérenchinois devenus soldats écrivaient à leurs familles mais aussi à Mme Agache ou à Mme Jeanson. Celle-ci leur répondait par une carte portant sur un côté une prière et une petite médaille. De l'autre côté, le texte qu'elle adressait témoigne encore de l'esprit de l'époque :

« Merci mon cher ami de votre aimable et intéressante lettre.
Nous envoyons notre souvenir bien affectueux et espérons bien que votre santé va continuer à se maintenir.
Bon courage et bonne confiance en attendant des jours meilleurs.
Mme Jeanson ».  

Soeur Marie Elisée de la congrégation d'Angers raconta en 1919 ses souvenirs de l'occupation. Elle y évoque, elle aussi, le château Jeanson :

« quant à sœur Séraphine, sœur André et moi-même, nous étions dans notre maison d'oeuvres de la rue de la Prévôté, continuant à nous occuper de l'église et des ouvriers autant que nous le pouvions. Le 13 novembre 1914, un vendredi, le temps était sombre ce jour-là. Nous avions été sœur Séraphine et moi éteindre les veilleuses à l'église puisque les Allemands regardaient, comme des signaux, toute lumière paraissant tant soit peu au dehors.
A notre retour à la maison, deux de nos jeunes filles, attachées au service de Mme Jeanson, causaient avec sœur André. Elles avaient besoin d'être réconfortées, étant seules avec les Allemands qui remplissaient le château.
Après leur départ, nous nous mîmes à fermer hermétiquement portes et fenêtres. Nous commençâmes la méditation du soir. J'étais encore à genoux  lorsque, tout à coup, un obus vint éclater là où nous étions... ».


Ruines de la guerre 1914/1918. La rue de la Prévôté et, à gauche, le château détruit et le parc saccagé.
                                                                      Carte postale SPMC numéro 1 144.


Le château Jeanson en ruines après la guerre 1914/1918.
Carte postale SPMC numéro 1 145.

Jeanne Vrolant, dont on a retrouvé une partie de son journal intime, évoque également le château Jeanson :

« Dimanche 13 décembre 1914.
Nous partons aux vêpres. Un obus tombe dans le jardin Jeanson, brisant une grande partie des vitraux de l'église d'où une panique épouvantable ».






La guerre 14/18. La rue de la Prévôté et à gauche le parc Jeanson.
Carte postale SPMC numéro 1 157.

 
Le château Jeanson en ruines.
Carte postale SPMC numéro 1 178.

Cette belle demeure sera entièrement détruite et ne sera pas reconstruite au lendemain de la guerre 14/18.
Dès le retour des premiers habitants, des baraquements y seront installés en attendant la reconstruction de la ville.

La rue de la Prévôté après la guerre 14/18. 
Des baraquements ont été construits à l'emplacement du parc Jeanson afin d'accueillir les habitants 
qui reviennent après la guerre dans une ville presque entièrement détruite.
Carte postale SPMC numéro 1 166.

Par la suite, le terrain deviendra un parc qui aujourd'hui porte le nom d'un autre industriel : Donat Agache.  


La rue de la Prévôté au début des années 30. A droite, un parc public remplace le parc Jeanson.
Carte postale SPMC numéro 1 217.




Le jardin public a remplacé le parc Jeanson.
 On voit, derrière, l'avenue du Kemmel qui vient d'être construite.
Carte postale SPMC numéro 1 218.


La famille Jeanson fut très impliquée dans la vie de Pérenchies et dans les œuvres paroissiales. En 1904, Charles Jeanson était le maire de la ville.



Charles Jeanson. Photographie non datée.
Document SPMC numéro 3 142.

Signature de Charles Jeanson. 
Registre des naissances clos en 1910. 
(Sources : Archives municipales de Pérenchies)

 Charles Jeanson qui possédait une usine textile à Armentières habitait Pérenchies. Il fut le maire de notre commune de 1904 à 1912.

Les maires de Pérenchies :
Jusqu'en 1904 : Louis Décottignies.
De 1904 à 1912 : Charles Jeanson.
A partir de mai 1912 : Henri Bouchery.

Essai d'arbre généalogique de Charles Jeanson :

Grands-parents de Charles JEANSON fils
Louis JEANSON (1809 – 1894) épouse la fille d'un entrepreneur armentièrois.

Parents de Charles JEANSON fils
Charles JEANSON (1843 - 1908) épouse Sophie FLAYELLE (1842 – 1925).

Frères et sœurs de Charles JEANSON fils
       Louis Jeanson né en 1871. (Il épousera une fille Fauchille).
       Elvire Marie Louise Joseph née en 1873.
       Charles Edmé Marie Joseph JEANSON fils (1874 – 1930).
        Louise Marie Camille née en 1875.
       Edouard Jeanson Auguste Joseph né en 1877.

Femme de Charles JEANSON fils
Marthe Marie Camille DEHAU (1876 – 1921).
Mariage à Bouvines le 19 avril 1897.

Enfants de Charles JEANSON fils et de Marthe DEHAU
       Charles Jeanson (1898 – 1942).
       Paul Jeanson (1899 – 1931).
       Pierre Jeanson (1899 – 1980).
       Félix Jeanson (né à Pérenchies en 1909. Décédé en 1990).

