jeudi 17 novembre 2016

De Popoli à Pérenchies

L'appel de notre président Philippe JOURDAN semble avoie été entendu.
En effet, cela fait deux fois en une semaine que nous pouvons publier les souvenirs d'enfance de pérenchinois.
Nous espérons que d'autres personnes suivront leurs traces et nous enverront leurs souvenirs dont nous sommes friands pour relater l'histoire de nos concitoyens.

17/11/2016
Jean-Pierre COMPERE
Administrateur



                                                          AUGUSTO SANSOVINI


Augusto SANSOVINI

Récit de M.  Augusto SANSOVINI que nous a transmis son fils Patrice avec l'aide de Florence CAPPELLI

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Rien ne me prédestinait à m’installer dans le Nord de la France.
J’avais travaillé deux ans en Allemagne du Nord, à Lubeck, sur la mer Baltique, dans les chantiers navals, et au sortir de la guerre, la république Italienne, nouvellement créée, se rappela à mon bon souvenir en me demandant de faire mon service militaire à Trieste comme garde-frontière, puis à Naples .
Une fois le service terminé, j’avais envoyé un dossier pour pouvoir repartir travailler en Allemagne, qui avait besoin de main-d’œuvre pour sa reconstruction. En attendant, je continuais à travailler dans
les briqueteries alentours de Popoli , ma ville (Chieti, Carsoli près de Rome, Roseto sur l’Adriatique)Ce travail était saisonnier, m’occupait de mars à octobre. Je travaillais avec mon père Aurelio, et avec mon frère Ugo.

