jeudi 16 avril 2020

La reconstruction de Pérenchies après la guerre 1914/1918 par le GRAND ECHO DU NORD ET DU PAS DE CALAIS


Une de nos lectrices, Marie-Paule MONCHICOURT, nous envoie régulièrement des documents sur l’histoire de notre ville grâce à ses recherches en ligne sur le site des Archives du Nord ou sur celui de la Bibliothèque de France par l’application GALLICA.
Nous la remercions pour les belles trouvailles qu’elle nous communique.

Après un article sur le Centenaire des Ets AGACHE, elle en a trouvé un autre dans le Grand Echo du Nord et du Pas de Calais, daté du mercredi 16 avril 1919.
Le texte est écrit dans le style de l’époque. Nous l’avons recopié au propre et vous le proposons.
Pour faciliter sa lecture, on a ajouté des documents en notre possession pour l’illustrer. Il est à savoir que le texte du journal n’était pas accompagné de photographies.

Certains noms peuvent présenter des fautes d‘orthographe car le journaliste les a commises. Certaines, évidentes, ont été corrigées. D’autres non, par manque d’informations…

Vous aussi, n’hésitez pas à nous faire parvenir vos découvertes.

Philippe JOURDAN
Président de l’association d’histoire locale « Si Pérenchies m’était contée… »  
16 avril 2020


La reconstruction de Pérenchies vers entre 1918 et les années 20 .
Construction de baraquements provisoires pour accueillir la population de retour d‘exode.
Lieu non déterminé. Document SPMC numéro 3 111

LE GRAND ECHO DU NORD ET DU PAS-DE-CALAIS
Mercredi 16 avril 1919
BNF (Gallica)

Les étapes de la reconstitution
PERENCHIES ou la hâtive Renaissance
Cette commune martyre s’est refaite ……. (illisible) …….peu commune. Cités de bois sur ruines de pierres, elle est, aujourd’hui, l’une des premières dans le travail  réparateur.

Chacun de nous connaît l’admirable vitalité, l’indomptable volonté, la géniale intelligence des fourmis qui, dans une existence obscure, ont ordonné leur habitat et leurs mœurs avec une police et une logique que peuvent leur envier les plus modernes républiques humaines….
Qu’un coup de bêche ou de soc de charrue vienne à bouleverser leur cité souterraine de galeries et de chambres laborieuses, aussitôt dans l’ordre le plus parfaitement rétabli, la colonne, un moment émue, se remet courageusement au travail sur les lieux mêmes du cataclysme, et s’emploie, avec un dévouement et une solidarité exemplaires, à reconstituer ses demeures et les installations de son gouvernement…

      
La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
La rue Gambetta. Document SPMC numéro 1 111

La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
La rue Carnot. Document SPMC numéro 1 126

Les populations du Nord de la France sont, en tous points, comparables à ces insectes que la nature a animé de sa lumineuse idée créatrice : ceux qui, comme nous, ont parcouru les régions dévastées du Nord et ont vu leurs habitants revenus à la hâte et se hâtant bien plus encore dans le travail réparateur, ne pourront qu’affirmer la véracité de cette comparaison ; et si le parallèle comporte quelques distances dans les proportions, on admettra que le spectacle offert par nos campagnes, à l’heure actuelle, est l’image agrandie de la fourmilière ou de la ruche qu’un coup brutal et inconscient du destin a ravagées et meurtries.
Dans ce renouveau, que le printemps actuel soulignera bientôt, il est des coins de notre terre qui se désignent à l’attention par la spontanéité de leurs reviviscences…
Des exemples sont à donner et nous n’en voulons pour preuve que l’admirable effort de la commune de Pérenchies.


La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
La mairie provisoire, rue Carnot. Document SPMC numéro 3 114

PERENCHIES ECRASEE SE RELEVE ET REVIT 
Pérenchies, riant village de la plaine grasse que l’on traverse pour se rendre à Armentières, et qui comptait aux jours paisibles 3 943 habitants, n’est plus qu’un amas de briques et de poutres déchiquetées… ; dans la rafale quasi-quotidienne du front, car les tranchées boches et anglaises se faisaient vis-à-vis dans les confins de son territoire, tout a sombré : usines, église, mairie, rues bourgeoises et ouvrières. Des vastes établissements de la Société Anonyme de Pérenchies, ou filature de lin Agache, qui occupaient 4 000 ouvriers, il ne reste que des ruines cyclopéennes : le château de MM. Agache, les habitations riantes de MM. A. Clayes, Dancoisne, V. Dartois-Gallois, L. Déprez, Jeanson-Dehau, Turbelin, Lebrun ; la tannerie J. Drumez, la brasserie veuve Lambelin-Lesage, la fabrique d’huile Déprez ; les fermes Coquelle, Delannoy, Dubus, Marescaux, Castryck, étalent la détresse de leurs murs écroulés et de leurs poutres calcinées ; dans la périphérie, les enclos et les installations agricoles ont disparu, et plus loin, alors, la terre offre les blessures profondes et confuses que lui ont faites les obus aux heures chaudes de la lutte.