Acte de naissance de Félix Jeanson :
Né à Pérenchies le 3 mars 1909 à 7H du soir.
Père : Charles Edmé Marie Joseph Jeanson. 34 ans. Manufacturier. Habite 3 rue de la Prévôté à Pérenchies.
Mère : Marthe Marie Camille Dehau. 32 ans. Née et mariée à Bouvines.

Acte rédigé le 4 mars 1909 en mairie par le père devant Jules Drumez, adjoint au Maire.
Félix se mariera à Paris le 19 décembre 1932 avec Monique Françoise Louise Jeanson.

Acte de naissance de Félix Jeanson signé par Jules Drumez, adjoint au maire de Pérenchies en mars 1909.
(Sources : Archives municipales de Pérenchies)


Histoire et origines de la famille JEANSON :
Les Jeanson qui seraient originaires d'Irlande se seraient fixés en France dans la région de Chartres.

On trouve par la suite un Nicolas Jeanson, notable à Troyes, conseiller de la ville et échevin. Il y meurt le 16 janvier 1692. La famille exerce alors la profession de marchand-drapier.

Au milieu du 18ème siècle, suite à un mariage, le père d'Edmé Jeanson se fixe à Ay, petit ville de Champagne.

Edmé, face à la situation médiocre, entre dans l'administration napoléonienne et se trouve affecté à Livourne puis à Cassel dans le nord de la France. Il épouse Marie Thérèse Françoise MICKIELS, née à Anvers en 1786.

Leur fils, Louis JEANSON (1809 – 1894) épouse la fille d'un entrepreneur de roulage d'Armentières. Il fait un doctorat en pharmacie et s'installe à Armentières.

De cette union naîtra Charles Jeanson père (1843 – 1908) qui épouse Sophie Flayelle (1842 – 1925). Celui-ci est le fondateur de l’usine Jeanson d'Armentières.
En 1875, la société Desplanques-Jeanson a acquis un tissage mécanique de toiles appartenant à M. et Mme Theeten qui l’avaient monté et agencé en 1854.
Cette usine, d’une superficie d’un peu plus de 1 ha, se situe entre les usines Breuvart et Mahieu.
Les plans du cadastre de 1888 montrent un bâtiment de tissage, un autre pour le générateur et la machine à vapeur, un pour des écuries, et enfin un bâtiment de bureaux. Le plan monumental du début du XXe  siècle montre une usine à l’architecture mêlant les ateliers de production avec un étage, composés de toits en shed et des bureaux composés de pierre de taille et de briques avec des fenêtres en chiens-assis au niveau des combles.
 
Facture des Ets Jeanson à Armentières au début du siècle.
(Sources Internet)

Vers 1910, ayant pris la succession de leur père, les fils Jeanson (dont Louis et Charles fils) décident de construire un grand bâtiment pour la filature de lin.

En 1914, l’usine dispose de 500 métiers mécaniques et de 4 000 broches.

La guerre 1914/1918 va stopper le développement de l'entreprise. Si la ville n’est pas directement attaquée, elle est sous le feu des bombardements durant près de trois ans. La ligne de front est en effet à 6 kilomètres, au nord et à l’est de la ville, près de Frelinghien.
Petit à petit, au rythme quotidien des bombardements, les maisons et les usines sont détruites.
Les usines encore debout continuent de produire avec plus ou moins de régularité un peu partout dans la ville comme les tissages et filatures Jeanson (rue d’Ypres et Point-de-Nieppe).

En 1915, les Jeanson déménagent définitivement. À la suite des premiers bombardements, 200 métiers et 2 500 broches de filature sont transportés à Serquigny (Eure) et à Condé-sur-Noireau (Calvados).
Ces deux usines fabriquent alors des toiles pour avion, des bâches pour hangar, des tuyaux pour les pompiers de Paris et les toiles nécessaires au génie et à l’artillerie. Elles emploient alors 1 800 ouvriers venus pour la plupart d’Armentières.

Entre réquisition et bombardements, la production d’Armentières est à l’agonie en 1917 et les usines de la ville désertées.

 
Photographie de l'usine Jeanson à Armentières détruite durant la guerre 14/18
(Sources Internet)

Partiellement détruit, le bâtiment est utilisé comme atelier de bobinage et de finition de toiles.
À proximité du front, l’usine est endommagée puis remise en état très rapidement. Elle est la première à remettre ses machines en route.

Suite au décès de Louis Jeanson Fauchille, son frère Charles Jeanson Dehau dirige la société jusqu’en 1930.
Le groupe est alors scindé en deux : Louis Jeanson, fils de Louis Jeanson Fauchille, garde l’usine d’Armentières et les descendants de Charles Jeanson Dehau gèrent les usines de Normandie.

En 1973, l’entreprise "Coisne et Lambert" prend la tête de l’usine d’Armentières jusqu’à la cessation d’activités et la démolition des bâtiments en 1985.


Philippe JOURDAN
Président de « Si Pérenchies m'était contée... »
Mise en page  : Jean-Pierre COMPERE.
6 mai 2018.