Son quartier de Popoli

Les années passaient, et pas de nouvelles de ma demande en Allemagne. J’ai compris, des années plus tard , que le dossier était bien revenu avec l’accord, mais mes parents l’avait détruit pour éviter que je parte du cadre familial. A Pâques, 1957, je rencontre Mr Nicola Di-Battista, un voisin et ami, qui était déjà installé à Pérenchies depuis un moment, et, dans la discussion, il me demande si je suis intéressé pour venir en France. Il me racontait qu’il y avait du travail à chaque coin de rue et la France était demandeuse de main-d’œuvre. A Pérenchies , il y avait une briqueterie qui cherchait des ouvriers surtout avec du savoir-faire : c’était l’usine Despatures Cousin. Lassé de redémarrer une énième saison, je lui ai dit que ça m’intéressait, Nicola rentra en France et quelques semaines plus tard, je recevais une convocation pour me présenter au centre d’immigration de Pescara. Il faut dire que Nicola était très actif auprès des Italiens de la région, bien implanté à Pérenchies et bien introduit dans l’arrondissement de Lille, auprès des autorités économiques, municipales, préfectorales et consulaires...Suite au feu vert donné par les autorités médicales, je reçois quelques semaines après un contrat de travail en bonne et due forme, et une convocation pour me présenter chez Despatures à « Pérenkies » (prononcé à l’italienne).
Ugo avait décidé de prendre le même chemin que moi. Début juin 1957, nous voilà partis : Pescara, Milan par le train ; dans ce train, il y avait beaucoup de jeunes gens qui partaient à l’étranger, Belgique, Allemagne, Suisse, et France.
Arrivés à Milano Centrale, la gare monumentale de Milan, nous nous rendons au centre d’immigration, où l’on nous sert un repas chaud, et nous devons repasser une visite médicale avec un médecin Français, Il était exigeant, visitait tout. Sur 200 personnes, la moitié seulement ont eu le tampon « apte » pour venir en France. Pour nous c’est feu vert, Nous pouvons continuer le voyage, direction la France, nous arrivons à Reims, tard dans la soirée, la correspondance pour Lille est partie, nous sommes seuls dans la gare.
Le chef de gare qui, devait fermer la gare, a compris que nous n’avions pas d’argent pour aller à l’hôtel et nous propose de dormir dans le dépôt des bagages fermé à double tours. Le lendemain, nous reprenons le voyage. Arrivés à Lille, c’est un cheminot qui nous mets dans le train pour« Pérenkies », (son aide et sa gentillesse, c’est la première image sympathique de cette Région du Nord). Nous arrivons à Pérenchies en début d’après-midi. Puis, direction ruelle des Cousins, où nous retrouvons les Silvestri, ce qui nous réconfortait, car les parents, et les enfants, étaient nos voisins avant-guerre à Popoli.
Ils nous conduisent au château Despatures , dans le bureau du médecin. On y installe des matelas, nous étions agréablement surpris.
Chez Despatures , nous avons retrouvé des italiens du pays, et fait connaissance avec d’autres, notamment des frioulans.
J’ai travaillé comme cuiseur, pendant 4 ans, toujours de nuit.
En 1961, je décide de demander une augmentation de salaire à Mr Despastures, il refuse, je lui dit que je m’en vais, il me réponds tu peux partir.
J’entre à Ugine Kuhlmann à Saint André, toujours grâce à Nicola, qui travaillait là. C’est un métier nouveau, la chimie industrielle.
J’ai fait différents postes, surveillé des mélanges de toutes les couleurs, des acides, nitrates, et engrais, à doser, surveiller des cadrans de pression pour éviter des accidents graves (l’usine était une usine classée Seveso)
Je me suis marié en 1965 avec Marie-Jeanne Millevylle, qui habitait déjà rue Henri Bouchery, où j ai acheté la maison lorsque la société Agache les a mis en vente, j’ai eu un fils Patrice en 1966.
Ces années 60/70, étaient des années heureuses dans une France qui travaillait et s’amusait aussi.
Je n’ai jamais eu l’intention de retourner au pays, trop bien ici.
J’ai toujours fait la route en bicyclette, de Pérenchies à St André, été comme hiver, par beau temps comme par temps de neige. Pendant plusieurs années je n’ai pas pris de congés et toujours privilégié le travail de nuit pour gagner plus. Le plus important pour moi était LE TRAVAIL.
Ugine Kuhlmann devenu Rhône Poulenc, après 1981, est en déclin, nationalisée en 1983, je pars en préretraite (aujourd’hui, il ne reste plus rien qu’un énorme terrain vague).
A peine retraité, il y a des élections au Cercle Familial des Italiens de Pérenchies, Maria Di-Battista élue présidente me demande de faire partie du bureau. Je suis élu au CA. Je deviens Secrétaire.
Au club, Je retrouve des amis, je fais mieux connaissance avec d’autres Italiens que je connaissais peu. Ces années du cercle étaient formidables de camaraderies, de convivialité, j’avais plaisir à m’investir. Les soirées spaghetti étaient cultes. Le mieux était le samedi soir, les parties de pétanques l’été, et de cartes l’hiver, se terminaient à 1h-2h du matin. (je me souviens il y avait Toni Bernabeo, mon ami disparu trop tôt, Raffaele, Franco, Mario, Alfonso, Felice, Giuseppe, Francesco Silvestri ,Gino..) ma femme appelait ça « ma ducasse ».Dans les années 90, beaucoup sont partis au club de pétanque, et j’ai suivi le mouvement. J’ai arrêté le cercle en 1993, quand il prenait déjà d’autres orientations, jumelage, et une nouvelle équipe franco italienne.
Aujourd’hui, je suis les activités du nouveau CFIP, c’est différent, autre chose mais je suis content qu’il perdure, qu’il attire du monde, quelques-unes de ses activités m’intéressent encore."""""


Augusto a toujours un bon coup de fourchette

Monsieur SANSOVINI fait partie du Cercle Franco Italien de Pérenchies.
A l'occasion du 40ème,anniversaire de celui-ci, nous vous donnons ci-après quelques photos qui nous ont été aimablement prêtées par Didier DELIGNE





















1 commentaire:

  1. Figlio di Popolesi5 décembre 2022 à 09:38

    Bonjour, Ha ba ca, alors ! Je suis tombé un peu tardivement et par hasard sur votre site et je reconnais immédiatement sur la photo de Popoli, l'immeuble blanc au centre de l'image (via Constantini + corso Gramsci).
    C'était aussi le quartier de ma famille (Bucci, De Benedictis). Ma mère habitait juste en face dans une ruelle (Vicolo) perpendiculaire.
    Vie très difficile surtout à partir de 1943 pour les "Poposeli".
    De grands bosseurs, plein de courage, beaucoup ont du quitter leur village ...
    Je vous écris depuis Lille.
    Ciao

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