mardi 19 mai 2020

Connaissez-vous Pérenchies et son passé ? Les bigophones et les fêtes d’antan.

Document : Pérenchies et son passé numéro 53


La société des Bigophones.
Document SPMC numéro 4 809


Commentaire :
« Cette société se nomme les Bigophones. Je me demande si la bannière ne portait pas aussi la mention de «Carré d’As» ?
C’était une société pérenchinoise formée pour faire la fête.
Les membres étaient costumés en sortes de Pierrots et en cartes à jouer et vêtus de blanc. Ils utilisaient un petit instrument de musique sur lequel était tendu un papier de soie. En soufflant dessus, on faisait vibrer la membrane qui émettait un petit son. Tout le monde pouvait donc en jouer. De faux instruments accompagnaient la troupe pour faire caisse de résonnance comme on peut le voir au premier plan de la photographie. Deux de ces objets nous ont été offerts et gardent la trace du passé des fêtes d’antan.
Il y avait tout de même quelques tambours provenant de la clique de la société de gymnastique de la Jeanne d’Arc ou des autres groupements musicaux de la ville.
Ecoutons Marcel DEVOS évoquer ses souvenirs de fêtes à Pérenchies ».

Mes souvenirs des fêtes à Pérenchies dans les années 30
Marcel Devos. (janvier 2000)
« Pour la Sainte-Catherine et la Saint-Nicolas, nos parents nous offraient des sucreries, personnages en chocolat ou en sucre. C’était aussi le rituel envoi des cartes postales. C’était à celui qui en aurait reçu le plus et je me souviens qu’à l’école, on se demandait l’un, l’autre, combien on en avait et l’on entendait souvent cette phrase : «  si tu m’en envoies une, je t’en envoie une autre ». Un peu plus tard, les jeunes de la J.O.C. (Jeunesse Ouvrière Chrétienne), nous nous réunissions chez un copain pour faire un peu la fête avec quelques gâteaux, une tarte et quelques verres de vin. On finissait toujours par des chansons…

Noël était la grande fête familiale. Chez moi, le soir du 24, en attendant la messe de minuit, on se réunissait dans la pièce du milieu car il y faisait plus chaud et pendant que maman confectionnait la fameuse coquille, nous regardions les photos de famille et chantions quelques chants de Noël. Après la messe où il y avait foule pour écouter le fameux « Minuit Chrétien », nous mangions la coquille avec une tasse de chocolat.
Avant d’aller se coucher, on n’oubliait pas de pendre nos chaussettes et de préparer une assiette de carottes pour le baudet du Père Noël. Le lendemain matin, les carottes avaient disparu et dans les chaussettes, nous trouvions coquilles et oranges.
Le midi, c'était le repas en famille avec un menu plus élaboré que les autres jours.
Toutes ces fêtes que nous avons passées en famille sont restées gravées dans ma mémoire et si ce n’était pas comme maintenant de grands réveillons, elles nous ont laissé des souvenirs inoubliables.

Le jour de l’an, après avoir assisté le matin à la messe, nous partions, mon père, mon frère, ma sœur et moi-même présenter nos vœux aux oncles et tantes qui habitaient Prémesques par tous les temps et à pied bien entendu. Maman restait à la maison pour recevoir les membres de la famille qui pouvaient venir. Nous mangions des gaufres et buvions du café pour nous réchauffer. Vers onze heures, nous revenions à Pérenchies et nous allions chez une vieille tante de mon père et là, nous buvions une bonne tasse de bouillon. Après le repas, nous continuions les visites. Maman nous accompagnait alors. Le soir, très tard, nous revenions à la maison, bien fatigués mais aussi l’estomac lourd d’avoir mangé gaufres et pâtisseries.

A Pâques, on allait à la messe pour écouter l’harmonie avant le repas familial. Nous recevions des sucreries et des chocolats que nos parents disposaient sur des assiettes (des cloches, des moulins,…).Il y avait fête alors dans la rue Agache. L’harmonie Agache y défilait ainsi que les trompettes et parfois le géant Cambrinus ou le Baudet d’Estaires qui jetait de l’eau. Je me souviens des présidents des commerçants de cette rue, entre autres Albert Valembois et Albert Desrumeaux. Celui-ci avait fait venir une fois les musiciens du 43ème R.I. pour donner un concert. Comme il pleuvait à torrent, ils s’étaient réfugiés dans un ancien local où Maurice Boudry entreposait son charbon.

Le premier mai, à Pérenchies, il y avait le défilé des syndicats, et la J.O.C. et la J.O.C.F. y participaient, drapeaux en tête. Plus tard, il y eut, à la mairie, des remises de médailles aux ouvriers de chez Agache.
Fin mai, c’était la fête des mères avec une réception municipale et le fameux concours de bébés. Les mamans étaient fières de présenter leur enfant et elles étaient très déçues lorsqu’il n’avait pas de prix. La ligue ouvrière chrétienne organisait ce jour-là un défilé en l’honneur des mamans avec le concours de la municipalité.
En juin, c’était la kermesse des écoles privées.

Pour le 14 juillet, il y avait un grand défilé avec toutes les sociétés et les enfants des écoles. Pour leur participation, les enfants recevaient des friandises. L’après-midi, il y avait des fêtes dans les quartiers et l’harmonie, les trompettes et la chorale donnaient un concert sur un podium qui changeait tous les ans de quartier pour faire profiter tous les cafés de la commune. Il y avait beaucoup de personnes qui se déplaçaient. Souvent, la grande ducasse avec jeux et manèges tombait dans ces jours de fêtes. C’était d’ailleurs les grands congés avant 1936 car nous avions 4 jours de repos du samedi au mardi. C’était formidable !

Le jour de la Toussaint, il y avait moins de fleurs sur les tombes qu’aujourd’hui. Les compositions étaient faites en général par les Pérenchinois. Il y avait beaucoup de monde dans le cimetière. Après les vêpres, un cortège s’y dirigeait avec le curé de la paroisse qui passait avec les enfants de chœur dans toutes les allées pour bénir les tombes. Puis, c’était la veillée en famille. On pensait aux parents décédés et on mangeait des crêpes. Ce jour-là, les cloches de l’église sonnaient toutes les heures à la volée pour nous rappeler nos disparus.

Dans beaucoup de maisons ouvrières, au temps de ma jeunesse, on trouvait deux pièces dont la cuisine où l’on passait une grande partie de sa vie. Il y avait la pièce de devant comme on l’appelait. Dans celle-ci, on ne pouvait pas y aller car c’était sacré. Elle ne servait qu’aux grandes manifestations familiales ou quand on recevait des amis. On était fier de les y accueillir. Cette pièce était toujours propre.

Les jeunes de la ville organisaient souvent des représentations théâtrales qui attiraient beaucoup de monde. Celles-ci se déroulaient en la salle des fêtes de la rue Gambetta ».


Philippe JOURDAN (2 mai 2020)



En cette période de confinement que notre pays n’a jamais connue depuis des décennies en dehors des guerres, nous avons pensé que notre association pouvait vous présenter chaque jour un document extrait de notre fond documentaire composé de plus de 8 000 photos.
Quand l’occasion se présentera, un petit commentaire suivra la photographie. La page sera publiée chaque jour à partir de 10H.
N’hésitez pas à nous transmettre vos propres commentaires ou informations sur le sujet présenté. Cela permettra de compléter nos connaissances sur Pérenchies et son passé.
Philippe JOURDAN, Président de « Si Pérenchies m’était contée … »  20 mars 2020

Correction et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog

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