La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Le pont provisoire et les ruines de l’église. Vue prise de la rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc)
Document SPMC numéro 1 128

La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
La rue de la Fabrique (actuelle rue Edouard Agache)
Document SPMC numéro 1 140
… Néant de la plaine, chaos des ruines, sinistres paysages !
Et dans cet anéantissement, où la brutalité des querelles humaines s’affirme à chaque pas, aujourd’hui, quelques mois à peine après la fuite des barbares, des paysans viennent d’arriver, qui rentrent d’un exil douloureux, et qui, sans tarder, se sont mis à l’ouvrage pour rechercher leurs biens épars et refaire la maison des jours heureux, la ruche aux heures harmonieuses !...
A la tête de ces hommes de bonne volonté se profile la figure énergique du maire, M. Bouchery, lequel, actuellement directeur d’une usine à Lisieux, vient tous les dix jours à Pérenchies pour jeter le coup d’œil du maître dans les affaires de la commune. Aidé dans sa tâche d’administrateur, par le secrétaire de la mairie, le garde champêtre et le surveillant des travaux de réfection agricole, M. Bouchery est tout joyeux de montrer au touriste la renaissance hâtive de sa commune.


Henri BOUCHERY, Maire de Pérenchies
Document SPMC numéro 686

Par-dessus toute cette œuvre généreuse planent le dévouement et la grâce de Mme et de Mlle André Saint-Léger ; ces deux dames ont, dès la libération, apporté des secours pour les premiers habitants qui revenaient au foyer détruit. Chaque jour encore, elles sont à Pérenchies pour diriger la répartition des denrées de la Coopérative ouvrière et agricole qu’elles y ont fondée, et c’est ce spectacle réconfortant que de les voir, toutes deux, empressées auprès de tous ces malheureux rapatriés qui ont tant besoin de douceurs…
Des baraquements, qui, pour la plupart ont été amenés par la « Commission For Relief in Belgium » et la « Duryéa Association », comité des dames américaines de la Croix-Rouge, présidé par Mme la maréchale French, s’élèvent maintenant un peu partout dans la localité martyre ; ces coquettes demeures font un instant oublier les catastrophes voisines d’autant plus que la vie familiale s’y manifeste joyeuse et bruyante : des rires d’enfants fusent dans le rythme cadencé des marteaux sur l’enclume…



La reconstruction de Pérenchies  entre 1918 et les années 20 .
Construcion de baraquements pour  l’accueil de la population qui revient d’exode.
Lieu non déterminé.
Document SPMC numéro 3 112

Mme André Saint-Léger a aussi créé, dans une grange réfectionnée, une « hostellerie, où la soupe fume, appétissante, de grand chaudrons reluisants et ventrus ; ici, sur des tables de bois blanc récuré, tout comme au temps chaleureux des auberges campagnardes, on sert, trois fois par jour, le repas copieux aux ouvriers de la reconstitution. C’est alors, dans le décor de cette salle, une scène qu’auraient peinte les Jordaens ou les Van Ostade. Images toujours renouvelées de la vieille Flandre…

Mme Marguerite SAINT-LEGER
Document SPMC. Livre du Centenaire des Ets AGACHE de 1928


Projet de construction de la future Cité Marguerite SAINT LEGER. Dessin de l’architecte. Années 20.
Document SPMC numéro 743

La cité Marguerite SAINT LEGER est terminée. Les habitants font leurs jardins. Années 20.
Carte postale SPMC numéro 1 131

Grâce à ces concours désintéressés, aux nombreux dons des dames américaines, de M. André Saint-Léger, du Comité de Ravitaillement, Pérenchies renaît et vibre. Demain, comme par le passé, la petite ville s’animera du passage des chariots lourds de récoltes plantureuses et du va-et-vient des ouvriers de sa vaste filature reconstruite….

Albert-Jean LEGRAND
LE GRAND ECHO DU NORD ET DU PAS-DE-CALAIS


La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Rue Gambetta prolongée. La chapelle provisoire et, devant, le garde champêtre.
Document SPMC numéro 3 115

La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Une boucherie provisoire dans les ruines propose sa viande alors que le boucher, 
dans l’embrasure de la porte, aiguise son couteau. Lieu non déterminé.
Document SPMC numéro 3 116


La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Le ravitaillement. Lieu non déterminé.
Photo venant de la famille LANGLART. Il est possible que ces personnes sont de cette famille ?
Document SPMC numéro 3 117

La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Le ravitaillement. Lieu non déterminé.
Document SPMC numéro 3 118

La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Marcel, Gustave, Marie et Désiré LANGLART sur le côté d’un baraquement
qui se trouvait rue Edouard Agache. Vers 1920.
Document SPMC numéro 3 121

La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Baraquement qui se trouvait rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc), près du square. Vers 1925
Document SPMC numéro 3 122

La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Septembre 1920. Construction des Ets DESPATURE-COUSIN Fils.
Actuelles Place des Anciens Combattants ou Place Paul DESQUIREZ.
Document SPMC numéro 3 127
La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
Des ouvriers au travail. Document de M. DEBRUYNE. 
Document SPMC numéro 6 723

La reconstruction de Pérenchies entre 1918 et les années 20 .
La menuiserie TIXIER. 1922
Document SPMC numéro 484
A suivre la semaine prochaine : La reconstruction de Pérenchies dans le livre du centenaire des Ets AGACHE de 1928.



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Philippe JOURDAN
Si Pérenchies m’était contée…
67, rue Jean MOULIN
59840 PERENCHIES



Correction et édition : Jean-Pierre COMPERE, Administrateur du Blog.
16 avril 2020

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